Les smartphones et les bracelets de santé connectés sont devenus des accessoires de plus en plus utilisés par les sportifs. Il suffit par exemple de se rendre dans un parc pour remarquer que la plupart des coureurs se servent de leur téléphone, pour écouter de la musique, mais aussi pour mesurer leurs performances. Le quantified self (la mesure de soi en anglais) fait partie de ces nouvelles pratiques qui suivent l’émergence des objets connectés et la démocratisation des capteurs et des applications sur nos téléphones.
Mais une recherche récemment publiée réalisée par des chercheurs de l’Université de Toronto remet en question la précision des applications de comptage de pas sur smartphone.
Les hommes et les femmes recrutés pour les tests ont utilisé différentes applications disponibles sur plusieurs plateformes. Les tests ont été effectués avec une diversité de téléphones disponibles sur le marché (iPhone 4s, iPhone 5, Samsung Galaxy s5, Samsung Note, Samsung S4, LG Nexus, and HTC Desire) et les résultats ont été comparés avec ceux obtenus par un podomètre indépendant à 30 $, le SW-200 Digiwalker.
Des résultats imprécis
En laboratoire, un test simple consistait à faire marcher les sujets vingt pas à une vitesse normale. Là où le podomètre enregistrait les pas correctement, les applications utilisées étaient loin d’être précises. Les applications mobiles avaient en moyenne un écart de 5 % avec le podomètre traditionnel. Les applications Moves et Accupedo ne reportaient pas respectivement 30 % et 25 % des pas. Inversement, Runtastic comptabilisait 10 % de pas supplémentaires.
Des résultats similaires ont été trouvés lors des essais dans un escalier de 40 marches et durant trois jours d’activité régulière. En usage libre, une des chercheuses a même remarqué que son smartphone comptabilisait des pas alors qu’elle était en voiture, bloquée dans la circulation. Les résultats s’avéraient être impondérables selon la manière dont le sujet avait placé son smartphone dans sa poche ou selon la précision du GPS du téléphone.
un pourcentage d’erreur inadmissible dans toutes les applications
Krystn Orr, une des étudiantes qui a participé à la réalisation de l’étude, rappelle qu’il est « important que les gens obtiennent l’information la plus précise possible et utilisent des outils de confiance ». Or cela est loin d’être le cas selon leur rapport. Les auteurs concluent en effet qu’il y a « un pourcentage d’erreur inadmissible dans toutes les applications ». Si on utilise ce genre d’application, il faut donc prendre en compte leur relative imprécision, particulièrement dans un usage sérieux ou médical.
Car la question peut avoir une importance cruciale, et va même désormais sur le terrain judiciaire. Des possesseurs de bracelets FitBit ont ainsi dénoncé en justice l’imprécision de bracelets connectés censés mesurer la fréquence cardiaque. Ils estiment que la firme présente ses bracelets comme étant suffisamment fiables pour permettre à l’utilisateur d’adapter ses efforts pour rester toujours à la limite du maximum conseillé, alors que le rythme cardiaque serait sous-évalué, incitant alors l’utilisateur à faire plus d’efforts que le seuil prévu.
Le problème de la fiabilité se posera aussi pour les assurances qui conditionnent des remboursements ou des réductions tarifaires à un certain nombre d’efforts physiques à réaliser chaque jour. Si les capteurs sont défaillants et ne comptent pas les efforts réellement réalisés, le calcul peut se faire au détriment de l’assuré, ou de l’assureur.
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