Mise à jour : le cabinet M&M nous a contacté pour démentir l’information selon laquelle il aurait proposé à PriceMinister d’intervenir moyennant le paiement d’un sponsoring. Selon lui, il n’y a aucune corrélation entre le choix des intervenants, qui est décidé en concertation avec le président du colloque (le député Jean Dionis du Séjour), et les sponsors.

Article du 9 février 2011 – « C’est quoi la ligne éditoriale de @numerama , la désinformation ? Tu te sens bien dans tes pompes en racontant autant de conneries ?« . L’attaque est rude. Elle vient d’Edouard Barreiro, chargé de mission TIC et porte-parole de l’UFC-Que Choisir, qui nous reproche notre article qui affirmait lundi que « seuls les lobbys qui payent pouvaient débattre » de la neutralité du net lors des Rencontres Parlementaires sur l’Economie Numérique. L’association de consommateurs faisant partie des participants de la première table ronde, l’UFC s’est sentie visée. Et puisque nous nous sentons très mal dans nos pompes lors que nous racontons des conneries (ce qui nous arrive parfois et ce que nous assumons toujours), et puisque la désinformation est l’exact contraire de ce nous essayons de faire sur Numerama, rétablissons la vérité, et aiguisons notre point de vue.

Contrairement à ce que notre article laissait entendre, d’après les informations de PriceMinister qui révélait avoir été sollicité pour « être intervenant » moyennant le paiement de 10 à 15 000 euros, tous les intervenants n’ont pas eu à payer. Seuls ceux qui étaient sponsors ont versé une somme dont le montant est négocié avec l’organisateur. Pour cette première table ronde, Alcatel-Lucent et France Télécom Orange étaient sponsors. Ni la Sacem, ni l’Hadopi, ni l’UFC-Que Choisir n’ont déboursé un centime, et l’on nous assure que tous les points de vue ont été exprimés dans un débat très équilibré. Voilà qui est rétabli, et nous nous excusons platement de cette erreur, auprès de nos lecteurs, et auprès des acteurs visés.

Le problème que nous souhaitions dénoncer n’est cependant pas que tous les participants aient eu à payer. C’est un problème beaucoup plus global de la manière dont s’organise le lobbying en France, avec la caution des parlementaires et du gouvernement.

Comme nous le soulignions lundi, ces « Rencontres Parlementaires » ont été organisées par une société privée, la société M&M Conseil, qui a une double casquette. Elle est à la fois organisatrice de colloques, ce qui lui demande de trouver des sponsors pour financer l’évènement, et cabinet de conseil en lobbying. Comme la plupart de ses concurrentes. Or en tant qu’organisatrice, M&M est libre de choisir les intervenants, d’en faire venir certains gratuitement, d’en solliciter d’autres en échange du paiement d’un sponsoring, ou d’en refuser certains. Il y a donc confusion des genres et possible conflit d’intérêts lorsque l’organisateur du colloque est aussi un cabinet de lobbying, et qu’il compte parmi ses clients ou prospects des acteurs qui peuvent exiger que tel ou tel groupe d’intérêts ne soit pas représenté. Il y a problème aussi lorsque certaines sociétés privées peuvent s’offrir une présence aux tables rondes auxquelles sont invités les décideurs politiques, alors que les petites entreprises ou associations n’ont pas cette possibilité. On imagine aussi que les sponsors peuvent avoir leur mot à dire sur les intervenants.

La confusion des genres est d’autant plus dérangeante que sur ses plaquettes, M&M Conseil affirmait que les « 2ème Rencontres Parlementaires du Numériques » étaient « organisées » par le député Jean Dionis du Séjour. Comme si le député était à l’initiative du colloque, et qu’il était le décideur des intervenants. Comme si le Parlement cautionnait le fait que ceux qui payent aient une chance beaucoup plus importante de pouvoir s’exprimer, ou que d’autres soient exclus pour ne pas fâcher un client du cabinet organisateur.

Dans l’entourage du député, on affirme qu’il était simplement convenu que Jean Dionis du Séjour préside les Rencontres, pas qu’il soit désigné comme organisateur sur la plaquette. Mais l’abus de langage ne semble pas choquer outre mesure, d’autant que l’élu a tout de même participé à des réunions préparatoires. Les députés voient même d’un certain fatalisme l’organisation de tels colloques par les cabinets de lobbying, parce que le Parlement n’a pas les moyens notamment logistiques d’organiser de tels évènements. Les cabinets de lobbying s’engouffrent donc dans la brèche, sans que ça ne soit (presque) jamais dénoncé.

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