L’enseigne E.Leclerc annonce l’ouverture prochaine d’un service de livraison à domicile à Paris. À partir d’avril, quelques arrondissements seront couverts puis, d’ici trois ans, toute la capitale. Amazon est présenté comme la raison de cette évolution, mais le groupe est aussi en retard par rapport à ses rivaux traditionnels.

Pour entraver l’arrivée d’Amazon dans la grande distribution, les ténors français du secteur vont-ils devoir se mettre franchement à la livraison à domicile ? C’est de toute évidence ce que croit Michel-Édouard Leclerc, patron de l’enseigne qui porte son nom. Invité sur BFM TV ce 31 janvier, l’intéressé a annoncé un service pour apporter des courses directement chez les clients du groupe.

Dans un premier temps, ce programme sera limité dans l’espace : seule la capitale va être couverte par la livraison à domicile made in Leclerc. Et encore, pas toute la ville : quelques arrondissements seront desservis à partir d’avril. Pour la couverture totale de Paris, il faudra patienter quelques années : le groupe pense qu’il maîtrisera pleinement la logistique d’ici trois ans.

e-leclerc

CC Polycart

Un déploiement plus vaste du programme « Leclerc chez moi », au niveau de la petite ou de la grande couronne parisienne, ou bien dans certaines grandes villes, n’est pour le moment pas d’actualité. Cela dépendra pour beaucoup du succès de l’opération à Paris, mais aussi du maillage des enseignes Leclerc sur le territoire et des études prospectives sur le succès du service à tel ou tel endroit.

Selon Michel-Édouard Leclerc, les prix qui seront appliqués sur les articles proposés via « Leclerc chez moi » seront 15 à 20 % moins chers de la concurrence. Il y aura notamment des produits frais, c’est-à-dire des denrées rapidement périssables, des « drives piétons » pour que les particuliers puissent venir chercher eux mêmes leurs couses s’ils le veulent et aussi des dépôts relais.

Crainte d’Amazon…

Au micro de Jean-Jacques Bourdin, Michel-Édouard Leclerc a beaucoup insisté sur une dimension de résistance et de lutte contre Amazon. Il faut dire que le géant américain a de quoi inquiéter le secteur :

À l’automne 2015, le groupe lançait son épicerie en France après des années de test aux USA, notamment sur les produits frais. En 2017, il a acquis Whole Foods Market, une très importante chaîne de magasins spécialisée dans les produits biologiques, et qui pourrait subir une certaine robotisation. Et en début d’année, son magasin automatique a ouvert ses portes et attiré les curieux.

Amazon Go

Amazon Go

…mais retard réel

Si le patron de Leclerc a au fil de l’interview fait comprendre qu’Amazon est la raison ayant conduit l’enseigne à entrer dans le secteur des « cyber-marchés », il faut toutefois noter que le groupe accuse avant tout un certain retard, puisque parmi ses concurrents plus traditionnels, beaucoup proposent des solutions de livraison à domicile, en général autour des grands centres urbains.

C’est le cas de sociétés  comme Picard, Carrefour (avec Ooshop), Intermarché, Casino (MesCoursesCasino et Monoprix) et Auchan (Auchandirect). En fonction des cas, la commande doit atteindre un montant minimum pour être finalisée et livrée ou il faut vivre plus ou moins à proximité d’une grande ville. On imagine que certaines de ses conditions se retrouveront sur « Leclerc chez moi ».

Cette bascule vers les courses en ligne et la livraison à domicile intéressera sans doute bon nombre de Parisiens et Parisiennes, surtout si les prix sont effectivement moins chers. Par contre, elle ne fera pas que des heureux : nul doute que les services qui se sont développés en profitant du vide en la matière feront quelque peu grise mine…


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