Pas question pour les autorités norvégiennes de laisser Apple prendre des photos trop précises de la capitale, Oslo. Depuis quelques jours, une tension est apparue entre la firme américaine, qui souhaite fournir une cartographie 3D précise de la ville et l'autorité de sécurité nationale, qui s'inquiète de la sûreté de certains bâtiments sensibles.

Avec le succès croissant des services de cartographie, les éditeurs s'efforcent d'attirer à eux les usagers en proposant des plans toujours plus précis des villes. Or, cette tendance se heurte à quelques obstacles. En fournissant des cartes très détaillées, ne risque-t-on pas de raboter le caractère privé du domicile, en ayant une vue très précise du jardin par exemple, ou d'exposer à la vue de tous certains lieux sensibles ?

Ainsi, on se souvient par exemple que la communauté française du renseignement et les forces armées ont demandé aux services de cartographie de brouiller l'affichage de certaines installations sensibles, comme la base des sous-marins nucléaires situés à l'île Longue. Or, tous ne respectent pas cette demande. Le site Géoportail d'IGN floute à une certaine échelle. Pas Google Maps.

L'inquiétude à l'égard des services de cartographie ne se manifeste pas qu'en France. Elle s'exprime aussi en Norvège. Sur Le Figaro, l'AFP rapporte les informations publiées initialement dans le journal norvégien Aftenposten selon lesquelles  l'autorité de sécurité nationale (NSM) a refusé à Apple le droit de survoler la capitale, Oslo, en raison de prises de vue trop précises pour la cartographie 3D.

"Je peux confirmer qu'Apple n'a pas obtenu l'autorisation de prendre des photos aériennes car le niveau de précision des prises de vue est jugé trop élevé pour certaines zones soumises à restrictions. Nous avons en revanche proposé à Apple des solutions de substitution, à savoir acheter ces photos auprès de fournisseurs norvégiens ou de l'Autorité norvégienne de cartographie", a déclaré une porte-parole de la NSM.

La NSM n'a pas détaillé la nature de ces zones. Cependant, on peut raisonnablement supposer que celles-ci concernent probablement le palais où logue la famille royale, le parlement norvégien, le centre de commandement militaire Akershus, les QG de diverses forces de sécurité (police, services secrets…) ou encore les ambassades.

Comme dans l'exemple de la base de l'île Longue, il apparaît que les services norvégiens respectent à la lettre les exigences de sécurité en matière de précision des clichés, en diminuant la qualité des clichés à une certaine échelle en floutant ou masquant directement. En revanche, les outils étrangers (comprendre : américains) se montrent plus soucieux de fournir un outil précis et donc utile aux usagers.

Comme le pointe l'Aftenposten, Apple se montre moins entreprenant quand il s'agit de cartographier en 3D des zones sensibles aux USA. Selon les constatations du journal, ni le siège de la CIA ni le quartier général du département de la défense des États-Unis ne sont représentés en relief dans son application Plans, là aussi certainement pour des raisons de sûreté.

L'actualité récente norvégienne a peut-être pesé dans la balance. Faut-il en effet rappeler que le pays a été touché il y a deux ans par des attentats, commis par Anders Behring Breivik ? Outre le massacre survenu sur la petite île d'Utoya, une explosion  à la bombe est survenue dans  le quartier gouvernemental, tuant 8 personnes et en en blessant plusieurs autres.

Cela étant, le maire d'Oslo aurait été contacté par l'ambassade américaine basée en Norvège pour l'inciter à intercéder en faveur d'Apple auprès du gouvernement. Ce qui n'aurait rien de surprenant : c'est le rôle d'une ambassade que d'agir en faveur de l'intérêt de son pays et, par conséquent, de l'intérêt de ses entreprises. C'est d'ailleurs ce qu'indique l'ambassade américaine elle-même.


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