Cela aura été l’une de ses dernières annonces comme ministre des Armées : la modernisation de l’arsenal nucléaire français, avec la mise en chantier des nouveaux missiles M51.4 qui transporteront les ogives nationales. Mais à présent, Sébastien Lecornu est appelé à de nouvelles fonctions : il vient d’être nommé Premier ministre par Emmanuel Macron.
Cette décision, prise le lendemain de la chute de François Bayrou, renversé par l’Assemblée nationale lors d’un vote de confiance, constitue pour le principal intéressé la consécration de son engagement auprès du chef d l’État. Il est, en effet, le seul ministre à avoir servi de manière ininterrompue dans tous les gouvernements successifs depuis 2017.
Le ministre à la plus longue longévité sous Macron
Sébastien Lecornu a d’abord servi comme secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot, puis de François de Rugy, qui furent ministres de la Transition écologique et solidaire. Il a ensuite pris le poste de ministre chargé des Collectivités territoriales, en octobre 2018, avant de prendre l’Outre-Mer entre juillet 2020 et mai 2022.
Lors de la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, Sébastien Lecornu est rappelé pour le nouveau gouvernement, avec cette fois un seul portefeuille entre les mains : celui du ministère des Armées. Une tâche forcément très accaparante, car, un peu moins de trois mois avant, la Russie lançait son invasion à grande échelle contre l’Ukraine.



De fait, il s’est retrouvé en première ligne dans le dossier politico-militaire de soutien à l’Ukraine, notamment en matière de livraison d’armes (comme des canons Caesar, des missiles, des véhicules blindés ou des avions de chasse Mirage 2000) aux côtés d’Emmanuel Macron et de Thierry Burkhard, alors chef d’État-major des armées.
Sur un volet plus législatif, Sébastien Lecornu a piloté le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour les années 2024-2030, qui a fini par être promulgué le 1er août 2023. Ce texte est arrivé plus tôt que prévu, en remplaçant la « fin » de la précédente LPM, qui courrait de 2019 à 2025, en raison de la dégradation sécuritaire en Europe.
En effet, les trois dernières années ont été marquées par la poursuite de la guerre russe contre l’Ukraine et par des tensions croissantes entre Moscou et l’Occident, accompagnées parfois de campagnes hybrides contre les membres de l’Union européenne. Dès lors, le nouveau texte cherche à tenir compte de ce nouveau contexte et d’anticiper la suite.
Accroitre la montée en puissance de l’armée française dans un contexte dégradé
Cette nouvelle LPM vise ainsi à mieux se préparer à la « haute intensité » contre un adversaire ayant une puissance comparable ou supérieure, de renforcer la défense du territoire et de consolider la dissuasion nucléaire, mais aussi de mieux faire face aux nouveaux champs de conflictualité (cyber, espace, informationnel, électromagnétique, fonds marins).
Signe de l’importance de ces domaines, beaucoup d’annonces et de projets venant de Sébastien Lecornu ont concerné le calcul haute performance (au profit de l’IA, notamment), le quantique militaire, les armes à énergie dirigée (les lasers), les drones explosifs, la très haute altitude, le renforcement du côté des satellites ou encore les armes hypersoniques.

Ces problématiques, comme d’autres (porte-avions de nouvelle génération, évolutions futures du Rafale, avion spatial Vortex, poursuite du programme du SCAF entre l’Allemagne et la France ou encore développement prochain chat combat terrestre), resteront certainement suivies par M. Lecornu dans ses nouvelles fonctions.
Mais ses responsabilités sont désormais plus larges, et certaines priorités plus urgentes. Ainsi, le nouveau Premier ministre a reçu la mission de « consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois. »
Une tâche assurément herculéenne, dont le succès reste incertain à cette heure. Les oppositions, à l’annonce de la nomination de Sébastien Lecornu, ont vivement critiqué cette décision — qui survient la veille d’un important mouvement social. Celui qui a suivi de près la guerre en Ukraine va donc se retrouver désormais dans une autre bataille, beaucoup plus politique cette fois.
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