Le camp de concentration d’Auschwitz vient d’être reconstitué en réalité virtuelle par la police allemande. Objectif : utiliser cette modélisation 3D comme élément de preuve dans les procès d’anciens gardes nazis.

L’usage de la réalité virtuelle commence à se répandre dans de nombreux domaines différents. Le plus récent ? La reconstitution 3D du camp de concentration d’Auschwitz, qui peut être exploré avec un casque VR. Même si cet environnement peut, au premier abord, ressembler à un jeu vidéo comme Call of Duty ou Wolfenstein, il n’a pas été conçu dans un esprit ludique mais pour permettre aux enquêteurs allemands d’enquêter sur les crimes perpétrés par les gardes nazis.

La reconstitution a été réalisée par le Bureau criminel de l’État de Bavière (LKA), sous la direction de Ralf Breker, expert en imagerie numérique : « Nous avons passé 5 jours à Auschwitz pour réaliser des scans laser des bâtiments. Au total, il nous aura fallu 6 mois pour terminer le projet ».

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Cette tâche s’est révélée d’autant plus compliquée que les nazis avaient détruit beaucoup de bâtiments — notamment les chambres à gaz et les fours crématoires — avant l’arrivée des Russes en 1944. Néanmoins, l’équipe a pu compenser ce manque grâce aux plans détaillés des bâtiments découverts dans les archives du camp, qui ont permis une modélisation 3D fidèle du camp de concentration où plus d’1 million de personnes ont été exterminées.

La réalité virtuelle permet de découvrir ce que les accusés voyaient depuis leur poste

Plus tôt dans l’année, la reconstitution 3D avait déjà contribué à la condamnation de l’ancien SS Reinhold Hanning à cinq ans de prison pour avoir contribué au meurtre d’au moins 170 000 personnes, comme l’explique Ralf Breker : « Dans sa décision, le juge a précisé que le modèle 3D lui avait permis de visualiser concrètement ce que Reinhold Hanning pouvait voir depuis son poste de garde. » Les crimes, même vieux de 70 ans, peuvent ainsi être exhumés par cette nouvelle technologie.

Ralf Breker est convaincu qu’un tel usage de la réalité virtuelle, pour l’instant réservé à la reconstitution de crimes contre l’humanité — imprescriptibles — va vite se généraliser : « Je pense que d’ici 5 à 10 ans, la réalité virtuelle va devenir un outil banal pour la police, pas seulement en Allemagne mais dans le monde entier puisqu’elle permet d’accéder aux scènes de crime des années après. »


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