C’est un sujet qui a passablement circulé ce week-end, et qui est encore source de bien des interrogations. Un avion de ligne a connu le 16 octobre 2025 un incident de vol notable, alors qu’il devait rallier Los Angeles après un départ de Denver, aux États-Unis. Finalement, il a dû se dérouter à Salt Lake City. En cause ? Un choc qui a fragilisé soudainement le pare-brise du cockpit.
Un avion percuté par un débris spatial ?

Une théorie a circulé sur les réseaux sociaux, suggérant que la vitre a été heurtée par un débris spatial. « Les chances de se faire percuter par un débris spatial en Boeing 737 Max sont faibles… mais pas nulles », lisait-on le 19 octobre sur le compte d’Até Chuet, un ex-pilote de chasse français, par la suite reconverti dans l’aviation civile sur Boeing.
Le message sur X (ex-Twitter) est accompagné de deux photos, une prise à l’intérieur montrant un pan du pare-brise complètement craquelé, une autre faite à l’extérieur, suggérant un choc qui a aussi touché le cadre du pare-brise (la partie grise, qui en renforce le bord) et un panneau de revêtement du fuselage (en blanc). Des rayures sont visibles, de la peinture manque et des rivets ont été apparemment arrachés.
D’autres clichés, cette fois partagés par Scott Manley, un astronome, montrent une vue plus large de la vitre fracassée ainsi que des égratignures sur le bras d’un pilote, avec des écoulements de sang. Une autre photo du bras a été relayée par un troisième compte, ainsi qu’un cliché exposant les éclats de verre répandus à travers le cockpit.

Une collision qui n’a pas totalement détruit le hublot
Fort heureusement, l’impact avec l’élément extérieur n’a pas été assez fort pour exploser complètement la verrière, qui est visiblement restée en place. Ou, du moins, l’angle et la vitesse avec lesquelles la collision s’est produite, ainsi que la zone touchée (un coin de la vitre et une partie du renfort), ont peut-être évité un scénario plus sombre.
Une destruction complète du pare-brise ne serait pas fatale à un avion dans l’immédiat, mais exigerait des procédures d’urgence.
Pour les pilotes, il faudra décélérer et descendre rapidement, mais aussi enfiler sans tarder des masques à oxygène (du fait de la raréfaction de l’air). Ils seraient confrontés à de l’hypoxie (accident de décompression) et de l’hypothermie (froid intense en altitude). Sans parler d’éventuelles blessures plus graves, si le verre les touche.

Selon MSN, le vol UA 1093, qui transportait 140 personnes (passagers et équipage) a pu se poser sans encombre, alors qu’il évoluait à 36 000 pieds (un peu sous les 11 km d’altitude, ce qui est très courant pour les avions de ligne). Il est rapporté que les passagers ont ensuite pu reprendre un autre vol six heures plus tard et arriver à bon (aéro)port.
La piste d’une chute de débris a été envisagée par l’astrophysicien Jonathan McDowell, en considérant les paramètres de vol à ce moment-là (l’avion était alors à 180 milles nautiques, soit environ 333 km, au sud-est de Salt Lake City). Or, a-t-il observé, « aucun candidat évident à une rentrée spatiale ne correspond » pour crédibiliser l’hypothèse d’un débris.
L’intéressé a d’ailleurs précisé que les données sur lesquelles il s’est appuyé proviennent d’un suivi indépendant de l’US Space Force, et non sur celles qui seraient fournies par des tiers privés, comme SpaceX. Selon JonNYC, qui est présenté comme une source informée du secteur aérien américain, dixit MSN, le copilote aurait dit voir vu arriver l’objet sur l’avion.

Un débris ? Une météorite ? Un oiseau ? Un grêlon ?
Si ce n’est pas un débris, qu’est-ce que ça pourrait être ? Un oiseau ? On sait que des espèces peuvent monter très haut en altitude, y compris certaines qu’on retrouve en Amérique du Nord, mais il y aurait vraisemblablement eu des traces organiques sur la carlingue. En clair, du sang et de la chair. Vu les marques, cela laisse à penser à un objet plutôt inerte.
En plus d’envisager la piste de l’oiseau et du débris spatial, Scott Manley a passé en revue d’autres options, comme une météorite, un ballon stratosphérique ou de la grêle, mais avec à chaque fois une nuance pouvant éventuellement écarter la piste.
- Un débris spatial : « jusqu’à présent, aucune trace de satellite ne correspond à une désorbitation, et rien n’a été observé au sol », écrit-il. Quant à l’idée d’un débris de la taille d’un gros grêlon heurtant la verrière, l’astronome se demande comment le co-pilote arriverait à le voir dans le ciel s’il fait quelques centimètres de diamètre, alors que l’avion file à 750 km/h.
- Une météorite : « aucune boule de feu n’a été vue dans la zone à ce moment-là, mais il commençait à faire jour », note-t-il. Et puis, comme dans le cas du débris, les dégâts auraient été sans doute bien plus marqués sur l’appareil (rien qu’un grêlon percutant un avion de ligne aurait un impact « beaucoup plus violent », juge-t-il).
- Une charge utile d’un ballon stratosphérique : l’altitude est plausible, bien qu’un peu basse, mais envisageable avec les variations de température la nuit qui peuvent les descendre un peu. Cependant, l’astronome pense que l’équipage arriverait à faire la différence entre un « ballon météo » et un « débris spatial ».
- De la grêle : « les dégâts causés par la grêle ont généralement beaucoup plus d’impacts, je ne sais pas à quelle fréquence vous pourriez toucher un seul grêlon ».
- Un oiseau : des espèces peuvent grimper très haut dans le ciel, mais, là encore, un choc produirait des traces organiques (même si la vitesse et la durée de la descente ont pu nettoyer en partie la carlingue).

Comme il le dit, les vitrages du cockpit comportent 3 couches structurelles principales : du verre à l’intérieur et à l’extérieur, avec une couche de polymère au milieu. Le vitrage intérieur montre deux couches brisées, mais la couche de polymère a tenu ; l’impact étant si proche du coin du cadre, cela a contribué à la solidité du vitrage.
Il est rapporté qu’une enquête post-collision est en cours. Aux États-Unis, deux grandes agences ont compétence sur ce genre d’incident. La Federal Aviation Administration (FAA), qui est l’administration de l’aviation civile aux États-Unis, et le National Transportation Safety Board (NTSB), qui enquête sur les accidents aériens.
La FAA s’est d’ailleurs penchée en 2023 sur les risques associés à la rentrée atmosphérique de satellites situés en orbite terrestre basse (ce qui a fortement agacé SpaceX, qui juge les modes de calcul inadéquats et obsolètes). Toujours est-il qu’une statistique a émergé et beaucoup fait parler d’elle.
En effet, en extrapolant le trafic aérien mondial de 2019 à 2035 et en supposant qu’un débris susceptible de blesser ou de tuer une personne au sol serait aussi capable d’endommager fatalement un avion, il en ressortait une probabilité annuelle de 0,07 % d’accident entraînant la destruction d’un avion atteignant les 0,07 % par an.
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