L’objectif est ambitieux : acquérir un million de drones en trois ans maximum, puis assurer une cadence soutenue par la suite. Voilà l’objectif que s’est fixé l’US Army, alors que les drones à bas coût sont extrêmement employés sur le théâtre russo-ukrainien.

La guerre entre l’Ukraine et la Russie en fait chaque jour la démonstration : un conflit moderne de haute intensité est extrêmement consommateur de drones. Cela a même tendance à augmenter avec le temps, alors que la ligne de front n’évolue plus beaucoup. En juin 2025, 5 000 aéronefs sans pilote ont ainsi été lancés contre l’Ukraine. C’est quinze fois plus qu’au mois de juin 2024.

« En une semaine, c’est à peu près 1 700 drones qui sont tirés par les Russes sur l’Ukraine. Et au-delà des drones, c’est des missiles assez performants, qu’il est difficile d’intercepter », soulignait à ce sujet le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, au sujet des défis auxquels fait face la défense aérienne ukrainienne, dans une déclaration au Sénat le 6 novembre.

Une réalité que n’ignore par non plus l’Amérique. Signe, d’ailleurs, de la prise de conscience des chancelleries occidentales à l’égard de la place considérable prise par les drones dans les opérations militaires du 21e siècle, l’armée de Terre des États-Unis désire acquérir un million de ces engins volants à relative brève échéance. On parle en effet de livraison achevée d’ici deux à trois ans, soit vers 2027-2028.

Un million de drones pour commencer, puis une cadence très soutenue par la suite

Cet horizon, relayé par Reuters le 7 novembre, a été évoqué par Daniel P. Driscoll, le secrétaire à l’Armée des États-Unis. Et ça ne s’arrête pas là. Au-delà de ce premier million de drones à acquérir, il s’agit pour l’US Army de pouvoir compter sur une base industrielle et une chaîne logique pouvant tenir une cadence de production permettant de sortir des ateliers entre 500 000 et des millions de drones par an.

De fait, une telle approche suggère que les aéronefs ne seraient pas de très haute technologie, afin de faciliter la massification d’un tel programme. Cela laisse aussi à penser que ces systèmes n’auraient pas une durée de vie très longue, parce qu’ils seraient consommés rapidement, avant d’être remplacés — soit parce qu’ils seront détruits ou brouillés par un adversaire, soit parce qu’ils seront des engins kamikazes.

Un soldat formé au pilotage de drone. // Source : Anton Frolov
Dans le cadre de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les drones sont extrêmement employés. // Source : Anton Frolov

Cette évolution dans la philosophie ne signe pas l’arrêt des aéronefs sans pilote de pointe, bardés de capteurs, furtifs et ultra-connectés. Ces engins n’ont pas vocation à quitter les forces et gardent un intérêt opérationnel. En revanche, ils ne sont pas conçus comme des « munitions ». En revanche, les centaines de milliers, voire les millions de drones évoqués par Daniel P. Driscoll entrent dans cette logique.

Naturellement, il est attendu de ces drones « plus simples » à fabriquer ne coûtent pas les yeux de la tête, à la différence du nec plus ultra de l’engin sans pilote. Il faudra aussi qu’ils soient modulaires et évolutifs, et que la base industrielle soit réactive pour adapter les lignes d’assemblage. Cela, afin de tenir compte de la réalité du théâtre d’opération dans lesquels ces « munitions téléopérées » sont engagées.

La Russie et l’Ukraine en produisent déjà des millions

Les objectifs de production évoqués par l’US Army paraissent très hauts et vont être un défi à tenir, vu les volumes. Mais soutenir cette cadence n’est pas forcément impossible. En tout cas, on est sur ces niveaux à Moscou et à Kiev. Côté russe, on évoque 1,4 million d’unités par an ; côté ukrainien, on se situerait vers le million, selon des chiffres pour 2024. Pour la suite, on parle respectivement de 5 et 2 millions.

Les USA doivent donc se mettre à la page, y compris dans la perspective d’un conflit avec la Russie — régulièrement, des inquiétudes émergent sur le risque d’un accrochage militaire entre Moscou et l’OTAN dans les années à venir. Au-delà, il y a aussi l’émergence de la Chine, que l’Amérique suit de près. Là aussi, la crainte d’un conflit existe du fait de la question taïwanaise. Et la Chine aussi sait produire en masse des drones.

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