Face aux violences que connaît le pays après l’annonce de la réélection de Bongo, le Gabon n’a plus internet. Une mesure certainement prise pour tenter d’endiguer les protestations.

Après plusieurs jours de tensions liées à l’élection présidentielle, le Gabon a basculé mercredi dans des violences létales à l’annonce des résultats contestés qui donnent le président sortant Ali Bongo Ondimba vainqueur (49,8 %) contre son concurrent Jean Ping (48,23 %). Le quartier général de l’opposant à Libreville a été attaqué la nuit dernière, faisant au moins deux morts et 19 blessés selon Jean Ping, tandis que ses propres partisans se transforment en émeutiers.

« Outre au siège de Jean Ping, des violences localisées et des pillages étaient relevés dans d’autres quartiers populaires. Des jeunes dressaient des barrages improvisés. De petits groupes tentaient d’attaquer la télévision publique et l’Assemblée nationale d’où s’élevait dans la soirée un panache de fumée. Des témoins joints par téléphone rapportaient également des violences à Port-Gentil, la capitale économique de ce petit Etat pétrolier d’Afrique centrale », rapporte ainsi Le Monde.

C’est donc certainement pour tenter de désorganiser les appels aux rassemblements, et d’éviter la propagation d’informations qui peuvent ajouter de l’huile sur le feu, que les autorités ont décidé mercredi de couper totalement l’accès à internet.

https://twitter.com/Fax1g/status/771143834503933952

Le site RIPE.net, qui surveille l’état du réseau dans le monde, montre également une chute brutale du nombre d’adresses IP déclarées dans le pays, ce qui est le signe que des routeurs ont été coupés.

ripe

Cette tactique de coupure totale de l’accès à internet fut observée pour la première fois lors des printemps arabes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. On la retrouve désormais employée dans de nombreux pays en proie à des violences, par exemple récemment au Cachemire indien, ou même en anticipation. Ainsi en avril dernier, le Tchad avait coupé Internet le jour l’élection présidentielle, pour éviter que des accusations de fraudes ne puissent être véhiculées et conduire à des violences.

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