Les détériorations causées par la pollution sur les systèmes reproductif, nerveux et respiratoire peuvent courir sur plusieurs générations. Selon une nouvelle étude, ceci serait valable également pour le système immunitaire.

Si un adage veut que l’on soit ce que l’on mange, « en ce qui concerne la capacité du corps à combattre les infections, cette étude suggère que, dans une certaine mesure, vous êtes peut-être aussi ce que votre arrière-grand-mère mangeait », annonce la professeure d’immunologie et de toxicologie Paige Lawrence. Dans un communiqué publié le 2 octobre 2019, elle présente les recherches qu’elle a dirigées, dont la conclusion est que les effets de la pollution environnementale sur plusieurs générations concernent aussi le système immunitaire.

Il est acté que la pollution peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé. Par exemple, selon les chiffres l’OMS, 1,3 million de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air en milieu urbain. Une étude avait également mis en évidence les risques de l’air pollué inhalé par une femme enceinte, qui peut avoir des effets nuisibles à long terme sur la santé de l’enfant ou causer des naissances prématurées.

La pollution des industries sur l'environnement pourrait impacter, selon cette étude, les systèmes immunitaires de plusieurs générations successives.  // Source : Pixabay

La pollution des industries sur l'environnement pourrait impacter, selon cette étude, les systèmes immunitaires de plusieurs générations successives.

Source : Pixabay

En cause : une altération génétique qui se transmet

Si des recherches montrent déjà que les systèmes reproductifs, nerveux et respiratoires peuvent être touchés gravement sur plusieurs générations par les polluants, cette nouvelle étude pointe du doigt un effet direct supplémentaire sur le système immunitaire, et là aussi de manière transgénérationnelle. Ces conclusions proviennent d’une expérimentation sur des souris — dont le mécanisme immunitaire a de nombreuses similarités avec l’être humain.

Les scientifiques ont exposé des souris enceintes à un produit chimique toxique très utilisé dans l’industrie, à savoir la dioxine. On la retrouve par exemple dans la production de pesticides, et même dans les procédés d’incinération des déchets. Elle peut parfois se retrouver dans de la nourriture et intégrer ainsi le corps humain par voie digestive. Résultat de l’expérience : les globules blancs destinés à protéger l’organisme contre les agents pathogènes étrangers se sont avérés particulièrement affaiblis face à un virus tel que l’influenza A.

Cette altération dans l’expression de chaque gène se transmet de génération en génération

Plus important encore, si la souris enceinte était touchée par cette réponse immunitaire affaiblie, sa progéniture tout autant, mais aussi les générations qui ont suivi… jusqu’à l’équivalent des arrière-petits-enfants. Et cet effet de transmission est plus présent encore chez la femelle. L’explication vient, selon l’hypothèse des chercheurs, d’un impact sur les gènes : la dioxine s’accroche à une protéine nommée AHR et altère alors la transcription des instructions génétiques. Cette altération dans l’expression de chaque gène se transmet de génération en génération.

Ces recherches sont les premières à apporter concrètement de telles observations. Avant de considérer les conclusions comme actées, de nouvelles données sont encore nécessaires. Si cela se confirme, cela apporterait également une compréhension plus large du système immunitaire humain. Les résultats obtenus expliqueraient en effet pourquoi, en cas d’épidémie de grippe, par exemple, les vaccins n’ont pas la même efficacité sur chaque personne. La pollution environnementale pourrait être un facteur de déficience immunitaire dès la naissance (combiné ensuite avec d’autres facteurs tels que l’âge et les mutations du virus).

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