L’autorité des télécoms vient d’actualiser son observatoire faisant état de la transition IPv6 en France.

Où en est la France dans sa transition vers IPv6 ? Désireux d’avoir un état des lieux du taux d’utilisation de ce protocole réseau, qui doit remplacer IPv4, le gouvernement a demandé à l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) de publier un observatoire du déploiement. Nous étions alors début 2016. Depuis, le gendarme des télécoms s’est exécuté.

L’adresse IP sert à identifier une connexion sur le réseau, qui peut être partagée par une ou plusieurs machines. Elle est considérée comme une plaque d’immatriculation.

En effet, une première version de l’observatoire fut publiée début décembre avec, en particulier, un graphique montrant l’évolution du taux d’utilisation d’IPv6 en France, tel qu’observé par Google, ainsi que des statistiques sur la transition à différents niveaux de la chaîne technique (équipementiers, fournisseurs d’accès à Internet dans le fixe, intermédiaires techniques…).

Les données récoltées par l’Arcep, qui proviennent de diverses sources (Cisco, Google, des équipementiers questionnés par l’autorité, l’observatoire de la résilience de l’Internet), comparaient également la situation française avec celle des autres pays européens, afin de déterminer l’état d’avancement de l’Hexagone dans sa transition vers IPv6 par rapport aux nations du continent.

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Crédits : DE-CIX

Ce sont ces informations que l’autorité vient d’actualiser, avec des chiffres datant du 31 mars 2017. L’observatoire note que le taux d’utilisation de l’IPv6 s’élève à 14,6 % en France. Au niveau européen, Paris est devant des nations comme l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Autriche, mais derrière le Portugal, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, la Grèce, et le Royaume-Uni.

Du côté des FAI pour le fixe, c’est chez Free et Orange que le taux d’utilisation d’IPv6 est à la fois le plus important et le plus dynamique : il est de 28,5 % chez Free (contre 24 % en décembre) et atteint 16,5 % chez Orange (contre 16 %). En revanche, il reste au ras des pâquerettes du côté de Bouygues Telecom et SFR, sans la moindre évolution en cinq mois : 1 % pour le premier et 0,5 % pour le second.

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Concluant sur la manière de donner un coup d’accélérateur au passage vers IPv6, l’Arcep rappelle avoir établi une stratégie en six points que l’organisme détaille dans un rapport qui a été remis en septembre dernier au gouvernement.

  • Montrer l’exemple en s’engageant dans des délais ambitieux à rendre accessibles en IPv6 tous les services en ligne de l’État tels que les sites gouvernementaux (impots.gouv.fr, …) et ceux des services publics les plus utilisés (assurance maladie, CAF, …) ;
  • Généraliser l’enseignement d’IPv6 aussi bien dans les formations initiales que continues, afin de lever, par la pédagogie, les freins à l’adoption du protocole IPv6 ;
  • Mettre en place les espaces d’échange adéquats afin de fédérer la communauté et permettre un échange sur les bonnes pratiques et les expériences individuelles ,
  • Améliorer la coordination entre parties prenantes  en rendant publiques les intentions de court et moyen termes des acteurs majeurs de la transition ;
  • Mieux informer l’utilisateur notamment sur la pérennité des terminaux dont il dispose et les possibles dysfonctionnements liés aux mécanismes de rationnement des adresses IPv4 ;
  • Préparer la fin d’IPv4 en permettant, à terme, aux acteurs qui souhaitent rationaliser la gestion de leurs réseaux de pouvoir se passer définitivement du protocole IPv4.

IPv6 ?

IPv6 a été élaboré dans le but de combler les insuffisances d’IPv4, le standard actuel, dont le schéma d’écriture, par exemple 62.210.7.70 pour Numerama, ne suffit plus à couvrir la totalité des besoins d’adresses provenant des machines se connectant au réseau. En effet, avec IPv4, l’adresse est formée d’une suite de quatre nombres pouvant aller de 0 à 255, ce qui permet d’avoir plus de 4,29 milliards d’adresses en même temps.

Au début d’Internet, IPv4 semblait largement suffire pour couvrir tous les besoins futurs. Et comme de bien entendu, les choses ne se sont pas du tout passées comme ça : il y a eu un boom de l’informatique personnelle, les terminaux (smartphones, tablettes) sont arrivés dans nos poches et nos sacs, et maintenant il y a l’Internet des objets qui est en train de faire son trou.

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Puisque tout ou presque semble destiné à pouvoir être connecté au réseau, IPv4 n’est plus viable et cela même si des bidouilles techniques, comme la translation d’adresses IP, ont permis au standard actuel de tenir un peu plus longtemps, Et puis il ne faut pas perdre de vue que le stock d’adresses IPv4 ne permet même pas d’attribuer une adresse IP par personne sur Terre.

Avec IPv6, on change de dimension. Son schéma d’écriture est fait de huit blocs, chacun accueillant quatre symboles hexadécimaux (lettres de A à F et chiffres de 0 à 9). De quoi écrire 340 sextillions d’adresses différentes. Disons le, c’est un nombre qui est en dehors du champ de la compréhension humaine. « Pour épuiser la totalité de ce stock d’adresses, il faudrait placer 667 millions de milliards d’appareils connectés sur chaque millimètre carré de la surface de la Terre », écrit Wikipédia, pour essayer de donner un ordre d’idée

Une adresse IPv6 s’écrit ainsi : 5800:10C3:E3C3:F1AA:48E3:D923:D494:AAFF.


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