Vendredi dernier, et sans fournir le moindre début de preuve, l’administration Obama a affirmé par la voie d’un communiqué conjoint du ministère de l’intérieur et de la direction des renseignements que la Russie était à l’origine des cyberattaques qui ont visé le camp démocrate, en particulier avec le piratage des e-mails du Comité national démocrate (DNC). Le gouvernement américain entretient ainsi l’hypothèse qui veut que la Russie aide actuellement la campagne de Donald Trump, par le truchement de Wikileaks qui poursuit cette semaine ses révélations sur Hillary Clinton.
Le communiqué est intervenu le jour-même où l’organisation de Julian Assange débutait la publication de milliers d’e-mails de John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton, qui mettent en lumière un double-discours entre les déclarations publiques de la candidate et ses explications privées.
La Russie, qui avait déjà qualifié les accusations de « foutaises », regarde les choses entre amusement, fierté et agacement. « Ils ont commencé cette hystérie, en disant que ce [piratage] est dans l’intérêt de la Russie. Mais ça n’a rien à voir avec les intérêts de la Russie », a assuré le président russe Vladimir Poutine lors d’une conférence à Moscou, relayée par Reuters.
C’est plaisant pour nous, mais seulement en partie parce que tous les participants abusent d’une rhétorique anti-Russe
« Il y a une dizaine d’années, ils n’auraient même pas mentionné la Russie, parce que ça n’en valait pas la peine, une telle puissante régionale de troisième rang, aucun intérêt du tout. Mais maintenant la Russie est le problème numéro un dans toute leur campagne. Tout ce qu’ils font c’est de parler de nous. Bien sûr, c’est plaisant pour nous, mais seulement en partie parce que tous les participants abusent d’une rhétorique anti-Russe et empoisonne nos relations bilatérales ».
Poutine n’hésite pas cependant à utiliser politiquement les révélations de Wikileaks. Guidées ou non par la Russie, elles ne sont pas pour lui déplaire. « Tout le monde parle de qui l’a fait. Mais est-ce important ? », demande-t-il. « Le plus important c’est ce qu’il y a dans ces informations ».
Le précédent de la Corée du Nord
Lundi, Washington a indiqué que Barack Obama envisageait des représailles contre la Russie. « Le président dispose de toute une gamme de réponses et en choisira une qui sera adaptée. Il est tout à fait possible que le président choisisse une option que nous n’annoncerons jamais », a déclaré Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche.
La même accusation et la même menace de représailles avaient été formulées contre la Corée du Nord au moment du piratage de Sony Pictures, devenu une affaire d’état. Mais l’accusation contre la Corée du Nord n’a jamais convaincu, à commencer par les services français qui l’avaient prise avec beaucoup de circonspection.
Faute d’éléments de preuve, il serait prudent de prendre les accusations contre la Russie avec la même distance.
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