Le dispositif anti-fraude de l’éducation nationale se précise. À trois semaines du bac 2013, il est désormais acté que les détecteurs de signaux émis par les téléphones portables seront au cœur du plan établi par les services de Vincent Peillon. Ces outils seront généralisés à l'ensemble des académies, en plus des autres mesures pour empêcher toute fuite de sujet.

Dans trois semaines, des dizaines de milliers de lycéens passeront les épreuves du baccalauréat. Soucieux que cette édition se déroule sans accroc, le ministère de l'éducation nationale annonce avoir pris plusieurs mesures pour dissuader les candidats de tricher et empêcher la diffusion avant l'heure d'un sujet d'une des trois grandes filières, comme cela s'est vu en 2011.

Les éditions 2011 et 2012

Il y a deux ans, une question de mathématiques posée aux candidats de la série scientifique s'était retrouvée sur le forum du site JeuxVideo.com avant la tenue de l'épreuve. L'affaire avait fait grand bruit, poussant le ministère à demander aux correcteurs de ne pas noter la question afin que l'équité soit respectée, même s'il n'a jamais été prouvé que la fuite a profité à beaucoup de lycéens.

L'an dernier, à la veille d'une épreuve de science destinée aux élèves des séries littéraire (L) et économique et social (ES), un internaute avait dévoilé les intitulés des thèmes abordés. Là encore, le ministère a lancé une enquête pour déterminer s'il s'agissait d'une fraude ou d'une simple coïncidence, les internautes pouvant très bien lister l'ensemble des sujets possibles et finir par tomber sur le bon.

Une édition 2013 sous surveillance

Quoiqu'il en soit, le ministère de l'éducation nationale veut redorer le blason de l'examen après deux éditions marquées du sceau de la polémique. Cette année, les détecteurs de téléphones portables seront généralisés dans les centres d'examen. Expérimentée l'an dernier, la mesure vise à repérer l'usage d'un mobile pendant le déroulement d'une épreuve, notamment lorsque le candidat souhaite se rendre aux toilettes.

Selon Le Point, ces détecteurs vont être déployés dans les trente académies de France contre cinq l'an dernier. "On a demandé à chaque recteur de s'équiper mais ces détecteurs ne seront pas dans tous les centres d'examen", expliquent les services de Vincent Peillon. Aucun indication n'a évidemment été donnée quant au nombre et à l'emplacement de ces dispositifs.

En 2012, 419 candidats ont été pris en train de frauder. 166 tentatives de triche impliquaient l'usage d'un téléphone mobile. Le reste se répartissait entre l'antisèche traditionnelle (une centaine d'élèves), la communication entre les candidats (46), l'usage de documents non autorisés (30) et, plus rare, l'usurpation d'identité (7), indique Le Figaro.

Des mobiles éteints et rangés

Officiellement, "l'utilisation des téléphones portables et, plus largement, de tout appareil non autorisés permettant des échanges ou la consultation d'informations, est interdite et est susceptible de poursuites par l'autorité académique pour tentative de fraude", explique le ministère de l'éducation nationale. Plusieurs consignes existent, mais celles-ci ne sont pas toujours respectées.

"Tous ces appareils doivent être impérativement éteints. Ils sont soit rangés dans le sac du candidat, soit remis aux surveillants de salle. Les surveillants doivent regrouper à l’endroit indiqué les sacs, porte-documents, cartables ainsi que tout matériel et document non autorisé, afin que les candidats ne puissent pas y avoir accès pendant la durée de l’épreuve".

Et les brouilleurs ?

Les détecteurs suffiront-ils à dissuader les tricheurs ? Si ces appareils sont capables de détecter les signaux des mobiles anciens ou récents, d'aucuns suggèrent des mesures plus strictes encore comme la fouille. Toutefois, celle-ci est interdite. L'usage des brouilleurs a également été proposé par un député, mais cette technologie est réglementée en France.

L'article L33-3-1 du Code des postes et des communications électroniques interdit expressément "[…] la mise en circulation, l'installation, la détention et l'utilisation de tout dispositif destiné à rendre inopérants des appareils de communications électroniques de tous types, tant pour l'émission que pour la réception". Seuls certaines activités très spécifiques peuvent mettre en œuvre ce système.

Celles-ci concernent "les besoins de l'ordre public, de la défense et de la sécurité nationale, ou du service public de la justice". Or, les établissements scolaires ne sont pas cités dans cette liste limitative.

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