« Les femmes ne vendent pas », pouvait-on entendre dans les bureaux d’Ubisoft, à l’époque où Serge Hascoët, qui a démissionné de ses fonctions après des révélations accablantes, était encore en charge de l’orientation créative des jeux vidéo. Cette indiscrétion est signée Bloomberg, qui a publié une nouvelle enquête le 21 juillet sur le climat interne misogyne de l’entreprise, après les révélations de Libération et Numerama.
« J’étais dans le studio de Montréal entre Assassin’s Creed 2 et Origins et Ubisoft disait que les femmes ne vendent pas à chaque fois », appuie Marie Jasmin dans un tweet partagé le 21 juillet. Un veto aurait notamment été mis à des développeurs qui voulaient que Kassandra soit l’unique héroïne d’Assassin’s Creed Odyssey. Précédemment, Serge Hascoët aurait minimisé le rôle d’Evie Fry dans Assassin’s Creed Syndicate puis empêché la mort de Bayek dans Assassin’s Creed Origins — décès qui aurait permis d’accorder plus d’importance à Aya.
https://twitter.com/mariejasmin_/status/1285565180097761281
Les femmes ne vendent pas, vraiment ?
Évidemment, certains contre-exemples viennent tout de suite à l’esprit. Lara Croft est l’une des icônes les plus populaires de l’industrie et ses aventures ont marqué de nombreux joueurs et son aura s’étend au-delà de la sphère vidéoludique (il y a des films, par exemple), bien qu’elle ait longtemps été utilisée comme « l’exemple qui confirme la règle », par certains observateurs tentés de réfuter les inégalités de représentation entre personnages féminins et masculins ces dernières décennies.
Dans des exemples plus récents, on peut noter qu’Horizon Zero Dawn est la nouvelle licence PS4 ayant connu le meilleur démarrage et que The Last of Us Part II s’est écoulé à quatre millions d’exemplaires en trois jours. Point commun entre ces deux jeux ? Ils sont portés par des héroïnes, qui ne sont, en plus, pas sexualisées.
Dans un entretien accordé à GameInformer en décembre 2018 (via Destructoid), Scott Phillips, directeur d’Assassin’s Creed Odyssey, révélait cette statistique : deux tiers des joueurs ont opté pour Alessio plutôt que Kassandra. À l’époque, l’indicateur l’avait surpris par rapport aux sessions de tests, plus équilibrées au niveau de ce choix. Dans tous les cas, il n’y a pas une victoire implacable d’Alessio qui suggérerait une aversion à incarner une femme dans une aventure épique.
Dans sa communication autour d’Assassin’s Creed Valhalla, prochain opus de la célèbre saga dans lequel on pourra aussi choisir entre un héros ou une héroïne, Ubisoft met davantage en avant l’homme. Il suffit de se rendre sur la page officielle pour s’en rendre compte : sur les images et dans les vidéos, la version masculine du personnage principal prénommé Eivor prend beaucoup plus de place. En ce sens, la multinationale conditionne les joueurs.
Ubisoft estime peut-être que les femmes ne vendent pas, parce que les jeux vidéo sont développés en majorité par des hommes (84 % selon les chiffres fournis par le SNJV), dans des conditions qui laissent peu de place à la gente féminine, et donc à des points de vue différents. Pourtant aujourd’hui, un joueur sur deux est une joueuse. Il serait temps de l’accepter, et de faire de la place à tout le monde.
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