Le rapport Thévenoud propose de réserver la "maraude électronique" aux seuls taxis, pour préserver la valeur marchande de leur licence. Il suggère par ailleurs que les taxis aient l'obligation d'alimenter en temps réel une base de données de géolocalisation que les éditeurs d'applications pourraient exploiter.

Jeudi, nous rapportions que le rapport Thévenoud sur les taxis avait trouvé le moyen de tuer la concurrence née des nouveaux services de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) inspirés de Uber, en proposant de réserver aux seuls taxis la possibilité technologique de géolocaliser les véhicules disponibles sur une carte en temps réel, pour faciliter la mise en relation — ce qu'il appelle la "maraude électronique". Or il s'agit d'une fonctionnalité sans laquelle les VTC auraient beaucoup, beaucoup moins de succès.

Dans son rapport (.pdf), le député socialiste Thomas Thévenoud assume parfaitement le fait que cette idée réactionnaire d'exclusivité de la géolocalisation réservée aux taxis vise à maintenir la valeur marchande de leur licence. Rappelons que ces licences distribuées en nombre limité sont gratuites lors de leur émission par l'administration, mais que l'Etat a autorisé les taxis à revendre ces licences rares, ce qui a créé un marché spéculatif qui explique aujourd'hui la résistance des taxis face aux VTC qui n'ont pas à acheter de licence sur le marché secondaire.

"Il faut moderniser la réglementation pour offrir aux taxis de nouvelles opportunités de développement plutôt que de déréguler et de racheter les licences. De nombreuses pistes permettent de revaloriser le métier de taxi, et donc la licence", vante M. Thévenoud, qui explique que la revente de la licence "permet à l'artisan de s'assurer une retraite".

Pour cela, "la « maraude électronique » est un nouveau marché porteur pour les taxis, qu'ils doivent investir pour revaloriser leur monopole et donc le prix de la licence". "Ce marché doit leur être intégralement réservé", prévient le rapport Thévenoud.

Ainsi, "les applications smartphone ne devraient pas proposer des cartes interactives permettant d'identifier les VTC à proximité, qui permettent la « maraude électronique » et introduisent une confusion avec l’activité réservée aux taxis".

Une API pour les taxis avec un pseudo "open-data"

Mais le rapport ne se contente pas d'interdire la géolocalisation des véhicules de transport qui ne sont pas des taxis. Il fait aussi des propositions pour faciliter la mise en relation des taxis et des utilisateurs de smartphones.

Ainsi, il propose que les informations de géolocalisation et de disponibilité des taxis soient rassemblées dans une base de données commune, en "open data" — notez les guillemets puisque le rapport précise qu'elle serait réservée aux seules entreprises éditrices d'applications et qu'elle ne sera pas ouverte au public, ce qui est contraire aux principes de l'open data. Cette base permettrait la création d'applications mobiles pour étendre à toute la ville la possibilité qu'ont les passants de voir autour d'eux les taxis qui circulent sur la voie publique, et de voir grâce au lumignon ceux qui peuvent accueillir un passager.

Les taxis pourraient donc avoir l'obligation de fournir des données sur leur localisation, leur disponibilité, et leurs tarifs. "Les taxis auraient alors un avantage concurrentiel indéniables, puisque, étant plus nombreux que les VTC, ils seraient toujours plus proches du client qui souhaiterait obtenir une voiture dans l’immédiat", ajoute le rapport.


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