Interrogé sur l'actualité américaine liée à la neutralité du net, le président de l'ARCEP, Sébastien Soriano, s'est prononcé pour la mise en place de ce principe en France. Reconnaissant qu'Internet devient un bien commun, il considère "qu'il faut savoir dépasser les enjeux et les intérêts de court terme des opérateurs télécoms".

Désormais à la tête de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), Sébastien Soriano devra s'occuper de plusieurs chantiers très importants au cours des six années de son mandat : itinérance de Free Mobile sur le réseau d'Orange, déploiement du très haut débit sur le territoire, concentration des télécoms, concurrence… et bien sûr, neutralité du net.

Or justement, la neutralité du net a connu cette semaine une actualité très importante aux États-Unis avec le vote de la commission fédérale des communications (FCC), qui a approuvé de nouvelles règles en sa faveur. Celles-ci permettent de faire de l'accès à Internet un service d'utilité publique qui doit respecter des obligations d'ouverture et de non-discrimination.

La neutralité du net est en effet un principe qui porte sur le traitement égal, par les opérateurs, des échanges sur Internet quel que soit leur type, leur contenu, leur origine et leur destination.

Par conséquent, l'opinion de Sébastien Soriano sur la neutralité du net est très importante. Aussi, profitant de l'actualité, le quotidien économique La Tribune a pu s'entretenir avec le président de l'ARCEP sur ce sujet. Il ressort de l'interview que ce dernier constate qu'Internet "devient un bien commun" et qu'il faut aussi "construire un Internet à une vitesse" en France, c'est-à-dire sans voie réservée à des privilégiés.

Pour Sébastien Soriano, "il faut savoir dépasser les enjeux et les intérêts de court terme des opérateurs télécoms" et garder à l'esprit qu'il "faut penser la neutralité du Net pour la défense des petits, des plus faibles", afin qu'ils puissent accéder à Internet de la même façon que les géants du réseau, qui sinon utiliseraient largement leurs ressources pour obtenir un avantage.

Lors d'une audition parlementaire en janvier, Sébastien Soriano avait déjà eu l'occasion de s'exprimer sur la neutralité du net en affichant une "extrême fermeté" sur la neutralité du net. Cependant, celui qui allait être le futur patron de l'ARCEP avait ajouté ne pas vouloir bloquer l'innovation en fermant la porte aux services gérés, qui pourraient ne pas répondre aux mêmes règles de neutralité.

Rappelons par ailleurs que Parlement européen est très engagé sur ce sujet. Les eurodéputés, qui doivent faire face à la frilosité manifeste du Conseil de l'Union européenne, qui est nettement moins enthousiaste, sont à l'origine d'un vote proposant des règles d'encadrement d'une grande fermeté à l'égard des opérateurs, afin que la neutralité du net soit forte et appliquée.


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