Seuls deux patients avaient été entièrement guéris du VIH jusqu’à présent. Cette femme est la troisième, avec un traitement nouveau qui n’avait jamais été appliqué jusqu’à présent et qui ouvre de nouvelles possibilités.

Face au virus du Sida, la médecine est mise au défi sur deux points : établir des vaccins et identifier des traitements. Aucune de ces deux voies de recherche n’est simple. Les enjeux pour les traitements sont de parvenir à débarrasser entièrement le corps du virus, alors qu’aujourd’hui, les patients doivent suivre un traitement à vie pour empêcher le virus d’agir.

En présentant de nouveaux résultats, en février 2022, le réseau International Maternal Pediatric Adolescent AIDS Clinical Trials donne de l’espoir. Une patiente intégrée à l’une des études du réseau est entièrement débarrassée du virus : son corps est « purgé ». C’est extrêmement rare.

C’est même tellement rare que seuls deux autres cas de ce type ont déjà été référencés. Le premier, Timothy Brown, est surnommé le « patient de Berlin », et il a été entièrement guéri en 2012. Le second, Adam Castillejo, est quant à lui surnommé « patient de Londres » et est guéri depuis 2020.

Un traitement avec moins d’effets secondaires graves

La patiente (dont l’identité n’est pas divulguée pour l’instant) avait la particularité, comme les deux autres patients précédemment guéris, d’être également atteinte d’un cancer — ce type d’option n’est offert pour l’instant qu’à des personnes souffrant également d’un cancer, car c’est une démarche assez lourde. Elle a reçu un don de sang issu d’un cordon ombilical, couplé à un don de sang issu d’un proche, permettant de booster son système immunitaire pendant la transplantation. Les deux précédents patients guéris avaient reçu des cellules souches de moelle osseuse. L’usage du sang de cordon ombilical change beaucoup de choses.

Max Pixel/CC0 (photo recadrée)
Ce traitement a eu lieu grâce à une transfusion de sang issu du cordon ombilical, ainsi qu’une transfusion de sang d’un proche. // Max Pixel/CC0 (photo recadrée)

Les greffes de moelle osseuse contre le VIH proviennent de donneurs qui portent en eux une mutation génétique capable de bloquer le virus du Sida. Environ 20 000 personnes dans le monde portent cette mutation, et ils ont presque tous une ascendance génétique nord-européenne. Sauf qu’une transplantation de moelle osseuse ne peut se faire qu’avec une compatibilité très élevée, ce qui implique aussi la même origine entre le donneur et le receveur.

Or, la patiente concernée par ce nouveau résultat était métisse. Comme beaucoup d’autres personnes, elle aurait donc été difficilement éligible à un tel traitement. En revanche, le don de sang issu du cordon ombilical provenait d’un donneur partiellement compatible seulement, sans que cela ne pose problème. Cela ouvre la voie à une plus grande accessibilité à cette solution.

Ce nouveau traitement semble également avoir des effets secondaires bien moins lourds. Les deux hommes guéris avec la greffe de moelle osseuse ont notamment subi un phénomène appelé « réaction du greffon contre l’hôte » : la greffe remplace le système immunitaire en tuant les cellules problématiques, mais les cellules du donneur attaquent aussi les cellules saines du receveur, ce qui endommage les organes et affaiblit le corps. Sauf que la femme nouvellement guérie a pu quitter l’hôpital 17 jours après l’opération sans subir ce phénomène ni d’effets secondaires particulièrement lourds. Le don de sang issu d’un proche, comme booster du système immunitaire, n’y est probablement pas pour rien.

C’est une réussite, mais il ne faut pas imaginer que ce traitement, qui a entièrement guéri la patiente du virus du Sida, sera disponible pour toutes les personnes malades d’ici peu. D’autant plus qu’une telle option ne peut pas être offerte à tout le monde. Il s’agit toutefois d’une nouvelle étape majeure.

Que la patiente guérie soit une femme n’est pas non plus un détail dans cette avancée médicale. Si elles représentent la moitié des infections au virus du Sida, et que la maladie ne progresse pas pareil chez un homme et chez une femme, elles ne représentent que 11 % des personnes incluses dans les études dédiées aux traitements. Espérons que l’ampleur de cette découverte accélérera la résolution de ce « gender gap » médical.

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