C’est en apparence un comble. Jamais le piratage n’a été autant dénoncé par l’industrie du cinéma, qui attend la mise en route de l’Hadopi avec les dents acérées d’un Bela Lugosi interprétant Dracula. Et pourtant jamais depuis près de vingt ans les salles de cinéma n’avaient accueilli autant de monde. 201 millions de spectateurs en 2009, et le début de l’année 2010 est déjà prometteur.

Ne pensez pas que l’effet psychologique de l’arrivée programmée de Hadopi y est pour quelque chose : le constat est mondial. Les recettes du box office ont augmenté d’un tiers en quatre ans aux Etats-Unis, et l’Observatoire européen de l’audiovisuel vient tout juste de publier des résultats qui révèlent que les recettes brutes des salles dans l’Union européenne ont atteint le niveau record de 6,27 milliards d’euros, en progression de près de 12 % par rapport à 2008. La production audiovisuelle européenne, signe de l’optimisme des studios, continue aussi de progresser.

Voilà pourquoi les exploitants des salles de cinéma sont très inquièts que l’offre légale puisse s’améliorer en France, et freinent des quatre fers. Ils savent que le piratage, qui n’altère pas le porte-monnaie de leurs clients, ne leur est pas défavorable. Alors que la VOD payante pourrait être incompatible avec la souscription aux abonnements illimités et l’achat de places de cinéma à des prix toujours plus importants.

Selon une étude réalisée en ligne par Médiamétrie pour AlloCiné, dont La Tribune publie les principaux résultats, 58 % des spectateurs interrogés ont au moins une fois téléchargé illégalement ou obtenu par d’autres voies illicites une copie de film (52 %) ou de série TV (44 %). Chez les 15-24 ans, la proportion de pirates grimpe à 84,2 %, et elle reste une majorité (58 %) chez les spectateurs les plus assidus. 76 % des personnes interrogées qui piratent disent également aller autant au cinéma qu’avant.

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