Une nouvelle étude sur la qualité des articles de Wikipédia a été menée, à travers un échantillon de 22 sujets. Si ceux-ci ont montré de par leur contenu une fiabilité équivalente voire supérieure à leurs équivalents disponibles dans des encyclopédies traditionnelles, l'enquête s'est surtout centrée sur des sujets scientifiques, où les guerres d'édition et les conflits idéologiques sont généralement rares.

Avec 23 millions d'articles, Wikipédia est assurément le projet encyclopédique le plus abouti de tous les temps grâce à sa nature collaborative. Chacun peut créer un nouvel article, en compléter un autre ou corriger une faute croisée lors de la lecture. Cette ouverture n'est bien sûr pas sans risque : des actes de vandalisme sont parfois à déplorer, mais ils sont en fin de compte relativement rares grâce à l'implication de la communauté.

En revanche, la fiabilité du contenu disponible sur Wikipédia fait régulièrement débat. Si les sujets scientifiques et techniques sont relativement épargnés, ce n'est pas le cas des articles historiques ou politiques, où l'interprétation est plus fréquente et, par conséquent, l'opinion personnelle et même l'idéologie risquent de ressurgir. Des guerres d'édition peuvent alors se dérouler et affecter la qualité du sujet.

En 2005, la revue scientifique Nature avait procédé à une comparaison de 42 articles scientifiques tirés de la version britannique Wikipédia et de leurs équivalents disponibles dans l'Encyclopædia Britannica. Il en était ressorti (.pdf) que le nombre moyen d'erreurs et d'imprécisions par article était de quatre pour l'encyclopédie collaborative et trois pour l'encyclopédie britannique. Les deux encyclopédies étaient donc au coude-à-coude, ce qui a ravi les contributeurs du projet collaboratif.

Une étude sur les articles en anglais, espagnol et arabe

Sept ans plus tard, une nouvelle étude (.pdf) sur le sujet, dirigée cette fois la société de conseil Epic et l'université d'Oxford, a été menée à bien. En effet, le nombre d'entrées disponibles sur la Wikipédia a considérablement augmenté et les éditions réalisées par les internautes n'ont jamais cessé. Autrement dit, la qualité et la quantité des contenus disponibles sur le site ont évolué.

Dans le cadre de cette nouvelle enquête, les chercheurs ont sélectionné 22 entrées et chacune d'entre elles a été évaluée par deux à trois spécialistes. Mais à la différence de l'enquête conduite par Nature, celle-ci ne s'est pas limitée à l'anglais. La qualité de Wikipédia a aussi été évaluée dans deux autres langues : l'espagnol et l'arabe.

Si les articles Wikipédia en langue anglaise ont été comparés avec ceux de l'Encyclopædia Britannica, les versions espagnoles des articles ont été comparées avec ceux d'Enciclonet tandis que les sujets en arabe ont été évalués avec ceux de Mawsoah et d'Arab Encyclopaedia. À chaque fois, les spécialistes interrogés étaient des locuteurs naturels de ces idiomes.  Et le résultat est plutôt flatteur pour Wikipédia, qui fait globalement mieux que les autres encyclopédies.

Des articles d'abord scientifiques

Les 22 articles ne sont toutefois pas issus de n'importe quel domaine. Ce sont surtout des sujets scientifiques (mathématiques, physique, biologie, médecine…) qui ont été évalués. Or, c'est typiquement le type de sujets sur lequel les erreurs sont peu fréquentes, car ceux-là sont d'abord rédigés par des scientifiques, des professeurs ou des étudiants de haut niveau.

Cela ne signifie évidemment pas que cette étude n'a aucune valeur, mais que ses résultats ne doivent pas être étendus à l'ensemble de l'encyclopédie (qui d'ailleurs comporte des milliers d'autres articles scientifiques qui eux n'ont pas été testés). Cette fiabilité mesurée à travers une petite sélection ne peut être étendue à plusieurs millions d'autres entrées.

Cette mise en garde est d'ailleurs apparente dans le message publié sur le blog de la fondation Wikimédia. "Cependant, en tant qu'étude pilote principalement axée sur la méthodologie, elle offre de nouvelles perspectives dans la conception d'un protocole d'évaluation par des experts de contenu encyclopédique". Car en effet, avec un nombre d'articles aussi grand, trouver de nouveaux sujets à créer est plus difficile.

Mais il y a encore fort à faire au niveau de la qualité et de la quantité pour tous les autres sujets.


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