Le premier site de stockage de fichiers BitTorrent est né. Intitulé Torrage, il permet d’héberger des fichiers torrent tout en protégeant au maximum les utilisateurs. En effet, aucun historique n’est sauvegardé et la seule manière de retrouver un torrent est de connaitre l’URL contenant l’info_hash du fichier.

Les administrateurs de The Pirate Bay avaient-ils vraiment abandonné le navire en vendant leur site web à une société suédoise ? Pas tout à fait. Il y a quelques messages, l’arrivée d’un nouveau tracker BitTorrent, OpenBitTorrent, sur le réseau a fait son petit effet chez les internautes. Comme un dernier cadeau des trois scandinaves (sans parler d’IPREDator), ce nouveau projet a semé le trouble : d’aucuns ont supposé dès lors que les administrateurs ont volontairement détruit l’image de The Pirate Bay pour relancer un autre projet par la suite.

Le but ? Bien faire comprendre aux industries du cinéma et de la musique que leur combat est vain. « Si c’est la mort des .torrents, l’Histoire nous enseigne que quelque chose de mieux viendra (à la place)« , avait prévenu le porte-parole de TPB, Peter Sunde. « Le partage de fichiers est beaucoup plus que The Pirate Bay« , avait-il aussi écrit sur Twitter. L’avenir serat-t-il à la décentralisation alors ?

Cette semaine est né le tout premier service d’hébergement de torrent. Intitulé Torrage, contraction de « Torrent » et « Storage », le seul objectif de ce site est de proposer une plate-forme où chacun pourra héberger ses torrents : à la fois les utilisateurs lambdas et les grands annuaires BitTorrent. Le site ne fournit aucune autre fonctionnalité : aucun moteur de recherche, aucune communauté, aucune liste des fichiers torrents hébergés ni aucun classement.

Concrètement, une fois que le fichier torrent a été mis en ligne, ils ne peuvent être atteints qu’avec une URL basée sur la valeur info_hash du torrent. Par exemple pour récupérer l’ISO DVD de Slackware 12.2, il faut connaitre cette URL : http://torrage.com/torrent/640FE84C613C17F663551D218689A64E8AEBEABE.torrent. Comme l’explique Torrage, « vous ne pouvez pas chercher ou lister les fichiers torrents qui sont stockés ici, vous ne pouvez y accéder uniquement si vous connaissez la valeur info_hash du torrent que vous voulez télécharger« .

Le site précise par ailleurs que les fichiers torrents mis en ligne sont conservés au maximum six mois, sauf si un autre utilisateur le télécharge entre temps. Cela permet à Torrage de ne pas conserver des liens inactifs trop longtemps. En revanche, il est toujours possible pour un utilisateur de remettre le fichier torrent en ligne par la suite. Quand à l’anonymat que propose le site, Torrage prévient qu’il n’enregistre aucune adresse IP et qu’il ne sauvegarde pas davantage le nom original du fichier torrent. Enfin, le site rappelle qu’ils n’ont ni tracker, ni système de recherche ou de listing, ni de moyens pour savoir vers quel type de contenu pointent les liens torrents.

Finalement, peut-être que le seul risque – hormis la fermeture du service (de toute façon, des ersatz apparaitront sans doute) – serait de contraindre Torrage à agir comme un hébergeur en supprimant les liens menant vers du contenu protégé par le droit d’auteur. Mais la tâche sera difficile pour les ayants-droits, puisque le seul moyen de télécharger un torrent et de constater si oui ou non son contenu est litigieux est justement de connaitre l’info_hash du fichier.

À l’heure actuelle, Suprnova et EZTV utilisent déjà Torrage grâce à l’API (Application programming interface, une interface de programmation applicative) fournie par le site web. Nul doute que d’autres sites BitTorrent vont très certainement se pencher sur la question, puisqu’un tel système décentralisé va sans doute réduire la responsabilité juridique pour les propriétaires des sites torrent… leur implication dans le processus étant désormais drastiquement réduit. Et l’entretien d’un site torrent va devenir soudainement moins compliqué et plus économique puisqu’il ne sera plus nécessaire de maintenir un tracker ou d’héberger les fichiers torrent.


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