À quelques jours de la publication attendue du dernier décret de la Hadopi, le secrétaire général de la Haute Autorité est revenu sur plusieurs sujets liés à la riposte gradué. Evoquant l’offre légale, il estime que celle-ci ne pourra se développer sans d’abord une réduction notable du piratage. Et si c’était plutôt l’inverse ?

Le secrétaire général de la Haute Autorité risque d’attendre longtemps. En effet, dans un entretien accordé aux Echos, Eric Walter a accepté de revenir sur l’avancement du dispositif Hadopi, à quelques jours de la publication attendue du dernier décret du texte, qui doit préciser la procédure devant la Commission de protection des droits (CPD).

Questionné sur l’avenir improbable de la carte musique jeune, le secrétaire général a élargi sa réponse à une réflexion plus générale sur l’offre légale. Car même s’il considère que ce dispositif (la carte musique jeune) est un « thème périphérique à Hadopi« , il n’en demeure pas moins que la Haute Autorité s’intéresse aussi au développement de l’offre légale.

« […] Dans Hadopi, il y a diffusion des œuvres, donc nous intégrons une réflexion sur l’offre légale. Nous allons mettre en place des laboratoires de travail avec les acteurs du secteur. On critique beaucoup l’offre légale mais, aujourd’hui, d’iTunes à Spotify, en passant par Deezer, elle est déjà très satisfaisante » a souligné dans un premier temps Eric Walter.

Cependant, pour aller encore plus loin dans le développement de l’offre légale, encore faut-il que le piratage des œuvres cesse. C’est du moins une des conditions à respecter pour y parvenir, a-t-il estimé : « nous allons chercher à l’améliorer mais, évidemment, il faut dans un premier temps faire cesser le pillage. Je suis persuadé que l’offre légale pourra se développer quand le self-service général sur les œuvres cessera« .

Cette position n’est pas sans rappeler celle de Pascal Lechevallier, actuellement responsable du service Vidéo à la demande de TF1. Questionné sur le prix de location des épisodes actuellement en vigueur, le patron du site web avait considéré que la grille tarifaire était un peu trop élevée, mais qu’il n’était pas vraiment responsable.

« Evidemment, on est très soucieux de tenir compte de l’avis de nos internautes et de nos clients, et d’optimiser le prix de vente. Malheureusement, on est quand même assez concurrencé par le piratage, et aujourd’hui on est en dessous des volumes qu’il faudrait atteindre pour pouvoir baisser le prix de vente. Plus l’offre légale se déploiera et plus on aura de clients, plus on pourra jouer sur le prix de vente« .

Sur le développement de l’offre légale face au piratage, la Commission européenne avait eu le raisonnement inverse. Selon l’exécutif européen, c’est une offre légale attractive qui constituera la meilleure réponse au téléchargement illégal. Et pour cela, il est primordial que les ayants droit ne passent pas leur temps à s’inquiéter du piratage.

« Pour que de tels modèles commerciaux se développent, il n’est pas forcément nécessaire de légiférer si tous les acteurs concernés coopèrent sur une base contractuelle. La disponibilité d’une offre en ligne légale, vaste et attrayante apporterait aussi une réponse efficace au piratage » avait noté Bruxelles.

« Par exemple, l’Europe compte des éditeurs puissants mais des plates-formes en ligne plus compétitives sont nécessaires. Cela exige des modèles commerciaux novateurs – permettant d’accéder à du contenu, contre paiement, de plusieurs façons – qui garantissent un juste équilibre entre le revenu des détenteurs de droits et l’accès du grand public au contenu et aux connaissances » avait terminé la Commission.

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