C’est une position stratégique que s’offre Sony dans le développement de la musique en ligne, mais une position bien tardive. Plus de vingt ans après avoir oublié d’insérer les métadonnées sur son format CD audio, le conglomérat japonais annonce qu’il rachète la base de données Gracenote, autrefois connue sous le nom de CDDB, pour la modique somme de 260 millions de dollars. Avec cette acquisition, Sony espère devenir central dans le développement de services numériques.

A partir d’aujourd’hui, dès que vous insérerez un CD audio dans le lecteur de votre ordinateur, il y a de grandes chances pour que vous contactiez les serveurs de Sony. Le japonais a en effet annoncé l’acquisition de Gracenote, une gigantesque base de données musicale présente notamment sur iTunes et Winamp, sur les téléphones Blackberry, Samsung, et Sony Ericsson, certaines chaînes hi-fi Philips ou Yamaha, ou même dans des voitures comme la Cadillac CTS.

Le service comble une lacune du CD inventé par Sony lui-même, puisqu’il permet d’identifier les disques à la volée pour afficher les noms des albums, chansons et interprètes. Encore influencé par le vinyle, et malgré sa volonté de révolutionner le secteur musical, le japonais n’avait pas pensé à profiter du numérique pour inclure ces métadonnées directement sur le disque. Depuis sa création, la base s’est étoffée pour couvrir également les vidéos, les paroles, biographies, pochettes ou même les critiques d’albums.

Le projet CDDB avait été initié en 1993 sous licence libre GNU avant de se professionnaliser et de devenir Gracenote en 2000. Le changement de philosophie vers une entité commerciale avait secoué la communauté et fait naître des alternatives gratuites comme Freedb (lui-même revendu en 2006) ou MusicBrainz, mais aucune de ces alternatives n’atteint la qualité de CDDB/Gracenote. Aujourd’hui, la base de données est nourrie directement par les maisons de disques et compte plus de 6 millions de CD référencés, avec 80 millions de chansons dont près d’un dixième peuvent déjà être reconnues à la volée grâce à leur empreinte sonore stockée par Gracenote.

« Sony entrevoit un potentiel de croissance énorme dans le développement de Gracenote en tant qu’entité dirigée séparément, et en embrassant largement les plateformes Gracenote, Sony s’attend à améliorer sensiblement et à accélérer ses propres contenus numériques« , explique dans un communiqué Tim Schaaff, vice-président de Sony Corporation of America.

Reste qu’en 2008, l’acquisition de Gracenote intervient bien tard. Le défaut de conception du CD a été compris depuis longtemps, a été digéré, et désormais les fichiers numériques proposés en téléchargement incluent tous directement des métadonnées riches en information. Or si le CD doit mourir, et sauf à vouloir faire concurrence frontale à All Music Guide, (et donc à Macrovision), on ne voit pas très bien aujourd’hui ce que Sony pourrait faire de Gracenote… A suivre.


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