OpenAI annonce simplifier sa structure organisationnelle via une recapitalisation. Celle-ci doit encore obtenir une dernière validation par les procureurs des États du Delaware et de Californie.

Ce n’est pas forcément évident au premier regard, mais OpenAI vient peut-être de dévoiler son changement le plus important de l’année.

Au programme de son annonce corporate du 28 octobre 2025, l’inventeur de ChatGPT déclare avoir « finalisé sa recapitalisation » dans le but de simplifier sa structure organisationnelle. Fini le modèle « à but lucratif »… ou presque.

Une nouvelle fondation OpenAI, pour accompagner l’entreprise OpenAI

À l’origine, OpenAI était une organisation à but non lucratif, fondée pour développer une intelligence artificielle générale (AGI) bénéfique à l’humanité. Ses premiers financements provenaient principalement de dons privés, issus de ses fondateurs et de plusieurs philanthropes. En 2019, la firme a créé une société à but lucratif plafonné, adoptant ainsi une structure à deux niveaux :

  • OpenAI Inc, l’organisation à but non lucratif et entité fondatrice créée en 2015, détenait et contrôlait la société à but lucratif.
  • OpenAI LP, la société à but lucratif plafonné (« capped-profit »), créée en 2019 pour lever plus de fonds (notamment de Microsoft). Les investisseurs pouvaient ainsi gagner jusqu’à un certain plafond (par exemple, 100× leur mise).

Dans les faits, la gouvernance d’OpenAI LP par OpenAI Inc. était devenue compliquée et assez critiquée : il y avait trop de pouvoir entre les mains de quelques dirigeants, pas assez de transparence sur la gouvernance, limite des profits… Sans compter les reproches adressés à Sam Altman et à son équipe, accusés par certains d’avoir dévié de la mission initiale fixée lors de la fondation — co-créée à l’origine avec Elon Musk (qui ne tolère pas le succès de l’entreprise sans lui). Bref, OpenAI semble avoir trouvé la solution : renommer l’association à but non lucratif en « OpenAI Fundation ».

Sam Altman, cofondateur et PDG d'OpenAI. // Source : TechCrunch
Sam Altman, cofondateur et PDG d’OpenAI. // Source : TechCrunch

25 milliards de dollars pour la santé et la résilience de l’IA

Dans son communiqué, l’entreprise explique que la Fondation OpenAI détient désormais une participation importante dans la société à but lucratif, valorisée à environ 130 milliards de dollars. Cette position fait de la fondation « l’une des organisations philanthropiques les mieux dotées au monde ». Sa mission est par ailleurs élargie, avec un engagement de 25 milliards de dollars prévu dans deux grands domaines :

  • La santé et le traitement des maladies : selon la firme, la fondation investira pour accélérer les progrès médicaux et rendre les soins plus accessibles. Elle soutiendra la création d’« ensembles de données de santé de pointe open source et éthiques », et le financement de scientifiques.
  • Solutions techniques pour la résilience de l’IA : la Fondation financera le développement de solutions techniques concrètes visant à rendre les systèmes d’IA plus sûrs, robustes et bénéfiques pour tous.

La Fondation OpenAI est dorénavant propriétaire et dirigeante de la société commerciale qui exploite les produits (ChatGPT, API, etc.). Celle-ci devient OpenAI Group PBC, une Public Benefit Corporation (PBC). Une PBC est une structure d’entreprise américaine qui intègre une mission d’intérêt général, ici, le développement d’une IA bénéfique pour l’humanité, à sa gouvernance et à ses obligations légales. OpenAI doit donc équilibrer les intérêts financiers des actionnaires et son objectif sociétal.

« Conçu pour bénéficier à tous » // Source : OpenAI
« Conçu pour bénéficier à tous » // Source : OpenAI

Tandis qu’une société classique vise la maximisation des profits, une PBC doit tenir compte, dans chaque décision stratégique, de la finalité publique inscrite dans sa charte. Le contrôle et la majorité des parts restent dans les mains de la Fondation OpenAI, qui peut ainsi orienter la politique d’OpenAI PBC au service de sa mission sociale. Avec la fin du modèle « capped-profit » d’OpenAI LP, la firme enterre ce système plafonné et adopte une structure d’actionnariat classique, tout en maintenant sa vocation d’utilité publique.

Microsoft réaffirme son soutien à OpenAI

Dans un communiqué distinct, Microsoft a réaffirmé son soutien à la nouvelle structure d’OpenAI, marquant ainsi la continuité de leur partenariat stratégique. Jusqu’ici, la firme était le principal investisseur d’OpenAI LP, sans toutefois détenir de parts directes dans la société mère.

À la suite de la recapitalisation, Microsoft détient désormais environ 27 % du capital d’OpenAI Group PBC, soit une participation estimée à près de 135 milliards de dollars, faisant d’elle le principal investisseur externe de l’entreprise. Cette opération confirme par ailleurs la valorisation d’OpenAI à environ 500 milliards de dollars, d’après une récente vente d’actions sur le marché secondaire.

« Le prochain chapitre du partenariat Microsoft–OpenAI ». // Source : OpenAI / Microsoft
« Le prochain chapitre du partenariat Microsoft–OpenAI ». // Source : OpenAI / Microsoft

Parmi les éléments du nouvel accord entre Microsoft et OpenAI :

  • Microsoft obtient des droits de propriété intellectuelle exclusifs sur les modèles et produits d’OpenAI jusqu’en 2032 ainsi que sur les modèles développés avant la déclaration d’AGI, avec l’obligation de garde-fous éthiques.
  • OpenAI obtient ainsi plus d’autonomie pour collaborer avec d’autres partenaires (par exemple, produire des API via d’autres clouds).
  • OpenAI s’engage à acheter pour 250 milliards de dollars de services Azure pour développer son IA, garantissant la continuité de la relation commerciale avec Microsoft.

OpenAI a annoncé qu’elle répondra aux questions lors d’un live prévu ce soir à 19h30. Toutefois, certaines inquiétudes émergent chez les investisseurs : la Fondation OpenAI conserve la majorité des droits de vote, limitant l’influence directe des actionnaires sur la stratégie, contrairement à une société cotée traditionnelle où le pouvoir revient pleinement aux détenteurs du capital. Quoi qu’il en soit, cette nouvelle structure juridique devra encore être validée une dernière fois par les procureurs généraux des États du Delaware et de Californie, afin de garantir sa conformité avec les réglementations en vigueur.

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