L’année 2025 a été pour le moins intéressante du côté des shooters. Côté FPS, la rivalité mythique entre Call of Duty et Battlefield a repris de plus belle, avec un Battlefield 6 qui joue sur la déception des joueurs de la licence concurrente. DICE y signe un retour aux sources assumé et globalement réussi. J’y ai passé plusieurs heures et j’ai vraiment apprécié cette approche plus authentique — sauf que la lassitude s’installe vite.
C’est dans ce creux que j’ai découvert Arc Raiders, d’abord à travers quelques clips accrocheurs, puis manette en main. Et je vais vous expliquer pourquoi, à mes yeux, Arc Raiders fait partie de ces jeux en ligne qu’on ne voit qu’une fois par décennie.
Points forts
- Un gameplay qui force la contemplation, sans jamais tomber dans l’ennui
- Son PvE/PvP parfaitement dosé
- Un univers addictif
Points faibles
- Le netcode est encore aux fraises, clairement à peaufiner
- Trouver ses raccourcis clavier sur PC demande un peu de temps
Je n’attendais rien d’Arc Raiders…
…et j’en ai découvert son existence par hasard, lors de sa bêta privée. Aux premières images : je me suis clairement dit qu’il s’agissait d’un énième shooter compétitif. Qu’il s’agisse de TPS ou de FPS, qu’importe, aujourd’hui, le genre manque cruellement de prise de risque. Entre les matchmakings ultra calibrés, les oppositions joueur contre joueur sur fond de tableaux de score, les Battle Royale et les extraction shooters, le tout servi à la sauce saison et live service, on finit par étouffer. L’expérience devient répétitive : des univers différents, certes, mais rien qui ne renouvelle vraiment le plaisir de jeu.
L’IA du jeu est sans doute l’une des plus bluffante que j’ai pu voir dans un jeu vidéo
Mais manette en main, c’est à ce moment-là que j’ai compris que j’avais affaire à presque un nouveau genre. Sous son étiquette de simple extraction shooter de plus, Arc Raiders cache en réalité une vraie richesse.
Posons le décor : la Terre est en ruine. À la surface, dans le Rust Bell, les machines extraterrestres ont pris possession des lieux, obligeant les humains à se réfugier dans une colonie souterraine nommée Speranza. Dans ce chaos, on incarne un Raider, un éclaireur assez vaillant pour remonter à la surface, explorer, récupérer des ressources précieuses… et tenter de revenir vivant.

Un subtil mélange de PvE/PvP
Disponibilité
Arc Raiders est disponible sur PS5, Xbox Series S, Xbox Series X et PC.
Dès qu’on met le pied dehors, le ton est donné : drones, araignées mécaniques, autres joueurs… tout est une menace. Pendant 30 minutes (ou moins si vous rejoignez en cours de route), vous devez survivre, looter et revenir avec du butin. Mais inutile de tirer sur tout ce qui bouge — au contraire, c’est même fortement déconseillé, même avec un équipement important. Le jeu est lent, contemplatif et exigeant. Il récompense la réflexion, la discrétion, et surtout nous force à prendre des décisions intelligentes. Les ARC ne sont pas des têtes sans viande (drôle d’expression pour des machines), ils sont malins, précis, et ils apprennent au fil du combat, ce qui rend la survie compliquée. L’IA du jeu est sans doute l’une des plus bluffante que j’ai pu voir dans un jeu vidéo.

La surface d’Arc Raiders est tellement hostile que le PvP n’est pas toujours la solution. Parfois, coopérer devient une question de survie. Et le jeu a brillamment intégré cette dimension, que ce soit grâce aux raccourcis de communication instantanés ou au chat de proximité. Le titre va même plus loin avec des effets de voix boostés à l’IA qui peuvent même modifier le timbre — voire le genre — directement depuis les menus. Grâce à ce chat de proximité, le moindre bruit de pas, une respiration ou un appel à l’aide au loin peuvent faire basculer une partie. Les alliances se forment dans l’urgence, souvent sur un simple échange de regard, quand aucun des deux n’est vraiment prêt à engager un duel ou à dépenser ses précieuses ressources. Mais ces alliances sont fragiles : un tir mal placé, un butin trop tentant, et l’instant d’après, le partenaire devient un ennemi.
C’est précisément au détour de ces situations que le jeu puise toute sa richesse. La quantité d’événements imprévisibles à chaque partie donne immédiatement envie d’en relancer une autre. Quand on sait, qu’à l’origine, le jeu était pensé uniquement comme un titre PvE, on se dit que le studio a bien fait de revoir sa copie.
Mais, concrètement c’est quoi le but ?
Alors oui, cette dimension sociale et la confrontation avec les ARC sont convaincantes, mais c’est quoi le but du jeu, finalement ? Arc Raiders repose sur un mode unique, articulé autour de sessions d’environ 30 minutes, que l’on peut lancer en solo ou à trois. Le principe est simple : remonter à la surface, explorer, récupérer du loot, et réussir à s’extraire avant la fin du temps imparti. Ce butin peut ensuite être dépensé pour améliorer ses conditions de survie lors des prochaines expéditions — meilleures armes, plus de soins, équipement plus robuste, etc. On peut également l’utiliser pour améliorer sa planque, débloquer de nouveaux ateliers et fabriquer du matériel de plus grande rareté. Bref, un cycle simple.

Arc Raiders se revendique comme un extraction shooter, à l’instar de Escape from Tarkov, Marathon, Delta Force ou DMZ — une étiquette pratique pour s’attaquer à ce marché. Mais derrière ce positionnement stratégique, on sent une ambition bien plus grande. Le jeu aurait pu être tout autre chose, et quelque part, il tend déjà à le devenir. Sous ses airs de jeu de survie compétitif, il cache une véritable vision de gameplay, plus ouverte, plus imprévisible, organique.
Et cette approche se ressent jusque dans le sound design, sans doute l’un des aspects les plus impressionnants du jeu. La spatialisation sonore n’est pas un simple effet technique : c’est un élément à part entière du gameplay. Dans Arc Raiders, chaque bruit compte.
Les ARC — qu’il s’agisse des guêpes, des frelons, des guetteurs, des araignées sauteuses ou encore de la Reine — possèdent tous leur signature sonore unique, immédiatement reconnaissable pour qui apprend à les écouter.

Pour renforcer cette immersion, le jeu n’utilise pas de hit markers. Pas de petite icône rassurante pour confirmer qu’un tir a touché sa cible (ARC ou Raiders), pas de flash rouge qui valide un kill : ici, tout passe par le ressenti.
La narration et l’univers : un sans-faute
La narration est bien présente, et en dehors du cycle classique de loot et d’extraction, Arc Raiders tisse une histoire réellement convaincante à travers nos différentes expéditions. Au fil des parties, on débloque les premières strates du récit, avec des quêtes qui viennent enrichir notre compréhension du Rust Bell.
Lors des missions, on est régulièrement envoyé ici et là par les différents protagonistes de Speranza, non seulement pour récupérer du butin, mais aussi pour en apprendre davantage sur la situation et l’histoire globale. Cet aspect narratif prend une place importante dans le jeu, et se retrouve un peu partout : dans les dialogues, les lieux, les messages radio ou les ruines qu’on explore. Le tout est porté par une bande son addictive, qui parvient à rendre presque nostalgique dès la première écoute.

Un univers en expansion
La roadmap annoncée par le studio est gigantesque, et on sent que les développeurs veulent nous offrir un aperçu d’un univers bien plus vaste. Par exemple, sur la carte Blue Gate, on pensait avoir déjà affronté la plus grosse créature mécanique du jeu, à savoir la Reine… jusqu’à ce qu’au loin, deux colosses apparaissent, d’une échelle encore supérieure – surement des Barons ou des empereurs. De quoi laisser imaginer que, plus tard, il faudra les affronter dans des missions d’envergure, sans doute bien au-delà du simple solo ou trio.
La synergie entre narration et communauté commence déjà à se dessiner : la prochaine zone, Stella Montis, visible depuis les menus (et disponible dès novembre), semble d’ailleurs faire partie de ce futur contenu narratif déblocable. On sent ici une véritable ambition de devenir un phénomène, à l’image de ce qu’a pu être Fortnite avec ses immenses événements communautaires.

Le contenu est déjà plutôt riche avec des conditions de maps qui évoluent chaque jour, et tout porte à croire qu’il le sera encore davantage si l’on en croit Embark Studios. Le studio a d’ailleurs évoqué une roadmap sur dix ans, de quoi promettre de longues années de grind aux joueurs les plus acharnés.
Et pour encadrer tout ça, Arc Raiders mise sur un système de wipe unique — une approche bien plus souple que celle de ses concurrents. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le terme, un wipe correspond à une remise à zéro complète de la progression des joueurs : niveaux, équipement, inventaire, tout repart de zéro, souvent à chaque nouvelle saison. Car oui, à force d’accumuler du matériel et de l’expérience, la courbe de difficulté finit naturellement par baisser au fil du temps, rendant chaque expédition un peu moins périlleuse. Il faut donc un moyen intelligent de relancer la progression, sans pour autant punir les joueurs qui n’ont pas le temps de grinder en continu.
Là où la plupart des jeux du genre, comme Escape from Tarkov, imposent un reset complet à intervalles fixes, Embark Studios a choisi une voie différente : le Projet Expédition.

Ce système repose sur un principe simple : le wipe devient un choix, pas une contrainte. Une fois le niveau 20 atteint, le joueur débloque un cycle de huit semaines de progression dans lequel il peut choisir de dépenser des ressources pour préparer son expédition. À la fin de ce cycle, une fenêtre d’expédition s’ouvre, laissant la possibilité — mais non l’obligation — de réinitialiser sa progression pour repartir dans une nouvelle boucle avec des récompenses exclusives. Les joueurs occasionnels peuvent progresser tranquillement, sans craindre une remise à zéro forcée, tandis que les plus acharnés ont une vraie raison de repartir à zéro pour gagner des récompenses rares.
Le verdict
On a aimé
- Un gameplay qui force la contemplation, sans jamais tomber dans l’ennui
- Son PvE/PvP parfaitement dosé
- Un univers addictif
On a moins aimé
- Le netcode est encore aux fraises, clairement à peaufiner
- Trouver ses raccourcis clavier sur PC demande un peu de temps
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