Lorsqu’une connexion inhabituelle ou un accès non autorisé est détecté par les équipes de sécurité d’une entreprise, cela déclenche généralement une enquête interne. Mais lorsque l’entreprise en question est TSMC, leader mondial des semi-conducteurs, l’analyse des historiques devient rapidement une affaire d’État.
Le mardi 5 août 2025, le géant taïwanais a annoncé avoir licencié deux de ses ingénieurs après avoir relevé des connexions illicites susceptibles de compromettre les secrets de fabrication de ses puces 2 nanomètres (nm), objet de toutes les convoitises géopolitiques.
Dans le même temps, les autorités taïwanaises ont révélé avoir procédé, fin juillet, à l’arrestation de six employés et ex-salariés de TSMC. Parmi eux, trois restent détenus, tandis que les trois autres ont été libérés, certains sous caution.


Ce sont les conséquences directes de la politique de la tolérance zéro du géant industriel et de la législation taïwanaise (« National Security Act »), qui fait du vol ou la tentative de fuite de technologies stratégiques, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs, l’objet de poursuites beaucoup plus sévères.
Une vérification des accès met la puce à l’oreille
C’est un contrôle de routine qui aurait enclenché cette procédure interne et judiciaire sans précédent. Après avoir détecté les premiers signes d’une compromission, TSMC a procédé immédiatement au licenciement des employés et a porté plainte contre eux. Une fois l’affaire dans les mains des autorités locales, les domiciles de l’ensemble des suspects ont rapidement été perquisitionnés.

Selon la division de la propriété intellectuelle du parquet général de Taïwan, les trois individus toujours détenus font l’objet de « soupçons graves de violation des lois sur la sécurité nationale. »
Selon les autorités, ils auraient téléchargé, copié ou tenté d’exfiltrer des documents liés aux processus de conception 2 nm, sans que l’on distingue encore la destination finale de ces informations.
L’identité des trois détenus n’a pas été rendue publique. Les investigations, toujours en cours, visent à déterminer si d’autres acteurs notamment étrangers pourraient être impliqués dans cette affaire.
Les semi-conducteurs, joyaux de Taïwan, au cœur des convoitises
Ce n’est évidemment pas la première fois que TSMC se retrouve au cœur d’une affaire présumée d’espionnage. L’entreprise produit plus de 90 % des semi-conducteurs de moins de 5 nm, et revêt d’une importance stratégique majeure pour l’île nichée à environ 150 km du littoral chinois. Cette affaire marque toutefois par son aspect concret : l’ennemi aurait pu venir de l’intérieur.
Dans son ensemble, l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs fait régulièrement l’objet de tentatives de cyberespionnage ultra-sophistiquées. Des campagnes très souvent orchestrées par des groupes de hackers liés à des gouvernements souhaitant rattraper leur retard technologique sur ce secteur devenu clé dans la compétition mondiale.
En juillet, les chercheurs de Proofpoint avaient relevé une recrudescence de ces tentatives d’intrusions. Trois groupes affiliés à l’État chinois ont cherché à introduire des logiciels espions dans les infrastructures des plus grands fabricants taïwanais, dont TSMC, MediaTek et UMC.
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