Quand on fait le ménage chez EMI, on n’y va pas de main morte. D’après le Financial Times, la major serait sur le point de mettre à la porte plus de 2.000 employés, soit un tiers de son effectif. Guy Hands, le patron de Terra Firma ayant acquis EMI l’année dernière, estime que l’industrie de la musique « enfouit le processus créatif sous la bureaucratie ». Hands prévoit aussi de faire le tri parmi les artistes et de réduire les budgets marketing. Sur les 14.000 du catalogue, seuls 200 d’entre eux feraient gagner de l’argent à la major.
Guy Hands expliquait au Times que l’industrie du disque reposait sur des mécanismes qui pouvaient bien fonctionner dans les années 90 non pas parce que ceux qui les mettaient en place étaient des génies, mais juste parce qu’ils étaient « là au bon endroit au bon moment. » Selon lui, EMI « est bloqué par un modèle conçu pour un monde qui a changé et qui a disparu à tout jamais. »
Le plus surprenant, c’est que le PDG de Terra Firma salue l’initiative de Radiohead. Le groupe a eu d’après lui « la bonne idée. Ils ont compris leurs fans. Ils ont réalisé que certains d’entre eux voudraient le box set premium. Je fais parti de ceux qui en ont acheté un, et ont payé le plein tarif. Ce qu’a montré Radiohead à l’industrie était qu’il n’y a pas une réponse pour tous les artistes ou pour chaque consommateur. »
Hands a prévu, à côté des restructurations, d’orienter différemment le business d’EMI. D’abord en développant la direction artistique. Mais aussi en restructurant la division des éditions, là où la gestion lucrative du back catalogue génère 70 % des profits. « C’est le meilleur business d’édition au monde » explique-t-il. « Ce n’est pas très glamour et sexy. Ca ne touche pas la presse, mais ça fait de l’argent. »
Autant dire que ces visées sont loin de faire des heureux. Si les budgets marketing sont réduits, Robbie Williams et Coldplay menacent de ne pas sortir leurs derniers albums. Les détracteurs de Hands l’accusent d’ailleurs de confondre l’industrie du disque avec ses autres investissements, ce à quoi le PDG répond : « Les gens disent que l’industrie du disque est plus créative et que le consommateur n’y connaît rien, seuls les créatifs s’y connaissent. Si vous regardez quels fabricants d’automobiles réussissent, ce sont ceux qui travaillent avec leurs consommateurs. Est-ce que les habits ne sont pas créatifs ? Est-ce que la mode n’est pas créative ? Est-ce que la restauration n’est pas créative ? La seule vraie différence, c’est que ces industries ont appris à travailler avec le consommateur, pas à le nourrir de force. » Seule différence ? Guy Hands doit sûrement trouver la musique si indispensable qu’il serait aussi gênant pour lui de se rendre à son bureau sans son dernier Radiohead, que d’y aller nu, à pieds, ou le ventre vide.
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