Le site anglophone spécialisé Games Industry a enquêté sur les conditions de travail chez Twitch. Des employés du leader du streaming partagent un constat glaçant : le harcèlement et les insultes contre les employés seraient monnaie courante, les discriminations tolérées, et les services des ressources humaines ne feraient pas grand chose pour y remédier.

La liste des accusations est longue, et la colère des employés tout aussi impressionnante. Le 8 octobre 2020, le site spécialisé Games Industry a publié une enquête édifiante sur les pratiques managériales et les abus tolérés pendant des années par la direction de Twitch. Vous pouvez retrouver l’article, très long et fouillé, ici, en anglais.

Misogynie, racisme, transphobie : de nombreux salariés et anciens salariés se sont longuement confiés au journal, et ont raconté leurs expériences au sein du leader des services de streaming.

Des agressions sexuelles et des insultes courantes

Parmi les faits les plus récurrents, la misogynie tient une place de choix. Plusieurs personnes rapportent ainsi que les vidéastes féminines étaient régulièrement appelées les « boob streamers » par des hommes, et qu’ils avaient de « très mauvaises opinions sur elles ». Mais les streameuses n’étaient pas les seuls à être dénigrées : ce genre de discrimination arrivait également au sein de l’entreprise. Games Industry explique ainsi avoir entendu de la bouche de plusieurs témoins l’histoire d’une employée, insultée par un de ses collègues qui lui aurait aussi craché dessus. D’autres encore racontent que les agressions sexuelles étaient courantes dans les locaux, telles que les mains aux fesses, ou les baisers forcés.

Le nouveau logo de Twitch // Source : Twitch

Le nouveau logo de Twitch

Source : Twitch

Ce ne sont pas les seuls faits très graves relatés dans l’article. Les propos racistes envers des employés d’origine d’Asiatique auraient été tolérés. L’enquête mentionne aussi qu’un groupe de salarié aurait dû se battre pendant près d’un an pour que « n-word », un terme raciste, figure dans la liste des mots interdits lors des streams. L’histoire d’un employé qui, frustré de ne plus pouvoir boire de l’alcool lors d’une soirée organisée par l’entreprise, aurait entrepris de déféquer et d’étaler ses déjections sur les murs, est également un traumatisme raconté par les salariés. Une ancienne RH a confirmé au journaliste que l’employé en question n’aurait pas été licencié.

Une bande d’employés « intouchables »

Les services des ressources humaines sont également souvent pointés du doigt, de même que le statut de certains employés de Twitch, décrits comme « intouchables ». « Tout un groupe de personnes était connu pour faire partie des anciens, et ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient », explique une personne ayant témoigné. Un comportement qui n’est pas sans rappeler celui de certains membres du service « édito » d’Ubisoft, accusés de harcèlement sexiste et sexuel.

Enfin, la modération des streamers stars est décrite comme un problème par plusieurs témoins. « Les partenaires Twitch étaient mieux traités que les autres », résume l’article. Les créateurs les plus prestigieux pouvaient ainsi se permettre beaucoup plus de choses que les vidéastes lambdas. Un témoin se souvient de discussions lors desquelles ses responsables refusaient de bannir les streamers les plus connus, par peur de les voir partir vers une autre plateforme. Certains vidéastes privilégiés étaient facilement « pardonnés » et pouvaient rapidement revenir sur la plateforme, même après avoir proféré des insultes racistes.

Ces derniers mois, Twitch avait pourtant affiché sa volonté de prendre les choses en main. « Nous prenons les accusations de harcèlement sexuel et de mauvais comportement très sérieusement », tweetait ainsi la plateforme en juin, à propos de plusieurs streamers, mis en cause par des témoignages. Et, en effet, les ban s’étaient multipliés peu après cette annonce.  Le compte du streamer américain DrDisrespect, l’un des plus suivis sur Twitch, avait ainsi était supprimé du jour au lendemain. Le français MoMaN, qui avait demandé à une joueuse si elle « voulait sucer sa bite », n’avait lui reçu aucune sanction.

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