Le groupe Tri Yann a dû censurer la pochette de la version dématérialisée de son album « La belle enchantée », pour avoir le droit d’être présent sur les plateformes de téléchargement et de streaming.

On a vu paire de fesses plus provocatrice, mais la courbure du popotin ne passe pas chez puritains. Comme le rapporte France Bleu Breizh Izel, le groupe nantais Tri Yann a dû revoir et corriger la pochette de son dernier album, « La belle enchantée », après avoir choisi de l’illustrer en reproduisant une œuvre du peintre Georges Lacombe, exposée au musée des beaux-arts de Quimper.

Le dessin montre un couple enlacé sur un lit. De leur nudité, seul le fessier de la demoiselle aux cheveux longs nous est montré, les jambes parfaitement serrées l’une contre l’autre. L’image en serait presque chaste tant elle n’a rien, en tout cas, de pornographique.

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La pochette du CD de « La belle enchantée » de Tri Yann, vendue en magasin physique

Mais voilà. Aux États-Unis, dont la main-mise des entreprises sur le Web fait que l’intolérance face au corps humain inonde le monde au mépris des cultures étrangères plus ouvertes aux réalités anatomiques et aux plaisirs charnels, l’image de la femme nue ne passe pas. Selon Tri Yann, « les plateformes de téléchargement étant régies par la pudibonderie américaine, il a fallu rhabiller la belle impudique d’un costume de bain typé années 1890-1900 au prétexte que la représentation des fesses, sexes et tétons féminins est un motif de blocage des plateformes digitales ».

La pochette du même album, sur Internet.

La pochette du même album, sur Internet.

Le groupe breton ne cite pas de plateforme en particulier, même si l’on pense bien sûr à Apple et son service iTunes, dont la censure a souvent été critiquée. On se souvient par exemple que l’an dernier, France Musique avait été censurée pour avoir osé programmer une émission sur l’érotisme dans la musique classique, qui était accessible en podcast et illustrée par une peinture de Manet où l’on voyait aussi une femme nue, cette fois de face.

En pratique la demande de censure émane plus certainement du distributeur qui se charge de mettre l’album sur toutes les plateformes. Dans ce cadre il s’assure auparavant que l’album est compatible avec les exigences des principales plateformes, et fait donc lui-même un travail d’auto-censure préalable au référencement, qui lui évite d’avoir à gérer les us et coutumes de chaque site de téléchargement ou de streaming.

De fait, la censure de la pochette est également visible sur la plateforme française Deezer :

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Sur iTunes :

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