Facebook annonce qu’il est maintenant interdit de nier l’existence de l’Holocauste sur sa plateforme. Cette nouvelle règle s’applique dans le monde entier et pas uniquement dans les pays dotés d’une législation ad hoc.

C’est Mark Zuckerberg qui s’est chargé de l’annoncer en personne, le 12 octobre, sur son fil d’actualité. Désormais, tous les messages négationnistes qui sont publiés sur Facebook feront l’objet d’une suppression systématique, partout dans le monde, y compris donc dans les pays qui n’ont pas une législation spécifique en la matière. Les règles du réseau social ont été actualisées pour refléter ce changement.

Le fondateur du site communautaire explique que ce revirement dans la politique du site a été décidé après avoir observé « une augmentation de la violence antisémite » et par souci de cohérence avec la modération des discours de haine, qui incluent les appels ou l’éloge des meurtres de masse. Ces messages étaient déjà supprimés sur la plateforme, mais pas le négationnisme en tant que tel.

Évolution de Mark Zuckerberg

Cette annonce constitue une évolution personnelle de Mark Zuckerberg, qui en la matière défendait une liberté d’expression plus étendue, mais utilisée pour nier la réalité historique et les preuves qui en attestent. Il y a deux ans, l’Américain de 36 ans s’était d’ailleurs trouvé au cœur d’une controverse sur ce sujet, car il jugeait qu’il ne fait pas modérer les messages faux tenus « sincèrement », publications négationnistes incluses.

Aujourd’hui, le milliardaire a changé d’avis. « Ma propre réflexion a évolué », admet-il. « J’ai lutté contre la tension entre la défense de la liberté d’expression et le préjudice causé par la minimisation ou la négation de l’horreur de l’Holocauste ». « Il n’est pas facile de tracer les bonnes lignes entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, mais dans l’état actuel du monde, je pense que c’est le bon équilibre ».

Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, ouvert au cœur de Berlin en 2005.

Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, ouvert au cœur de Berlin en 2005.

Source : Deror avi

Un message plus officiel de Facebook, qui se fait l’écho de cette nouvelle, cite ainsi le résultat d’un sondage montrant l’ignorance croissante chez les classes d’âge les plus jeunes de la réalité de l’extermination systématique des Juifs et d’autres groupes de personnes (comme les tsiganes, les homosexuels et les handicapés) pendant la Seconde Guerre mondiale.

« Notre décision est soutenue par la montée bien documentée de l’antisémitisme dans le monde et le niveau alarmant d’ignorance sur l’Holocauste, en particulier chez les jeunes. Selon une enquête récente menée auprès d’adultes américains âgés de 18 à 39 ans, près d’un quart d’entre eux ont déclaré qu’ils croyaient que l’Holocauste était un mythe, qu’il avait été exagéré ou qu’ils n’en étaient pas sûrs », détaille le site.

Des propos déjà interdits en Europe

En France, cette modification de la politique interne de Facebook ne changera pas grand-chose, dans la mesure où Facebook se conforme déjà à la législation hexagonale. La loi Gayssot votée en 1990 réprime en effet tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. Plus spécifiquement, elle punit la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité, dont l’holocauste.

Facebook est d’ailleurs parfois saisi par les autorités françaises pour restreindre l’accès ou faire retirer des contenus de ce type, et le site s’exécute.

Ailleurs eu Europe, c’est aussi le cas de nombreux autres pays, qui ont eu à connaître la déportation ou qui étaient de fait proches géographiquement de ce massacre. C’est le cas de l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Hongrie, la Lituanie, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal, République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et la Suisse. Israël, pour des raisons évidentes, réprime ces messages.


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