Après le premier procès en contrefaçon intervenu l’an dernier, voici le premier DRM proposé aux industriels qui veulent vendre sur Internet des fichiers de modèles 3D à imprimer chez soi, ou à faire imprimer par un prestataire. Après la musique et le cinéma, les objets physiques seront les prochains à être piratés. Et la bataille s’annonce épique.

Il y a plus de quatre ans, nous écrivions que les imprimantes 3D signaient probablement la prochaine révolution communiste, mais qu’elle nécessiterait l’acceptation d’un changement profond du modèle économique de la société moderne :

 Ce qui a commencé avec la musique et qui a continué avec les films se poursuivra demain avec les objets de notre quotidien. Le piratage, qu’il vaut mieux appeler « duplication personnelle », est simplement la traduction difficile à accepter d’un mouvement beaucoup plus profond où tout ou presque pourra être dupliqué de chez soi, et amélioré grâce à l’open-source et aux outils de production de plus en plus simples à utiliser

(…) Ensemble, la dématérialisation des objets, la mise en réseau des ressources et la démocratisation des outils de production poussent vers un nouveau modèle économique, voire un nouveau modèle de société (…) La propriété intellectuelle semble être le dernier écrou à faire sauter pour que la révolution néocommuniste éclate véritablement.

Depuis, nous avons vu que les imprimantes 3D ont fait l’objet d’une première plainte en piratage en 2011, pour la mise en ligne d’un modèle 3D imprimable du cube utilisé dans le film Super 8 de JJ Abrams. Le même schéma qu’avec la musique et le film va nécessairement se reproduire, avec une ampleur bien plus grande tant le nombre d’acteurs industriels potentiellement victimes de l’impression 3D sont démultipliés par rapport aux quelques maisons de disques et studios de cinéma. 

Or comme le note TorrentFreakTechnology Review rapporte que des chercheurs ont déposé aux Etats-Unis un brevet portant sur un DRM applicable aux objets physiques. Ou plus exactement,aux fichiers des modèles 3D importables dans les logiciels d’impression. « Vous chargez le fichier sur votre imprimante, et alors votre imprimante vérifie si elle a les droits pour réaliser l’objet, quels matériaux elle a le droit d’utiliser, combien de fois, etc.« , résume le juriste Michael Weinberg, de l’organisation Public Knowledge.

Très vaste, le brevet ne couvre pas seulement l’impression par superposition de matière, mais aussi l’extrusion, l’éjection, l’estampage, le moulage par injection, la peinture, et le tatouage. 

Pour avoir un effet réel, le brevet suppose néanmoins que les fichiers 3D importés dans l’imprimante contiennent un tel DRM, et qu’ils soient illisibles sans. Le principal intérêt sera donc pour les prestataires comme ShapeWays, Sculpteo, ou Thingiverse, qui vendent des modèles 3D à imprimer. Ils pourront rassurer les créateurs d’objets numérisés, en leur assurant que leurs fichiers ne seront pas copiables gratuitement à l’infini, ou en leur proposant un modèle économique évolué. Par exemple, vendre moins cher un fichier utilisable une seule fois, ou vendre à un prix différent le fichier qui peut être imprimé avec du métal, et celui qui peut être imprimé avec du plastique. 

Mais l’histoire a appris qu’en matière de musique et de cinéma, les pirates diffusent (évidemment) des fichiers sans DRM. Ce n’est pas tout à fait un hasard si The Pirate Bay a déjà anticipé et figure parmi les premiers à se lancer dans le mouvement de la copie d’objets, avec ses Physibles.

La guerre de l’impression 3D ne fait que commencer, et elle promet d’être d’une ampleur inédite. Rappelez-vous cette vidéo, dont nous avions déjà parlé, qui montre parfaitement les enjeux de l’impression 3D :

https://youtube.com/watch?v=qJuTM0Y7U1k%3Ffeature%3Dplayer_embedded


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