Le fédivers désigne un ensemble de serveurs indépendants capables d’interagir entre eux. Cette technologie décentralisée permet à des réseaux sociaux concurrents, comme Mastodon et Threads, de communiquer entre eux.

« Vous pourrez bientôt suivre et interagir avec des personnes qui utilisent d’autres plateformes de fédivers comme Mastodon. Elles pourront également trouver des personnes sur Threads à l’aide de leur nom d’utilisateur complet, comme @[email protected] »

Avec cette petite phrase, Meta a soudainement donné envie au grand public de s’intéresser au fédivers. Le réseau social Threads, qui a déjà plus de 100 millions d’utilisateurs, est conçu sur un modèle décentralisé. L’approche du créateur de Facebook et d’Instagram est de ne pas réserver les interactions Threads aux utilisateurs de Threads, mais de laisser les utilisateurs des autres réseaux sociaux visiter sa plateforme. Bien sûr, tout cela ne peut pas se faire par magie. Le fédivers est un terme très global, mais c’est surtout le protocole utilisé par ces nouveaux types de réseaux sociaux qui compte.

Les réseaux sociaux du futur, vraiment ?

À l’heure du DSA (Digital Services Act) et des grandes réglementations du monde numérique, l’ouverture est au cœur des discussions technologiques. L’Union européenne rêve d’un monde où tous les services pourront communiquer entre eux, mais oublie souvent de prendre en compte les contraintes techniques. Avec le « fédivers », Meta prépare le terrain pour ce futur plus ouvert et interopérable, où ses plateformes pourront parler avec celles des autres, pour entrer en conformité avec la loi.

Si on se fie au modèle actuel, on peut imaginer que Threads deviendra prochainement une instance. Les utilisateurs de Threads communiqueront entre eux à l’aide de pseudonymes (ils ne verront qu’eux), mais les utilisateurs des autres réseaux sociaux décentralisés, comme Mastodon, les verront sous la forme de @[email protected]. D’ailleurs, sur Mastodon, différentes instances existent déjà, avec leurs propres règles. @mastodon.social est la plus connue, mais il y en a d’autres. Un jour, un utilisateur de Threads pourrait donc recevoir un commentaire d’un @[email protected], en visite sur son instance. On peut imaginer le fédivers comme une galaxie de petits mondes numériques indépendants, appelés instances, qui peuvent communiquer et interagir entre eux.

Source : Adèle Foehrenbacher pour Numerama
Le logo de Threads. // Source : Adèle Foehrenbacher pour Numerama

Comme le métavers, le fédivers est un terme assez fourre-tout, que tout le monde ne comprendra pas forcément de la même manière. La réalité est qu’il peut exister plusieurs fédivers, puisque ce terme n’englobe que le principe (il s’agit d’une contraction entre fédération et univers). Dans le cas de Threads et de Mastodon, le protocole utilisé s’appelle ActivityPub. C’est lui qui permet à différents serveurs de communiquer entre eux, sans que les données soient situées aux mêmes endroits. On peut le considérer comme une sorte de langue commune pour les réseaux sociaux (ou les sites web en général).

Le fait que Threads utilise ActivityPub est important, puisque cela l’empêche d’interagir avec d’autres réseaux sociaux décentralisés, comme Bluesky. Cette plateforme utilise l’AT Protocol, qui est plus récent qu’ActivityPub (2022 contre 2018). Les réseaux sociaux décentralisés, même quand ils appartiennent au fédivers, ne sont donc pas automatiquement compatibles entre eux. En ce qui concerne Twitter, son ancienne direction était plutôt favorable à l’idée d’en faire une plateforme ouverte, mais Elon Musk n’est pas en phase avec ce modèle. Une transition serait de toute manière techniquement délicate.

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Threads, par Instagram

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