L’Hadopi accueille en son sein une étudiante chinoise, qui devra proposer des pistes d’amélioration de la connaissance des flux sur les réseaux, pour mieux mesurer quantitativement les échanges de biens culturels sur Internet.

Certains y verront un symbole, mais probablement pas le bon. « Ils le font bien en Chine« , avait un jour lancé à Nicolas Sarkozy un membre du groupe Kyo, pour demander le filtrage. C’était en 2006, au moment où celui qui était alors ministre de l’intérieur avait décidé de prendre en main le dossier du téléchargement illégal, avec ce qui deviendra quelques années plus tard la riposte graduée et l’Hadopi.

Six ans après, c’est auprès de la Chine que l’Hadopi trouve ses forces vives. La Haute Autorité a annoncé mardi qu’elle avait décidé d’accueillir une thésarde venue de l’Université de Xidian, pour mener un travail de recherche sur les flux et les échanges de biens culturels sur Internet. « Il existe de nos jours un manque de recul et de certitudes sur les concepts, technologies et sur les usages d’Internet. Cette incertitude peut s’avérer préjudiciable à la consolidation et à l’évolution de l’Internet du futur à de nombreux niveaux« , explique l’Hadopi dans un communiqué.

La thèse de l’étudiante doit donc servir à affiner la connaissance de la dynamique des flux réseaux, en permettant à l’Hadopi de mieux quantifier et mesurer les échanges de biens culturels sur Internet. Les travaux doivent aboutir à concevoir « de nouvelles méthodes de mesure« , pour « de nouveaux algorithmes et des méthodes innovantes permettant de mesurer des échanges ou flux non mesurables par l’existant« . « La pertinence de chaque proposition devra être justifiée et son efficacité prouvée« , prévient l’autorité administrative.

In fine, ces travaux doivent permettre à la Haute Autorité d’établir des statistiques solides sur lesquelles fonder sa politique de lutte contre le piratage, en sachant notamment quelle part représente le P2P sur les réseaux, le streaming ou le téléchargement direct, et en étant peut-être capable de qualifier ces échanges. Rien ne servira de persévérer dans une riposte graduée qui ne s’attaque qu’au Peer-to-Peer, si celui-ci s’avère ultra-minoritaire dans les pratiques. De même, rien ne servira de se réjouir de la fermeture d’un MegaUpload, s’il apparaît que d’autres services prennent immédiatement le relais. La connaissance des flux sera une boîte à outils essentielle pour l’Hadopi.

Mais le symbole n’est pas celui de l’avènement d’un filtrage à la chinoise, constamment rejeté par la Haute Autorité. L’accueil d’une thésarde chinoise apparaît surtout comme un pied de nez à la fameuse circulaire de Claude Guéant du 31 mai 2011, révisée depuis. Ce qui n’est pas totalement surprenant, même venant d’une administration créée par ce gouvernement. L’Hadopi a en effet comme secrétaire général Eric Walter, un proche de Rama Yade qui avait été membre du cabinet de l’ancienne secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme. Lui-même s’est entouré dans son administration de « droits-de-lhommistes », qui ne se reconnaissent pas dans la politique droitière incarnée par le ministre de l’intérieur.

Autre pied de nez : l’étudiante chinoise a été recrutée pour trois ans. Un message à François Hollande ?


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