De l’amiante dans des crayons, des phtalates dans des classeurs et du benzène dans des marqueurs effaçables : des fournitures scolaires jugées dangereuses pour la santé avaient été pointées du doigt par l’U.S. PIRG Education Fund il y a un an. Cette organisation, qui se présente comme un groupe indépendant qui œuvre pour les consommateurs, avait publié un guide des fournitures scolaires qui, selon elle, « ne contiennent pas de produits chimiques toxiques ».
Alors que la rentrée de septembre 2019 est imminente, faut-il aussi faire attention aux fournitures achetées en France ? Certains produits sont-ils à éviter dans le cartable, à cause de leur composition douteuse ? L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) s’est penchée sur la question en juin dernier et il y a effectivement quelques principes de précaution à connaître.
L’Ademe soulign l’importance d’ « équiper ses enfants sans risque » car certains produits peuvent renfermer « des composants allergisants, irritants et des substances toxiques ». On peut par exemple trouver les fameux phthalates (employés comme plastifiants, certains sont présumés toxiques) dans des crayons ou des gommes, ou des solvants (nocifs pour le système nerveux) dans des colles ou des marqueurs. Des conservateurs qui risquent de provoquer des allergies peuvent aussi se trouver dans des colles, des peintures, des feutres ou des encres.
Selon l’Ademe, certaines fournitures scolaires risquent d’exposer celles et ceux qui les utilisent à des « substances susceptibles de pénétrer dans leur organisme » par contact avec la peau, par inhalation ou par ingestion (en mordillant un crayon, par exemple).
Quels composants sont à éviter ?
L’Ademe dresse une liste des composants qu’elle juge nocifs et que vous pouvez essayer de repérer sur l’étiquette des produits (certes pas toujours faciles à déchiffrer).
- Les conservateurs qui risquent de créer des réactions allergiques : les isothiazolnones (dont la CMIT et la MIT, seules ou mélangées) ainsi que le bronopol et le formaldéhyde.
- Les composés toxiques qui représentent un risque pour le système nerveux : les cétones (acétone, propanone), les alcools (éthanol, propanol) ou les hydrocarbures (texanes, heptanes, toluène, xylène).
Comment choisir ses fournitures ?
Pour éviter les risques potentiels, l’agence fait plusieurs recommandations.
- Privilégier les colles à base d’amidon (végétales) et les choisir en bâton plutôt que liquides,
- Choisir des feutres et stylos sans parfum, ainsi que des crayons en bois naturel (sans vernis),
- Préférer la peinture aquarelle à l’acrylique et la pâte à modeler sans parfum,
- Opter pour des marqueurs effaçables,
- Choisir des gommes sans phtalates, latex ou parfum,
- Préférer des correcteurs en rubans (à dérouler) au lieu des formats liquides,
- Utiliser une pâte à modeler sans parfum,
- Et choisir des cahiers et feuilles où est affiché l’Écolabel européen ou le label Ange Bleu.
Il existe des labels pour savoir, selon les produits, lesquels limitent, voire interdisent, les substances jugées nocives. L’Ademe recommande de se fier aux labels suivants, classés selon les types de fournitures.
Il y a d’abord les labels environnementaux (Ecolabel européen, L’Ange Bleu et NF Environnement), qui servent à identifier les produits qui ont le moins d’impact sur l’environnement et sur la santé. Vous pouvez par exemple chercher le nom d’une marque sur ce catalogue des produits Ecolabel européen. Ensuite, vous pouvez regarder si le marquage « CE » figure sur le produit. Dans le cas où les fournitures sont considérées comme des jouets par les fabricants (feutres, crayons de couleur, par exemple), cette norme les oblige alors à limiter ou interdire certaines substances.
Pas de réglementation spécifique aux fournitures scolaires
La directive 2009/48/CE regroupe ces exigences sur la sécurité des jouets. Les produits qui l’affichent ne contiennent pas de substances cancérogènes, mutagènes (qui risquent d’élever le niveau de mutations génétiques d’un organisme) ou toxiques pour la reproduction. La norme interdit par exemple la présence de 6 phtalates jugés reprotoxiques (pouvant possiblement entraîner des stérilités, par exemple). L’utilisation de certaines substances allergisantes est restreinte et certaines doivent obligatoirement figurer si l’étiquette si elles se trouvent dans le produit.
Toutes les fournitures ne sont pas considérées comme des jouets. Celles qui ne le sont pas relèvent de la réglementation générale sur les substances chimiques. Les restrictions portent sur l’utilisation de substances chimiques jugées préoccupantes dans des produits destinés au grand public. Le toluène, une substance dite « CMR » (cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction), est par exemple interdite dans les colles. Si une colle contient des substances allergisantes, cette réglementation exige aussi qu’une mention d’avertissement figure clairement sur l’étiquette.
En 2016, l’UFC Que Choisir avait testé en laboratoire plusieurs fournitures scolaires : sur 52 produits testés, 19 contenaient des substances jugées indésirables. L’union reprochait notamment au législateur d’être trop vague. La réglementation portant sur les jouets régissait les parfums qui se trouvent dans des feutres, tandis que des stylos n’étaient soumis à aucune obligation semblable. Pour l’UFC Que Choisir, il faudrait appliquer des règles propres aux fournitures scolaires : « En l’absence d’une réglementation spécifique pour les fournitures scolaires, comme il en existe pour les jouets ou les tétines, les fabricants peuvent se prévaloir du cadre réglementaire qui les arrange le plus. »
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