Comme Spotify ou Netflix, Tinder en a assez des commissions imposées par Apple et Google. L’application de rencontres pousse donc les internautes à renseigner directement leurs coordonnées bancaires pour ne plus se soumettre à ces prélèvements.

La liste des applications de premier plan qui se rebellent contre les commissions imposées par Apple et Google s’allonge. Après Spotify dès 2015, puis Fortnite et Netflix l’année dernière, c’est maintenant au tour de Tinder de chercher à s’en extraire. IAC, la maison-mère de l’application de rencontre, ne veut plus se soumettre elle aussi aux prélèvements opérés par les deux géants de la Silicon Valley.

Dans le collimateur de Tinder se trouve la « taxe » que prélève Google sur les achats de services ou de contenus numériques passant par le système de paiement fourni par la firme de Mountain View sur Android. Cette ponction s’élève à 30 % de la valeur de la transaction et concerne, dans le cas de Tinder, ses deux abonnements mensuels, Plus et Gold, qui offrent des services additionnels.

Un « match » se fait quand deux personnes likent leurs profils respectifs. // Source : Montage Numerama

Un « match » se fait quand deux personnes likent leurs profils respectifs.

Source : Montage Numerama

100 % des transactions

Pour échapper à la commission de Google, raconte Bloomberg le 19 juillet 2019, sur la base des constats faits par un analyste de la société Macquarie, Tinder pousse sa clientèle à renseigner ses coordonnées bancaires directement dans l’application mobile. De cette façon, la solution proposée par Google est évincée, permettant à IAC de récupérer 100 % de la valeur des abonnements et non plus seulement 70 %.

Cette tactique ne concerne que les personnes voulant utiliser ou utilisant déjà des services payants de Tinder ; celles et ceux n’ayant qu’un usage gratuit n’ont pas besoin d’inscrire quoi que ce soit. Sur les écrans d’abonnements, c’est l’inscription par carte bancaire qui est mise en avant. L’autre paiement, via Google Play, est caché sous le clavier, pour orienter les internautes, observe FrAndroid.

Il faut faire remarquer que le montant du prélèvement est abaissé à 15 % au bout d’un certain temps, que ce soit pour Apple ou Google. « Les frais de transaction que vous conservez après 12 mois de paiements seront de 15 % », lit-on dans la documentation. Autrement dit, l’éditeur de l’application finit par récupérer 85 % du prix après une année écoulée, contre 70 % auparavant.

Et Tinder n’a pas fait les choses à moitié : une fois que l’internaute a rempli tous les champs appropriés, il n’est plus possible de rebasculer ultérieurement sur le système proposé par Google Play, la boutique en ligne de la firme de Mountain View. Tout achat futur, que ce soit des abonnements ou des services spécifiques, passe alors par les éléments communiqués par l’internaute.

« C’est un business extrêmement profitable pour Google »

Grâce à ce système de prélèvement, Google et Apple profitent depuis 2008, date à laquelle ont été lancées les deux boutiques d’applications, d’une formidable source de revenus. On parle en effet de chiffre à plus de huit zéros. « C’est un business extrêmement profitable pour Google, qui lui rapporte des milliards de dollars », confirme Ben Schachter, l’analyste de Macquarie.

Un business extrêmement rentable, donc, mais que Google justifie : ces sommes « sont consacrées aux frais de fonctionnement » de Google Play, en vue de fournir une plateforme disponible, sûre et pratique. Ce sont les mêmes arguments qu’avance Apple face à Spotify, ce dernier accusant la firme de Cupertino de pratiques illicites. Cette commission sert à financer l’App Store et les avantages qu’en retirent les applications.

Le Google Play Store // Source : Google

Le Google Play Store

Source : Google

Les apps qui se rebiffent sont celles qui rapportent le plus

Avec Tinder qui rejoint la liste des services rebelles ne voulant plus se soumettre à ces commissions — en tout cas, à de tels montants — c’est un avertissement supplémentaire qui sonne pour Apple et Google. Car les applications qui se rebiffent aujourd’hui sont celles qui rapportent aussi le plus aux deux entreprises, parce que ce sont celles qui sont en capacité de développer leur propre alternative.

Toute la question est de savoir si les actions de Tinder, Spotify, Netflix et Fortnite ne sont que des feux de pailles ou si elles feront tâche d’huile auprès d’autres apps très populaires intégrant aussi des abonnements mensuels. La perspective de récupérer 100 % des transactions constitue en tout cas une motivation suffisante pour être le prélude d’un mouvement plus global. La réaction de Google et Apple sera à guetter.

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