Connu pour ses franchises Spyro, Ratchet & Clank ou encore Resistance et longtemps affilié à PlayStation, Insomniac Games s’est rapproché de nombreux éditeurs ces dernières années : d’Electronic Arts (Fuse) à Microsoft (Sunset Overdrive), en passant par GameStop (Song of the Deep). Mais avec Marvel’s Spider-Man, le studio a décidé de retourner auprès de Sony, avec qui il a connu ses plus gros succès.
Le pari apparaît toujours un peu risqué quand on décide d’adapter les aventures d’un personnage populaire, en l’occurrence un superhéros dont on peut apprécier aujourd’hui les péripéties sur grand écran. Par le passé, les justiciers masqués n’ont pas toujours eu droit à des jeux vidéo dignes de leur stature, exception faite de certaines productions comme les Batman: Arkham de Rocksteady. Grâce à Marvel’s Spider-Man, Insomniac Games et Sony veulent tisser leur toile avec une exclusivité PlayStation 4. Un premier gage de qualité.
La belle araignée
En effet, parce qu’il ne sort que sur PS4, Marvel’s Spider-Man est une réussite graphique assez incroyable, capable de s’inscrire dans le top 5 des plus belles productions disponibles sur la console. Elle repose sur plusieurs éléments qui font mouche. On commencera par ne pas tarir d’éloges sur les animations lorsque Spider-Man fait montre de toute son agilité en se baladant entre les immeubles. Les mouvements de corps et la gestuelle d’ensemble sont hyper réalistes. Il y a aussi cette modélisation exemplaire, avec des visages détaillés, des costumes chiadés et un Manhattan qui fourmille de vie. Sur PS4 Pro, où la résolution grimpe d’un cran, ces constats sont encore plus dithyrambiques.
Et il y a surtout le HDR, technologie qui trouve ici son meilleur en raison des multiples effets de lumière, dans le sillage des arcs électriques d’Electro. Grâce à elle, un simple lever de soleil entre les buildings pourra aveugler. En revanche, si impressionnant soit-il dans ses arguments visuels, Marvel’s Spider-Man pêche dans sa direction artistique. Au mieux, elle est quelconque et déplore une vraie patte. Au pire, elle est très mal inspirée quand on se penche sur le look de certains personnages clefs, les méchants en tête. En résumé, le titre est l’archétype du jeu beau à qui il manque du charme.
Du Batman: Arkham
La trilogie — ou la tétralogie selon les points de vue — Batman: Arkham est passée par là : dès les premières minutes, on comprend que Marvel’s Spider-Man s’inscrit dans la même veine. À savoir un jeu orienté action niché dans un monde ouvert que l’on explore à grand renfort de super-pouvoirs. Là encore, la production signée Insomniac Games pêche par manque d’imagination. On peut comprendre qu’elle s’inspire du meilleur représentant du genre, moins qu’elle copie certaines mécaniques très spécifiques. D’une manière plus générale, Marvel’s Spider-Man puise un peu partout : là les fameuses tours de Far Cry, ici les nombreuses quêtes génériques pour nettoyer chaque quartier et atteindre les 100 % de complétion.
La fidélité se retrouve jusque dans le côté superhéros de quartier
Il se passe d’ailleurs toujours quelque chose lors des pérégrinations de l’Homme-Araignée. Un gros plus pour l’ambiance. Malgré une intrigue un brin bateau, les fans ne crieront jamais à la trahison. La fidélité se retrouve jusque dans le côté superhéros de quartier, facette très affirmée de la personnalité de Spider-Man. Ainsi, il troquera parfois son costume de dernier rempart contre les grands criminels de New York pour aider les petites gens. Cela pourra prendre la forme d’un simple braquage à stopper ou d’une — vraie et rigolote — chasse aux pigeons.
Les scénaristes d’Insomniac ont également su conserver l’humour et la légèreté si chers à la licence Spider-Man, bien que nous incarnons ici un Peter Parker âgé et confronté à des problèmes existentiels plus adultes — surtout dans sa relation avec Mary Jane. Ce ton, comme à son habitude, dédramatise une histoire qui s’articule autour d’un groupe de méchant répondant au nom de Démons alors que le grand bandit Fisk est derrière les barreaux.
La cool attitude
Derrière son plumage digne des oiseaux les plus majestueux, Marvel’s Spider-Man cache un gameplay qui répond au doigt et à l’œil. Accessible, peut-être même un peu trop à la lumière du peu de challenge proposé même avec la difficulté la plus haute, il accouche dans un premier temps d’un système de navigation idéal. Et réaliste dans le sens où Spider-Man n’accrochera pas sa toile à un plafond invisible, contrairement à auparavant. S’il n’a aucune structure sur laquelle s’appuyer, il pourra tomber. À l’inverse, visualiser son parcours à l’avance permettra de traverser Manhattan à vitesse grand v — sans besoin de recourir à une Batmobile.
Marvel’s Spider-Man est beaucoup plus à l’aise quand il s’agit d’assurer le spectacle.
En somme, Marvel’s Spider-Man excelle dans l’art de nous faire swinguer entre les bâtiments, une qualité qui le différencie de la concurrence. Du côté des combats, l’autre composante prépondérante du gameplay, on navigue globalement en terrains connus : le superhéros fait la différence grâce à ses capacités hors du commun, sa rapidité et ses gadgets. Quelques interactions avec les environnements, jamais avares en éléments à balancer sur les ennemis, complètent la panoplie. Par rapport aux Batman: Arkham, la référence, les affrontements sont plus fluides et dynamiques, moins beat them all de masse. C’est une autre vision du genre et le feeling est très plaisant.
Toujours par rapport aux Batman: Arkham, les nécessaires phases d’infiltration sont plus permissives et, à l’arrivée, plus aléatoires. On peut très bien commencer par éliminer les vilains un à un avant de se lancer dans une échauffourée à plusieurs — ce qui ne constituer pas vraiment une définition de l’infiltration. De toute façon, Marvel’s Spider-Man est beaucoup plus à l’aise quand il s’agit d’assurer le spectacle. En résultent des séquences fortes ponctuées juste ce qu’il faut de QTE pour impliquer le joueur sans l’assommer.
Un monde ouvert vite rempli
Comme il prend place dans un monde ouvert qui se résume à l’île de Manhattan (la carte n’est pas très grande, dès lors), Marvel’s Spider-Man ajoute plusieurs à-côtés à son aventure principale se bouclant en une grosse douzaine d’heures. On vous passera les photos de monuments à prendre, les bases à nettoyer, les événements ponctuels qui finissent par se ressembler, les sacs à dos d’étudiant à ramasser. Les missions annexes ? Elles ne brillent ni par leur quantité, ni par leur qualité. Quand bien même certaines sont mieux racontées que d’autres, qui plus est quand elles sont liées.
À l’arrivée, vous prendrez certainement plus de plaisir à arpenter les rues sans aucun autre but que celui de la contemplation, les sensations de voltige en sus. Les fans, eux, y trouveront juste un moyen de gagner des jetons qui débloqueront l’accès à toute une ribambelle de tenues pour habiller Spider-Man et gratter quelques pouvoirs supplémentaires. Sur ce point, les références à l’univers ne manquent pas et constituent une preuve supplémentaire qu’Insomniac Games a d’abord cherché à faire les choses bien plutôt qu’à se transcender et à révolutionner une recette apprise sur le bout des doigts et restituée sans réelle fausse note. Ni réelle personnalité au-delà de la franchise imaginée par Marvel.
Marvel’s Spider-Man est disponible sur PlayStation 4. La rédaction de Numerama n’a pas eu le droit à un tour en hélico.
Le verdict
Marvel’s Spider-Man
Voir la ficheOn a aimé
- D'une beauté ébouriffante (surtout avec le HDR)
- Une fidélité à toute épreuve
- Les sensations de voltige en plein Manhattan
On a moins aimé
- Direction artistique douteuse
- Contenu très générique
- L'infiltration risible
Cool. C’est l’adjectif qui ressort des quelques heures passées sur Marvel’s Spider-Man. L’exclusivité PS4, qui brille de mille feux sur la version Pro de la console, assoit surtout sa réussite sur la fidélité à toute épreuve dont témoigne Insomniac Games. Bien davantage, en tout cas, que sur le génie d’un studio qui refuse de prendre des risques.
Au final, Marvel’s Spider-Man mélange tout ce qui se fait de mieux dans un genre dominé par les Assassin’s Creed et autres Batman: Arkham. Cet empilement d’inspirations érige une expérience sympathique, qui se parcoure sans déplaisir. Mais à qui il manque toutefois ce supplément de personnalité qui en ferait une production réellement incontournable. On a vu pire du côté des adaptations vidéoludiques basées sur des super-héros. Et mieux.
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