Avec les milliards de requêtes auxquelles il répond chaque jour, Google est dans une position unique pour orienter les utilisateurs vers certaines opinions politiques plutôt que d’autres. Officiellement il ne le fait toutefois pas, assurant que ses algorithmes restent neutres (ce qui est impossible). Mais doit-il vraiment rester neutre lorsque les internautes réalisent des recherches qui peuvent les conduire vers des appels au djihad ?
Interrogé sur ce point par le parlement britannique, Google a fait savoir qu’il allait mettre en place une expérience pilote pour apporter des résultats spécifiques à ceux qui s’intéressent peut-être d’un peu trop près à l’État islamique. Sa filiale YouTube mettra davantage en avant les vidéos de contre-propagande, et Google affichera gracieusement des liens publicitaires vers les associations ou sites officiels qui proposent des contre-discours face aux djihadistes.
Que les gens puissent trouver une communauté d’espoir
« Nous devons retirer [d’internet] les choses qui sont mauvaises, mais il est aussi extrêmement important que les gens puissent trouver l’information qui est bonne, que lorsque les gens se sentent seuls, lorsqu’ils vont en ligne, ils trouvent une communauté d’espoir, et pas une communauté du mal », a ainsi expliqué Anthony House, le directeur des relations publiques de Google, lors d’une audition par une commission parlementaire chargée d’étudier les moyens de lutter contre l’extrémisme.
« Cette année, nous allons lancer deux programmes pilotes. L’un pour s’assurer que ce type de vidéos se trouve plus facilement sur YouTube. L’autre pour s’assurer que lorsque les gens recherchent des termes qui peuvent causer préjudice dans notre moteur de recherche, ils trouvent aussi ce contre-discours ».
L’idée semble proche des messages de prévention affichés lorsque des internautes recherchent des informations sur le suicide. Le moteur de recherche affiche en priorité le numéro de téléphone de l’association SOS Amitié :
Une recherche sur « partir en Syrie » affiche également une publicité pour le site Stop-Djihadisme mis en place par le ministère de l’Intérieur :
Gagner la guerre de la communication
On ne sait pas encore si l’initiative annoncée par Google est uniquement britannique ou mondiale. Mais en fin d’année dernière, après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Manuel Valls avait assuré que les géants du Web s’étaient accordés pour mettre en place une « stratégie offensive » contre l’État islamique.
Partout en Europe, les pays multiplient les initiatives pour diffuser leur propre contre-propagande face aux discours de l’ennemi désigné, et ainsi tenter de remporter la guerre de communication, qui accompagne toute guerre militaire.
Les géants du Web qui sont presque tous d’origine et de culture américaine sont d’une aide précieuse pour rendre visibles ces contre-discours, alors que les membres et sympathisants de l’État islamique n’ont pas cette même puissance de diffusion, et doivent se contenter d’utiliser les outils de ceux qu’ils combattent, lorsqu’ils n’en sont pas purement et simplement exclus.
Lorsque la coopération des plateformes ne suffit pas, le droit peut aussi prendre le relais. Ainsi la France a déjà bloqué de nombreux sites accusés d’apologie du terrorisme, sur ordre du ministère de l’Intérieur. Cette semaine, le Sénat a également voté une disposition qui condamnerait pénalement la lecture de sites internet qui diffusent des contenus de groupes terroristes.
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