Dans une interview exclusive accordée à Numerama, Evan Spiegel, le cofondateur de Snap, dévoile les ambitions du groupe dans la catégorie des lunettes connectées. Peu convaincu par les Meta Ray-Ban Display, qu’il ne juge « pas vraiment utiles », le fondateur de Snapchat espère provoquer une révolution technologique en 2026 avec ses lunettes Specs.
En 2026, les premières Spectacles fêteront leurs 10 ans. Les lunettes connectées de Snap, qui embarquaient une caméra pour prendre des photos et des vidéos, étaient d’une certaine manière en avance sur leur temps. Snap a longtemps tenté de les rendre populaires, avant d’abandonner et de pivoter vers un projet plus ambitieux pour les développeurs basé sur la réalité augmentée. Le succès des Ray-Ban Meta quelques années plus tard a fini par donner raison à l’entreprise : Snap était en avance sur son temps.
Dix ans plus tard, Evan Spiegel, le créateur de Snapchat, n’a toujours pas renoncé à son rêve. Dans une rare interview accordée à Numerama, l’Américain naturalisé Français revient sur ses ambitions avec les lunettes connectées. Evan Spiegel est convaincu d’une chose : Snap peut se transformer en « une entreprise majeure et repenser l’informatique pour la rendre plus humaine ».

Evan Spiegel a essayé les lunettes Meta Ray-Ban Display et n’est pas convaincu
En 2026, Snap présentera sa première paire de lunettes de réalité augmentée conçue pour le grand public. Evan Spiegel ne veut pas trop en dire sur ce nouveau produit, mais promet une rupture technologique avec les kits de développement actuellement commercialisés. « Nous avons réussi à mettre un ordinateur dans une paire de lunettes. Un ordinateur qui vous permet de garder la tête haute et les mains libres, au lieu de vous enfermer derrière un écran. »
Evan Spiegel indique à Numerama que « les prochaines Specs auront des écrans binoculaires », ce qui signifie qu’elles permettront de voir des visuels en 3D. « C’est essentiel pour une vraie réalité augmentée, dans un format très proche de lunettes normales », promet-il, alors que Meta, avec ses Ray-Ban Display, a fait le pari de ne proposer qu’un seul écran.

Au lancement, Evan Spiegel ne s’attend pas à ce que le monde entier se précipite vers les lunettes de Snapchat. « Elles s’adresseront avant tout aux early adopters et aux visionnaires », anticipe le dirigeant. « Pouvoir disposer d’un très grand écran partout, pour monter, regarder ou travailler, change profondément la productivité. » Il ajoute : « il ne s’agit pas de remplacer le smartphone, mais d’inventer de nouvelles expériences informatiques. »
« Nous avons réussi à mettre un ordinateur dans une paire de lunettes »
Evan Spiegel, cocréateur de Snapchat
Pour le grand public, le plus grand rival de Snap est aujourd’hui Meta. Avec ses Meta Ray-Ban Display (un écran 2D dans l’œil droit) et son prototype Orion (deux écrans dans chaque œil, en 3D), l’entreprise de Mark Zuckerberg semble avoir un cran d’avance sur Snap, qui ne fait pour l’instant que promettre une révolution. Snap espère directement concurrencer Orion avec ses lunettes, qui disposeront d’un écran par œil et d’un contrôle avec les mains.
« Les Specs se contrôlent avec la voix et les mains, car c’est la manière la plus naturelle d’interagir avec le monde autour de nous. Notre idée, c’est de rendre l’informatique plus humaine. Et pour y parvenir, il faut que les gens puissent utiliser un ordinateur comme ils utilisent tout le reste. Nous n’investissons donc pas dans un bracelet ni dans ce genre d’interface », indique Evan Spiegel, alors que Mark Zuckerberg a fait le pari d’un bracelet neuronal.

Evan Spiegel a-t-il essayé le produit de son concurrent ? Il indique à Numerama que oui, tout en affirmant ne pas du tout être impressionné : « J’ai essayé leurs lunettes. Comme beaucoup, j’ai trouvé que les fonctionnalités étaient très limitées. Elles ne sont pas très utiles », indique-t-il. Difficile d’être surpris, Mark Zuckerberg dira probablement la même chose des Specs (il avait notamment taillé l’Apple Vision Pro à sa sortie).
De l’intelligence artificielle et un temps d’écran réduit : Snap imagine un futur « plus humain »
Evan Spiegel peut-il vraiment réussir en 2026 là où il a échoué en 2016 ? « Il y a dix ans, nous avons lancé nos premières lunettes-caméra, mais elles n’étaient pas dix fois meilleures qu’un smartphone. Pour que ce format décolle, il doit être dix fois meilleur », reconnaît le patron de Snapchat.
Evan Spiegel imagine notamment que les lunettes « permettront de superviser des intelligences artificielles qui agiront à notre place », ce qui réduira globalement notre temps d’écran, qui est déjà de sept heures par jour aujourd’hui. Il imagine aussi que le jeu vidéo pourrait en bénéficier : « la plupart des jeux d’aujourd’hui restent isolants, avec une seule personne derrière un écran. Avec des lunettes, on peut partager le même environnement et jouer ensemble dehors. »

En septembre, Snap a dévoilé Snap OS 2.0, un système d’exploitation plus adapté aux lunettes connectées. Compatible avec WebXR, il vise à offrir de nombreux usages aux futurs propriétaires des lunettes Snap. Evan Spiegel dit ne pas vouloir créer un gadget, mais « une nouvelle plateforme informatique ».
Un des principaux enjeux de Snap OS est d’attirer les grands développeurs, face à Apple (visionOS), Google (Android XR) et Meta. En attendant, Evan Spiegel veut rassurer les développeurs : « Tout ce qui fonctionne dans un navigateur fonctionnera sur les Specs. Cela représente un nombre immense d’expériences sans que les développeurs aient à recréer quoi que ce soit. »

En 2026, Snap espère émerveiller les utilisateurs avec ses lunettes. L’objectif ultime d’Evan Spiegel est de rendre l’informatique moins isolante en permettant à des utilisateurs de passer du temps ensemble dehors, sans être déconnectés.
Snap doit maintenant réussir à résister aux rouleaux compresseurs Meta, Apple et Google, qui ne lui feront probablement aucun cadeau.
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