Semaine étrange pour Mark Zuckerberg : non seulement son numéro de téléphone s’est retrouvé dans une fuite de données impliquant Facebook, mais il a aussi été découvert qu’il est inscrit sur Signal, une messagerie instantanée concurrente de WhatsApp, qu’il possède.

Mark Zuckerberg se soucie plus de la vie privée qu’on ne le pense. De la sienne, en tout cas. Il est du genre à coller du scotch sur la webcam et le micro de son ordinateur, mais aussi à racheter les maisons entourant la sienne, pour éviter les indiscrétions. Et, lors de son audition au Sénat, il a montré qu’il n’était pas disposé à dire dans quel hôtel il était descendu avant de se rendre au Capitole.

Visiblement, ce souci de confidentialité s’étend aussi aux applications. Le hasard de la fuite des numéros de téléphone — qui concerne plus 533 millions d’internautes, dont près de 20 millions de Français — a en effet montré que Mark Zuckerberg a installé l’application Signal sur son smartphone, alors même que l’entreprise qu’il a fondée, Facebook, possède depuis 2014 une application concurrente, WhatsApp.

Comment l’a-t-on su ? Il s’avère que des spécialistes en sécurité informatique, mais aussi des journalistes ont exploré les fichiers contenant ces centaines de millions de données et ont découvert que certaines informations y figurant sont celles de Mark Zuckerberg. C’est ce que rapporte par exemple Mikko Hyppönen, le responsable de la recherche au sein de l’entreprise F-Secure, qui édite des antivirus, le 4 avril 2021.

Et puisque le numéro de téléphone de Mark Zuckerberg figure dans la fuite, une idée a émergé : et si on l’ajoutait à ses contacts, au cas où il apparaîtrait dans une application ? C’est ce qu’a fait un autre expert informatique, Dave Walker. Et, surprise, Signal, qui avait accès au carnet d’adresses de Dave Walker, a détecté que Mark Zuckerberg s’est aussi inscrit sur Signal avec ce numéro de téléphone.

« Mark Zuckerberg prend soin également de sa vie privée en utilisant une application de messagerie instantanée dotée d’un système de chiffrement de bout en bout n’appartenant pas à Facebook », a commenté Dave Walker, après avoir testé le numéro de téléphone associé à son compte. Plus tôt, il s’amusait de l’ironie de l’affaire, où Mark Zuckerberg lui-même a fini par se faire rattraper par les fuites.

Il s’avère que WhatsApp est aussi une messagerie instantanée qui autorise des discussions sécurisées grâce au chiffrement de bout en bout. D’ailleurs, le protocole cryptographique qu’elle utilise est celui qu’a conçu Signal pour ses besoins. Celui-ci est très reconnu dans le milieu : Skype s’en sert, tout comme Google. Facebook s’en sert également sur Messenger, si les conversations secrètes sont activées.

Rien ne dit que Mark Zuckerberg se sert vraiment de Signal

La comparaison s’arrête-là : si Signal est soutenue par une fondation, WhatsApp dépend d’une entreprise privée dont le modèle économique est fondé sur la publicité ciblée et la monétisation des données personnelles. D’ailleurs, Facebook a des plans pour rentabiliser WhatsApp, acheté à prix d’or en 2014. Toutefois, ses projets ont provoqué un tollé qui a conduit le réseau social à temporiser un peu.

Depuis, WhatsApp comme Facebook sont entrés dans une sorte de communication de crise pour calmer le jeu et assurer que les futures conditions d’utilisation de WhatsApp, qui entreront en vigueur le 15 mai, ont été mal comprises. La présence de Mark Zuckerberg sur Signal risque toutefois de brouiller le message — un peu, finalement, comme ces marques de smartphones qui envoient des tweets depuis un iPhone.

Signal éphémère

Signal a progressé dans son design et ses fonctionnalités, pour être plus séduisante auprès du public, car le chiffrement n’est pas forcément l’argument massue. // Source : Signal

Il convient toutefois de faire remarquer que l’inscription de Mark Zuckerberg sur Signal ne dit rien de l’utilisation réelle qu’il a de cette application. En tant que chef d’entreprise, il n’est pas improbable de penser à un autre scénario, celui de l’entrepreneur qui utilise un produit concurrent pour en tirer des enseignements — sur les fonctionnalités, sur le design, sur l’interface, etc. — au profit du sien.

Bien que WhatsApp ne boxe pas du tout dans la même catégorie (WhatsApp est utilisé par environ deux milliards de personnes dans le monde), Signal connaît depuis peu un succès important, du fait du tollé des internautes contre WhatsApp — ce qui profite aussi à Telegram, même si son degré de sécurité est moindre. Dès lors, il n’y a rien d’absurde à ce que Mark Zuckerberg souhaite regarder de plus près cette application.

Pour Signal, c’est en tout cas une opportunité médiatique inespérée. Ses concepteurs s’en amusent d’ailleurs sur Twitter. Le 6 avril, un message taquin a été publié pour suggérer aux internautes de faire comme Mark Zuckerberg : quitter WhatsApp pour venir les rejoindre.  « Alors que la date limite d’acceptation des conditions d’utilisation de WhatsApp du 15 mai approche à grands pas, Mark montre l’exemple ».

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