Ce sont des centaines de milliers d’internautes qui se sont sentis orphelins lorsque, dans des conditions très étranges, DivX a annoncé qu’il mettait un terme à son service de vidéo en ligne Stage6. Il n’était pas très connu derrière les monstres médiatiques que sont Dailymotion et YouTube, mais Stage6 avait attiré à lui une communauté soudée d’amateurs de vidéos de qualité, séduits par la fluidité et la finesse du streaming que permettait la technologie DivX. C’est donc avec un mélange d’angoisse et d’excitation que nous nous sommes lancés dans le test de Vreel, la première plateforme vidéo à reprendre la technologie DivX sur les cendres de Stage6.
Sans regret. La magie opère toujours. En deux mots : « qualité époustouflante ». L’internaute qui est habitué à fréquenter YouTube et Dailymotion et qui ne s’égare jamais vers les contrées en haute-définition de Veoh ou Vimeo sera soufflé par la qualité du streaming offert par le DivX. Loin de se contenter de petites vidéos de quelques centaines de pixels de large, compressées le plus possible pour détériorer leur aspect original, Vreel propose de regarder en streaming de vidéos de qualité quasi parfaite, jusqu’au Full HD (1080 lignes de hauteur).
Comme tout site de partage de vidéos, Vreel permet à tous les internautes inscrits d’envoyer des vidéos dans n’importe quel format. Elles sont alors converties en DivX avant d’être visibles par tout le monde. D’après nos observations, sur la première bêta privée, aucun filtrage n’est appliqué. On trouve pour le moment sur Vreel des épisodes entiers de séries TV qui peuvent être téléchargés en un clic au format Divx (.avi), lisible sur n’importe quel lecteur compatible. Une situation qui devrait rapidement lui attirer les foudres de l’industrie du cinéma si le succès est au rendez-vous.
Par ailleurs, l’interface toute de noir vêtue de Vreel s’inspire de Stage6, avec des fonctionnalités classiques sur ce type de services. Les vidéos sont classées en rubriques (Comédie, Films, Musique, Animation, Sports…) ou par popularité. Toutes peuvent être commentées, notées, et sont enrichies d’une description. En revanche, pour le moment, il n’est pas possible de les tagger ni de les exporter sur un blog par une fonction d’embbed qui risque de manquer cruellement.
Enfin DivX oblige, il est nécessaire d’installer d’abord le plugin DivX Player disponible sur le site officiel de l’éditeur, pour Windows et Mac. Une procédure très simple mais qui risque tout de même de rebuter une partie du publique, habituée à l’immédiateté du Flash. Cette petite contrainte technique permet cependant de profiter de l’excellence du codec et de son player, qui permet de contrôler avec finesse la vidéo (pause, retour en arrière, en avant, …), et qui a l’avantage de profiter de l’accélération matérielle des cartes graphiques pour économiser du processeur. On notera à propos que les vidéos sont diffusées pour être regardées en plein écran, le mode « fenêtré » au coeur des pages ayant l’inconvénient de provoquer quelques effets d’escalier dûs à la réduction d’échelle. En revanche, pendant la lecture au coeur des pages, le lecteur DivX a le bon goût de recouvrir d’un voile noir tout le reste de la page, ce qui offre un confort de lecture inédit.
En bref, Vreel tient toutes ses promesses et devrait attirer à lui une grande partie de la communauté Stage6. Reste à voir si les serveurs tiendront la charge, et si à terme le modèle économique du site lui permettra de survivre longtemps…
Interview : Eoin, fondateur de Vreel
Numerama : Bonjour Eoin. Pouvez-vous nous dire qui se cache derrière Vreel, et comment vous est venu l’idée de créer le site ?
Eoin : Vreel était au départ un projet personnel, que j’avais appelé DivXit. Mon intention première était d’intégrer le player web DivX et le convertisseur dans le système de gestion de contenus open-source Joomla, pour pallier modestement à la mort de Stage6. Et à partir de là, les choses ont pris une ampleur qui m’a dépassée. Ca fait deux mois maintenant que j’ai changé de « DivXit » à « Vreel », et ça n’est vraiment plus un simple projet d’une seule personne.
Plutôt que de se la jouer solo, il y a plusieurs développeurs, des graphistes, des modérateurs et une équipe de direction. Et en plus, nous avons obtenu énormément de soutien de la part de notre CDN et de notre hébergeur, Limelight Networks (la société qui a en charge la gestion de la bande passante, ndlr).
Le but de Vreel aujourd’hui est de développer et de maintenir notre propre portail de vidéos haute-définition, pour donner à nos utilisateurs l’accès à des vidéos sans limite de durée, et sans résolution imposée. Le moins de limitations possibles.
N : Quels sont les principaux avantages de la technologie DivX par rapport aux autres sites de vidéos en haute-définition basés sur le Flash, comme Vimeo ou Veoh ?
E : La liste est quasiment sans fin. La première et celle qui se remarque le plus d’emblée, c’est la performance générale. Les grandes vidéos en Flash peuvent faire tousser mêmes les machines les plus puissantes. Avec la technologie DivX, tout un film HD-DVD peut être streamé avec très peu de sollicitation.
Un autre point important est le support matériel. Beaucoup de lecteurs Blu-Ray et DVD sont DivX-ready, ce qui veut dire que vous pouvez télécharger une vidéo directement depuis Vreel, la graver sur un CD sans avoir d’encodage ou de conversion à faire, et la regarder sur votre TV, votre Home Cinema, ou n’importe quel équipement que vous avez.
Je pourrais allonger la liste, mais pensez-y de cette façon. Le Flash a été pensé pour gérer tout à la fois, sans média spécifique, sans format spécifique. DivX a créé son codec et son player web spécifiquement pour la vidéo haute-définition, et c’est tout.
N : Justement, quelles sont vos relations avec la société DivX ? Avez-vous un accord de licence avec elle pour exploiter leur technologie ?
E : C’est une question qu’on me pose souvent :-) La première fois que DivX est entré en contact avec moi, c’était par rapport au nom de domaine « DivXit.net ». Il étaient plutôt mécontents, et ça se comprend. C’est décevant, mais ça a été le tout premier contact que j’ai jamais eu avec DivX, même si j’avais envoyé plusieurs mails avant ça. Donc répondre à cette menace judiciaire m’a donné la première occasion d’expliquer mes intentions derrière DivXit/Vreel.
J’ai parlé à leur conseiller juridique pendant deux jours après ça, et finalement j’ai pu tout leur expliquer complètement, et j’ai attendu leur autorisation.
Heureusement, DivX a été plutôt sympa sur toute l’affaire, jusqu’au point de me souhaiter bonne chance avec le projet. Et donc, avec la terreur d’être déraillé avant de nous mettre dans le wagon derrière eux, j’ai commencé à rechercher la meilleure équipe possible, et c’est là où nous en sommes.
Il faut que je précise que Vreel n’a aucune main mise commerciale sur le lecteur et le codec DivX, qui sont les propriétés de DivX, et de DivX seulement. DivX nous a donné la permission d’utiliser leur codec et leur player web dans l’environnement vidéo de Vreel, ce qui nous permet de créer une plateforme viable pour la vidéo haute-définition, tout en incorporant nos propres fonctionnalités autour de la base.
N : Vous dites « viable »… mais quel est le modèle économique de Vreel ?
E : Malheureusement, c’est une question à laquelle je ne peux pas encore répondre ;-)
N : Comment comptez-vous gérer les problèmes de droit d’auteur ? Est-ce qu’il est techniquement possible d’ajouter un filtre pour éviter les vidéos piratées, et est-ce que vous le feriez si un studio vous le demandait ?
E : La protection du droit d’auteur est un sujet délicat pour nous… On a bien sûr l’intention de respecter les règles internationales en matière de droit d’auteur dans Vreel, mais on ne veut pas non plus faire comme YouTube, en supprimant tout ce qui est en ligne de mire sans notification sérieuse, comme dans cette affaire-là (Eoin cite le cas d’un adolescent de 15 ans qui a demandé à YouTube de retirer des vidéos en se faisant passer pour la télévision australienne, et en pointant des vidéos de la chaîne ABC dont elle n’a pas les droits. YouTube s’était exécuté sans chercher à vérifier, ndlr).
Nous n’avons pas été approchés par le moindre studio, artiste ou n’importe qui lié avec une major. C’est un pont qu’il nous faudra franchir lorsque nous y serons :-)
N : D’un point de vue technique, quelle est la bande passante et la capacité de stockage que vous prévoyez d’avoir pour le lancement du site ?
E : C’est là que LimeLight Networks rentre en jeu. Notre capacité de bande passante actuelle est de 1,8 Térabits par seconde, ce qui sera augmenté à 11 TB/s dans le courant du mois prochain.
Concernant le stockage, nous avons actuellement 60 Téra-octets, et ça peut être augmenté à des niveaux phénoménaux.
Pour le moment nous préparons nos serveurs backbone pour la Beta Publique, nous pourrions avoir toute la bande passante et la capacité de stockage du monde, ça ne changera rien si le datacenter DC1 de The Planet prend encore feu.
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