Pour mettre au point le remplaçant haute-définition du DVD, studios et industriels ont concentré leur attention sur les technologiques de protection des contenus (DRM). Sur ce point, c’est le Blu-Ray qui sera le mieux protégé, avec une véritable armée de techniques prévues pour empêcher le consommateur de faire ce qu’il veut du contenu qu’il a acheté.

Lorsque le DVD est apparu pour remplacer la cassette VHS, les industriels étaient fiers de présenter au monde entier leur technologie anti-piratage. Le « brouillage CSS » devait empêcher la copie des DVD grâce à l’utilisation d’un système cryptographique… aussitôt cassé par le norvégien Jon Lech Johansen (DVD Jon) et quelques amis. Le DVD a été craqué, les copies se sont multipliées, mais ça n’a pas empêché l’industrie cinématographique de prospérer et de vendre plus de DVD qu’elle ne vendait de VHS. Cette histoire aurait dû leur apprendre que protéger ne servait à rien, à la fois parce que toute protection est vouée à être cassé, et parce que la protection-même ne semble répondre à aucune logique économique. Pourtant, l’histoire se répètera.

Pour séduire les studios, les deux camps qui s’affrontent pour remplacer le DVD ont rempli leurs slides Powerpoint de tout un tas de promesses de technologies anti-piratage censées résoudre la faim dans le monde, ou à tout le moins le piratage dans les pays riches. Le camp du Blu-Ray et celui du HD DVD se sont mis d’accord pour employer la technologie AACS, petite soeur du très médiocre CSS. L’AACS est un ensemble de technologies qui, forcémment, n’ont pu être imaginées que pour gêner le consommateur loyal – car qui ignore encore que les copies illégales qui circuleront immanquablement sur les réseaux P2P seront dépourvues de tout AACS ou DRM quelconque ?

L’Advanced Access Content System (AACS)

L’Advanced Access Content System (AACS) définit les usages des films permis par les studios et doit s’assurer de leur respect. Les données audio et vidéo sont cryptées avec une clé de 128 bits, et les lecteurs autorisés sont mieux authentifiés. L’AACS doit permettre en outre de gérer les copies privées autorisées dans le cadre du réseau familial (home network) ou à destination des appareils portables personnels.

En outre, l’AACS intègre le procédé optionnel ICT (Image Constrain Token), qui empêche de profiter de la haute-définition à partir de connexions analogiques non sécurisées par le procédé HDCP (High Definition Copy Protection). Si une sortie autre que HDMI ou DVI est employée, l’image est dégradée à une résolution maximale de 960 x 540 px, même si l’équipement acheté à prix d’or est capable d’afficher mieux. Dans le même esprit mais en plus radical, AACS dispose également d’une fonction « Digital Only Token » pour interdire totalement l’utilisation des sorties analogiques sur les équipements professionnels. Pour le grand public, l’accord de licence de l’AACS prévoit qu’en 2013 tous les appareils vendus interdisent l’utilisation de la sortie analogique, et que dès 2010 l’analogique soit réservé aux seuls modes en définition standard entrelacés (Composite, S-Video, 480c, et peut-être 576i).

Enfin si les studios restent frileux, l’AACS intègrera la possibilité d’ajouter une empreinte sonore sur la piste audio des titres haute-définition.

Mais la Twentieth Century Fox voulait plus encore et a demandé à ce qu’on aille plus loin que l’AACS. Le camp du HD DVD, pressé de sortir son format, a refusé mais la Blu-Ray Association n’a pas hésité. Elle a ajouté deux couches de protection, peut-être responsables du retard pris par le format HD de Sony : le BD-ROM Mark et le procédé BD+. Elles ont été détaillées la semaine dernière lors d’un séminaire au Japon.

Le BD-ROM Mark :

Le BD-ROM Mark cherche à contrer la copies des disques Blu-Ray en ajoutant une couche de protection physique. La couche contient des données invisible sans un équipement spécial, et un graveur autre qu’un équipement professionnel sera incapable de reproduire ces données. Le contenu du Blu-Ray seront bien copiées, mais si le lecteur ne trouve pas le BD-ROM Mark, la lecture échouera.

La technologie BD+ :

Chaque lecteur Blu-Ray est équipé d’une Machine Virtuelle chargée d’interprétée le BD+ Content Code. Celui-ci est relativement simple (100 lignes de code et 60 instructions) pour ne pas surcharger le processeur, mais permet de décoder en temps-réel la vidéo et la bande son du film.

Puisqu’ils ont connu avec DeCSS l’expérience d’un code rapidement cassé, la technologie n’en reste pas là. Les studios pourront programmé un nouveau code à distance, voire même si ça n’est pas suffisant imposer de flasher le firmware du lecteur pour combler le trou de sécurité.

Avec tout ça, il ne reste plus qu’à convaincre les voleurs consommateurs d’acheter un lecteur Blu-Ray…

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