Mettons les pieds dans le plat. Oui, les bananes sont radioactives. Ce n’est pas une idée reçue, mais il y a une subtilité : le niveau est très faible. Tellement faible que la dose est pleinement inoffensive. Le principe de radioactivité ne correspond pas vraiment à ce que vous imaginez. La physicienne Sarah Loughran décortique ce sujet souvent mal compris dans un papier publié sur The Conversation le 3 novembre 2022.
Pourquoi les bananes sont radioactives
Commençons par la banane. Pourquoi dit-on parfois qu’elle est « radioactive » ?
C’est en raison d’une source totalement naturelle : elle contient de hauts niveaux de potassium 40 (130 becquerels de l’élément par kilogramme). De fait, les portiques de sécurité les plus puissants, ceux dans les aéroports américains en particulier, peuvent sonner en présence de bananes.
Pas de quoi s’inquiéter pour la santé, toutefois, tellement le niveau est faible… et parfaitement normal. En réalité, nous sommes constamment exposés à des radiations de ce type. D’autres aliments et produits contiennent de petites quantités de potassium 40 ou même de carbone 14 — lait, sachets de thé, légumes verts, pommes de terre, etc.
Par ailleurs, bananes et autres petites sources du quotidien ne représentent rien en comparaison du « rayonnement de fond » (background radiation) : le rayonnement ionisant omniprésent sur Terre, auquel nous sommes exposés quoi qu’il arrive — toute espèce confondue. Même notre corps lui-même est en partie radioactif.
Au fait, qu’est-ce qu’une radiation ?
Les radiations correspondent à une propagation de l’énergie. Le plus facile à conceptualiser sont les rayons UV émis par le Soleil, mais il en existe bien d’autres. Deux catégories :
- Il y a d’abord les rayonnements ionisants : leur énergie peut provoquer l’arrachement d’un électron à un atome. Cette brisure dans la liason moléculaire modifie la composition chimique d’un matériau chimique. Rayons X et radons font partie de cette catégorie.
- Les rayonnements non ionisants n’ont pas cette capacité, car ils ont moins d’énergie, mais ils peuvent cependant « exciter » les molécules et les atomes (en clair : ils vibrent davantage). Les rayons UV du Soleil en font partie, tout comme les lignes électriques ou les smartphones. Ces rayonnements ne peuvent pas briser les liaisons moléculaires au sein des cellules.
Toute radiation n’est pas dangereuse
Aux sources naturelles, s’ajoutent les rayonnements artificiels, provenant, par exemple, de la médecine ou des outils technologiques. Là encore, au quotidien, ce ne sont pas des niveaux dangereux : les rayonnements sont globalement très faibles ou alors très ciblés. D’ailleurs, Sarah Loughran tient à détricoter la principale idée reçue sur la radiation de source artificielle : « On pense souvent, à tort, que les sources artificielles de rayonnement sont plus dangereuses que les rayonnements naturels. Or, ce n’est pas vrai », signale-t-elle. « Il n’existe aucune propriété physique qui rende les rayonnements artificiels différents ou plus nocifs que les rayonnements naturels. Les effets nocifs sont liés à la dose, et non à l’origine de l’exposition. »
Il faut tirer un enseignement plus large de cette explication : toute radiation n’est pas nocive en soi. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Cela dépend du type de radiation, de son niveau et du temps d’exposition.
« En règle générale, plus le niveau d’énergie du rayonnement est élevé, plus il est susceptible de causer des dommages », précise la physicienne, en livrant un exemple : « Nous savons qu’une surexposition aux rayonnements ionisants — provenant par exemple du gaz radon présent dans la nature — peut endommager les tissus humains et l’ADN. »
Sarah Loughran tient d’ailleurs à rappeler que non seulement l’on connaît les niveaux de risques, mais on sait s’en protéger. C’est la raison d’être des limites de sécurité pour les équipements de télécommunication (un smartphone est soumis à une limite, au-delà de laquelle sa commercialisation est interdite) ; de la précision des équipements médicaux (ciblant souvent une seule partie du corps ou sur un court délai) ; ou encore des recommandations sanitaires liées aux UV (crème solaire ou vêtements recouvrants).
En médecine, d’ailleurs, le phénomène de radiation peut être mobilisée tout à fait positivement :
- L’imagerie médicale mobilise le rayonnement ionisant (rayons X notamment) autant que le rayonnement non ionisant (ultrasons, IRM…) pour, littéralement, regarder dans notre corps et livrer ainsi des diagnostics précoces avant que certaines maladies deviennent trop invasives.
- Les radiations peuvent aider à traiter directement des maladies, bien qu’elles aient aussi un impact conséquent sur le corps durant ce traitement.
En résumé : notre corps est, par nature, adapté à supporter de petites quantités de radiations. « C’est pourquoi les quantités auxquelles nous sommes exposés dans notre vie quotidienne ne présentent aucun danger », conclut Sarah Loughran. « Mais ne vous attendez pas à ce que ces rayonnements vous transforment en super-héros dans un avenir proche, car cela relève de la science-fiction. »
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