Appliquant sa politique qui interdit d’utiliser ses API pour surveiller les utilisateurs, Twitter a coupé les droits d’accès à l’entreprise SnapTrends, qui vendait ses services de veille géolocalisée des réseaux sociaux à des services de maintien de l’ordre.

La semaine dernière, la branche californienne de l’American Civil Liberties Union (ACLU) dévoilait comment des accès aux API de Facebook, Instagram et Twitter avaient été utilisés par l’entreprise de monitoring des réseaux sociaux Geofeedia pour fournir des outils de surveillance géolocalisée aux autorités.

À cette occasion, nous découvrions que Twitter était le seul des grands sociaux à disposer d’une clause de son contrat pour les développeurs, qui interdit explicitement l’utilisation de ses API à des fins de surveillance policière, sauf accord exprès et préalable de Twitter :

Vous ne pouvez pas sciemment : 1) permettre à, ou aider des entités gouvernementales, des autorités juridiques ou d’autres organisations à exercer une surveillance du Contenu ou obtenir des informations sur les utilisateurs Twitter ou leurs Tweets nécessitant une assignation, une ordonnance d’un tribunal ou une autre procédure légale valide, ou étant susceptibles d’être incompatibles avec les attentes raisonnables de nos utilisateurs en matière de confidentialité ; et 2) afficher, distribuer ou mettre à disposition le Contenu à toute personne ou entité qui, selon vous, utilisera ces données pour violer la Déclaration universelle des droits de l’Homme (disponible sur http://www.un.org/en/documents/udhr/), y compris, et sans réserve, les articles 12, 18 ou 19. Toute autorité chargée de l’application de la loi recherchant des informations à propos des utilisateurs de Twitter se réfèreront aux Directives en matière d’application de la loi de Twitter disponibles surhttps://t.co/le. Vous ne réaliserez pas, et vos Services ne fourniront pas d’analyses ou de recherches isolant un petit groupe d’individus ou un seul individu à des fins illicites ou discriminatoires. Des exceptions à ces restrictions peuvent être requises si les circonstances l’exigent, et sont soumises à l’accord écrit préalable de Twitter.

À la suite de la publication du communiqué de l’ACLU, Twitter a donc fait application de sa clause, et supprimé l’accès de Geofeedia à son API. Facebook et Instagram l’avaient aussi fait après avoir été prévenu par l’ONG américaine, mais il ne s’agit pas d’une politique générale inscrite dans leurs règles d’utilisation.

L’affaire aurait pu en rester là mais Twitter tient à faire le ménage. Une semaine plus tard, Daily Dot nous apprend en effet qu’une autre entreprise s’est fait couper ses liens avec les bases de données du réseau social. Il s’agit de l’entreprise texane SnapTrends, dont les services sont en tous points similaires à ceux de Geofeedia. L’entreprise peut faire ressortir en temps réel l’activité des réseaux sociaux dans un secteur géographique donné, en faisant ressortir les personnes influentes sur une thématique donnée.

Sur son site officiel, SnapTrends présente innocemment différentes catégories de professionnels à qui ses services peuvent s’adresser : équipes marketing, intelligence économique, éducation (lutte contre le harcèlement), hôpitaux (se préparer à des épidémies, des traumas massifs…), équipes de de sport, usines polluantes ou à risques (pour voir les protestations ou crises…). Mais SnapTrends est aussi utilisé pour la « sécurité publique ».

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Or si l’image officielle montre des pompiers en action, ce sont bien les policiers qui sont visés. Le site permet notamment de « comprendre le sentiment d’une communauté » ou d’ « amélioration la conscience d’une situation ». Dit autrement, il permet de voir si un quartier s’apprête à exploser parce que la grogne monte, ou d’identifier ceux qui seraient susceptibles de devenir les leaders d’un mouvement de contestation.

Selon un article d’Austin Chronicle de 2015, SnapTrends est notamment vendu à des services de renseignement. Dans un e-mail interne que Daily Dot s’est procuré, l’entreprise s’était aussi vantée d’avoir permis de repérer des internautes à arrêter lors d’une opération d’arrestations massives, qui n’est pas identifiée. « SnapTrends a été utilisé pour identifier la localisation d’identifiants d’utilisateurs [saisis par la police]. Leur objectif était de 100 arrestations, et ils ont fait 500 arrestations », se félicitait l’entreprise. Elle devra désormais faire sans les services de Twitter.

Mais comme le précise Mashable, beaucoup d’autres entreprises du même genre continuent à opérer. L’une d’elles, Beware, va même jusqu’à attribuer un score de « niveau de risque » à chaque internaute qu’elle analyse.

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