Fondée en janvier 2016, la société Blacknut souhaite proposer à un large public un choix de jeux disponibles en cloud gaming. Rencontre avec son fondateur.

Pourtant très répandue depuis plusieurs années, la pratique de la consommation de biens culturels en streaming ne semble gagner qu’encore timidement le monde du jeu vidéo, qu’il s’agisse de GeForce Now ou de Shadow. Donner l’accès à des titres sans recourir à l’achat de puissantes et onéreuses machines à un public non-averti, c’est ce que souhaite proposer Blacknut, une entreprise française basée à Paris et à Rennes.

Nous avons rencontré Olivier Avaro, fondateur et président de l’entreprise afin d’en savoir plus sur les ambitions de la jeune société par rapport à ses concurrentes, et de répondre à la question de la consommation future du jeu vidéo.

La plateforme à la Netflix

Blacknut souhaite, à la manière des plateformes de streaming, donner un accès simple à un catalogue large et profond de jeux vidéo en illimité. Moyennant un abonnement mensuel, le consommateur pourra ainsi avoir accès à un jeu sans avoir besoin de passer par une phase d’installation. Le jeu ne nécessite pas non plus de matériel performant. 

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Envoyé sous forme de flux vidéo, seule la présence d’un d’écran devrait en théorie être nécessaire à l’accès d’un jeu, élargissant ainsi la cible à un public non gamer, ou du moins dont les connaissances et les moyens financiers en informatique sont réduits. Mais comment diffuser et faire tourner toute sorte de jeux, des plus modestes aux plus lourds ? « Nous voulons faires fonctionner ces jeux sur des clouds publics, explique Olivier Avaro. Nous avons un partenariat avec OVH et Amazon, des acteurs du secteur ». Ainsi, nul besoin de dépenser des fortunes en serveurs supplémentaires. « Notre offre va évoluer en fonction de la puissance du cloud », assure le PDG de Blacknut. 

Un catalogue varié

Avec un catalogue de quelques 200 titres lors de son lancement, Blacknut continue en effet d’étoffer sa collection de jeux pour atteindre environ 1 500 à 2 000 titres d’ici quelques mois. Pas question toutefois de partir dans une exhaustivité lourde pour Olivier Avaro.

« Sur l’éditorial, notre démarche sera parallèle à celle de la Wii. Notre cible est très grand public, dans une tranche d’âge d’environ 25-49 ans qui ne s’y connait pas en matériel informatique. La Wii adopte un aspect d’accès simple aux jeux pour tout le monde. On voudrait mettre en avant le côté social et interactif du jeu vidéo, mettre en avant les côtés positifs et aller éventuellement vers du ludo éducatif

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Pour cela, mieux vaut prévoir un catalogue large et pour tous les goûts. Du jeu indépendant au AAA, le panel de choix sera vaste, mais surtout soigné. De nombreux jeux vidéo sortent chaque semaine. Pas question donc de créer de contenu spécifique à la plateforme : il suffit de faire une sélection de titres déjà disponibles mais parfois méconnus ou très peu distribués.

Une éditorialisation soignée

Olivier Avaro précise : « On va chercher le meilleur des jeux vidéo. On va s’appuyer sur la création actuelle et proposer des jeux qui conviennent au grand public. On n’est pas Arte, on n’est pas exclusif dans le jeu indépendant et on ne cherche pas à l’être, pas plus que dans le marketing des gros éditeurs ». Pour cela, Blacknut fait appel à Oscar Barda, curateur dans l’entreprise. « C’est un peu notre commissaire-priseur des jeux vidéo, il cherche les petites perles indépendantes et définit comment on structure le catalogue », s’amuse-t-il.

Concernant les plus grosses licences, Blacknut négocie des contrats de distribution grâce à son pôle licensing, dirigé par Nabil Laredj. « Dans le jeu vidéo, le marché n’a pas encore évolué sur le streaming, analyse Olivier Avaro. Mais on a vu ce qu’il se passait avec la musique et la vidéo : on tend vers une dématérialisation totale ».

Le marché de la musique a en effet beaucoup souffert avec la numérisation de ses contenus, mais aujourd’hui la tendance revient et l’industrie se porte on ne peut mieux. « Concernant le jeu vidéo on est encore en haut de la vague, mais la numérisation va forcément avoir un impact. Notre boulot est d’anticiper cet impact, et d’être un modèle de croissance sur le digital », conclut le PDG de Blacknut.

Le lancement de Blacknut pour 2017

Que l’on ne s’y trompe pas : si Blacknut est bien une entreprise française, elle a pour ambition d’installer son parc de cloud gaming à l’international. « Nous allons commencer  une levée de fonds dans le début de l’année afin de finaliser le développement en France et en Europe, puis nous viserons les États-unis », confie le fondateur de Blacknut.

La société adopte en effet un positionnement de distribution original par rapport à ses concurrents. « Chaque acteur du cloud gaming adopte une approche différente, détaille Olivier Avaro. Certains proposent seulement à leur public un ordinateur assez puissant pour faire tourner des jeux dans le cloud, mais ils ne disposent pas de contenu ou de catalogue. Pour d’autres, il s’agit de fournir au contraire un catalogue mais sans éditorialisation, ce qui peut s’avérer compliqué en termes de lecture pour le type de public que nous visons ».

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En un an d’existence, l’équipe technique a mis en place un prototype, une alpha puis une bêta de la plateforme dans le but de lancer officiellement Blacknut en 2017. La société a également reçu le soutien de Rennes Atalante, Telecom Bretagne et la BPI (Banque Public d’Investissement), des aides qui selon Olivier Avaro ont permis à la structure d’accélérer son développement.

« En France, une fois que l’on a bénéficié d’investissements privés, on attire sur nous le regard du gouvernement et des financements publics. On a ainsi pu avoir une infrastructure qui marche vraiment et qui a permis de nous propulser », termine Olivier Avaro.

On a hâte de voir comment cette solution va s’inscrire dans le nouvel écosystème du jeu vidéo dans le cloud, aux côtés des grands et des moins grands qui en veulent. En tout cas, la tendance est nette.

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