Le premier vol opérationnel de la fusée Alpha de Firefly ne s’est pas déroulé comme prévu, l’engin explosant au cours de son ascension. Mais l’entreprise se montre très positive malgré tout.

La conquête spatiale est un chemin jalonné d’embûches, tout particulièrement lorsque l’on est un nouveau challenger. L’entreprise Astra, dont la fusée a connu une issue funeste lors de son premier tir commercial, en août, pourrait en témoigner. Cette fois, c’est la société Firefly qui a trébuché, début septembre. Son lanceur, baptisé Alpha, a fini sa course dans une explosion, après un décollage réussi.

C’est le 2 septembre dernier que le tir a eu lieu. Selon les premiers éléments visibles alors, un incident a eu lieu pendant la phase ascensionnelle de l’engin, sans que l’origine du souci ne soit identifiée. Trois jours plus tard, le 5 septembre, on en sait désormais davantage. Firefly a communiqué sur Twitter de nouvelles informations sur ce raté et a publié dans la foulée une vidéo montrant de nouvelles images du vol.

Il est désormais établi sur l’un des quatre moteurs Reaver du premier étage d’Alpha s’est coupé 15 secondes après le décollage. « L’arrêt s’est déroulé sans incident — le moteur n’a pas connu de défaillance — les vannes principales de propergol du moteur se sont juste fermées et la poussée du moteur 2 s’est arrêtée », explique la société. Cependant, cela a occasionné une poussée insuffisante.

Perte de contrôle en vitesse supersonique

D’après Firefly, cette perte de motorisation était gérable lorsque la fusée évoluait encore à des vitesses subsoniques, c’est-à-dire sous le seuil du mur du son (Mach 1). « Alpha a pu compenser », assure l’entreprise américaine. C’est lorsqu’il a fallu atteindre cette vitesse et passer l’onde de choc pour atteindre des niveaux supersoniques que les choses se sont gâtées, entrainant la perte de l’engin.

« Lorsque le lanceur est passé en vitesse transsonique et en vol supersonique, où le contrôle est le plus difficile, le contrôle du vecteur de poussée des trois moteurs était insuffisant et le véhicule a perdu le contrôle », note la société. Elle révèle d’ailleurs qu’elle a procédé à la destruction contrôlée de l’engin, en envoyant un signal. Elle ne s’est pas détruite à cause d’un problème de structure.

Alpha est une fusée à deux étages et, en principe, le premier étage devait fonctionner au cours des 165 premières secondes de la mission. Firefly indique que, nonobstant la perte du moteur 2, tout le reste s’est bien passé durant les premières 145 secondes de vol. En principe, à 165 secondes, la combustion de l’étage principal s’achève et celui-ci est largué pour passer le bâton à l’étage supérieur.

Si les contours de l’incident sont maintenant tracés, la question est de savoir ce qui a causé l’interruption du moteur 2 — en clair, pourquoi les valves se sont fermées. Un travail d’enquête est en cours, en liaison avec l’administration de l’aviation civile aux États-Unis, les responsables de base américaine Vandenberg, en Californie (c’est de ce pas de tir que la fusée a décollé), et des clients de Firefly.

Malgré cet échec, l’entreprise tire un bilan satisfaisant de cette mésaventure. « Nous avons acquis une multitude de données de vol qui augmenteront considérablement la probabilité qu’Alpha atteigne son orbite lors de son deuxième vol. En bref, nous avons eu un premier vol très réussi », même s’il ne s’est pas terminé correctement. Firefly pointe au contraire tout ce qui s’est bien passé à commencer par le décollage.

« Bien que le véhicule ne se soit pas mis en orbite, cette journée a marqué une avancée majeure pour notre équipe. Nous avons démontré que nous étions arrivés en tant que société capable de construire et de lancer des fusées  », constate le groupe. Il reste maintenant à savoir si le groupe va parvenir lors du vol Alpha 2 — dont la date n’est pas connue — à franchir cette embûche, et reprendre son chemin vers la conquête spatiale.


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