Parfois, certains projets industriels sont si colossaux qu’ils ne peuvent pas être menés de front en solitaire. Si ce n’est pas le cas de l’avion de combat de 6e génération, que Dassault Aviation dit pouvoir faire seul en cas de lâchage du partenaire allemand, il n’en va pas forcément de même pour le concept « d’avion spatial » que l’avionneur français veut bâtir.
Ce constat a été fait par Éric Trappier patron de Dassault Aviation, alors qu’il passait devant les membres de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, le 24 septembre 2025. L’intéressé a glissé dans son propos liminaire l’ambition de son groupe « de se développer dans le spatial », tout en reconnaissant que ce sera très dur.

L’intéressé a ainsi pris le cas des constellations de satellites à la Starlink, qui a pris énormément d’avance, et celui des lanceurs, un secteur dans lequel « c’est aussi compliqué ». Là encore, l’ombre de SpaceX plane avec le lanceur Falcon 9. L’entreprise américaine d’Elon Musk s’est imposée dans ces deux domaines avec brio en à peine vingt ans.
Du côté de Dassault Aviation, son ambition dans le spatial se matérialise à ce stade par la perspective d’avoir une navette capable d’aller dans l’espace et de revenir, un peu sur le modèle de la navette spatiale américaine. C’est typiquement l’un des domaines que le groupe « essaie de développer », a-t-il expliqué aux parlementaires.
Le Vortex, un projet porté par Dassault, qu’il faudra faire en commun
Mais si le constructeur aéronautique a ce projet depuis longtemps dans les cartons, et qu’il a d’ailleurs profité du dernier salon du Bourget, en 2025, pour montrer une maquette de l’appareil appelé Vortex, la suite devra de toute évidence s’écrire au pluriel. « On ne le fera pas seuls », a ainsi souligné le PDG à l’Assemblée.
La raison ? Elle est financière. « Les niveaux d’investissement sont tels qu’on devra vraiment avoir d’autres pays qui s’impliquent dans ces projets futurs », a-t-il alerté. Et s’il n’a pas mentionné les pays avec lesquels s’associer pour un tel programme, c’est vraisemblablement au niveau continental, avec les autres pays de l’UE, que cela va se jouer.

C’est, a-t-il également fait comprendre, un enjeu de puissance. « On sera [sinon] dépassé par les États-Unis, mais surtout par la Chine, qui va très vite dans l’espace, avec une vraie motivation ». Or, « le spatial est le futur », a-t-il continué. Ne pas investir ce segment constituerait une faute stratégique, saisit-on en creux.
Dans ce domaine, une inspiration évidente pourrait être le modèle suivi avec la fusée Ariane 6. Si le lanceur a été majoritairement financé par la France, à plus de la moitié, d’autres contributions notables viennent de l’Allemagne et de l’Italie, puis, avec des parts plus modestes, de l’Espagne, de Belgique, de Suisse et de sept autres nations.
Actuellement, Dassault envisage le développement du Vortex en quatre phases, avec quatre engins : le Vortex D, le Vortex S, le Vortex C et le Vortex M. Le premier sera un démonstrateur, devant voler dès 2027, suivi d’une navette à l’échelle 2/3. Viendra ensuite la version cargo, puis la déclinaison habitable, à la bonne échelle.
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