Membre du bureau exécutif du Parti Pirate allemand, Julia Schramm a permis à son éditeur de lutter contre la diffusion de copies numériques de son livre, publié lundi. Elle aurait reçu une avance de 100 000 euros en droits d'auteur.

L'affaire ne va pas aider le Parti Pirate allemand à retrouver de la crédibilité au moment où sa popularité s'effondre dans les sondages, notamment du fait d'un manque de ligne idéologique clairement identifiée. Et elle fait déjà le bonheur en France de l'Hadopi, dont la responsable des relations institutionnelles Marion Scappaticci n'a pas tardé à pointer l'ironie, en interpellant le Parti Pirate français :

Julia Schramm, une militante de premier plan du Parti Pirate allemand, membre du bureau exécutif du parti politique, se serait fait payer par un grand éditeur une avance de plus de 100.000 euros pour l'édition de son livre, Clickez-Moi : Confessions d'une exhibitionniste d'Internet. Elle y critique pourtant le capitalisme, et la "mafia du contenu". Mais comme si l'ironie n'était pas suffisante, l'écrivain pirate a permis à son éditeur de partir en guerre contre les internautes qui partagent des versions PDF de son livre sur les réseaux P2P ou les services de stockage en ligne.

"Lundi, le jour de la sortie officielle du livre, des copies illégales circulaient sur Internet", raconte ainsi le Spiegel, qui rappelle que le livre est en principe vendu à 13,99 euros dans sa version numérique, ou 16,99 euros pour la version papier. "Des tiers non identifiés ont uploadé des versions PDF du livre sur un service de partage de fichiers sur Internet, et ont diffusé le lien sur des plateformes sociales comme Twitter et Tumblr, avec des informations sur le programme du Parti Pirate, notamment son affirmation selon laquelle l'information devrait être libre". Voyant cela, l'éditeur a mis ses avocats en branle, et fait retirer les copies illicites. Depuis, un message prévient que le fichier a été supprimé, "à la demande de Julia Schramm, auteur du groupe Random House". De son côté, TorrentFreak précise que le livre avait été hébergé sur Dropbox.

Interrogée par Die Welt, Julia Schramm dit ne pas avoir le droit de confirmer ou d'infirmer la somme de 100 000 euros, et tente une curieuse défense pour justifier la lutte contre la diffusion de copies de son livre. "Pour moi ça n'est pas vraiment une contradiction", dit-t-elle. "Il y aura toujours des textes gratuits que j'ai écrits sur mon blog. Il y aura aussi des extraits du livre. J'ai choisi une distribution analogique, parce que ça me permet d'atteindre un autre public que sur mon blog".

Par ailleurs, précise-t-elle, "je retrouverai les droits sur le livre dans 10 ans. Et à ce moment là, je rendrai le livre disponible gratuitement".

La Pirate, qui avait autrefois dit son "dégoût" de la propriété intellectuelle, se félicite dans l'interview que son éditeur ait choisi de faire supprimer le fichier hébergé sur Dropbox, plutôt que de poursuivre en justice les pirates. Elle estime qu'il s'agit d'une démarche "constructive".

Elle dit toutefois regretter de ne pas avoir négocié "avec plus d'agressivité" certains termes de son contrat d'édition. "Peut-être que j'aurais dû insister pour que le livre soit disponible sur le réseau pour les utilisations non-commerciales", dit-elle rétrospectivement, sans exprimer de remord véritable.

"La solution que nous avons trouvée n'est pas parfaite, mais acceptable".

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