Alors qu’Ubisoft avait promis plus de diversité au sein de ses équipes et pour les nouveaux recrutements, son PDG, Yves Guillemot, a expliqué lors d’une conférence de presse que les futures embauches se feraient surtout en interne. Cela bloquera-t-il ses ambitions de renouvellement profond des profils des personnes aux postes de pouvoir ?

Dès les premières phrases, Yves Guillemot tente de rassurer : « La grande majorité des employés d’Ubisoft se comportent de manière respectueuse ». La conférence organisée pour l’annonce des résultats du premier trimestre d’Ubisoft, qui s’est tenue ce 22 juillet 2020, censée se concentrer sur la partie financière, a cette année pris un tour très politique.

Les journalistes ont notamment évoqué les problèmes de harcèlement et d’agressions sexuelles au sein de l’entreprise, révélée par les enquêtes de Numerama et de Libération.

Des recrutements, mais en interne

Plusieurs questions sont venues titiller le haut dirigeant d’Ubisoft. La première portait sur la continuité éditoriale des jeux depuis le départ de Serge Hascoët, l’ex-directeur créatif décrit comme le cerveau derrière de nombreux jeux, et sur ses potentiels remplaçants. Réponse d’Yves Guillemot : « Nous allons continuer à recruter, dans nos studios, aussi à l’extérieur, mais principalement au sein de nos studios. Des gens qui ont déjà travaillé sur plusieurs jeux, et qui auront déjà les savoir-faire pour guider nos équipes. En ce moment, je pense que nous avons une bonne équipe pour assurer un suivi des jeux, et je sais que nous allons réussir à recruter, parmi nos équipes, les personnes qui vont réussir à aider et inspirer nos équipes.»

Le « renouvellement » semble ainsi très relatif. Ubisoft compte 18 000 salariés, dont seulement 22 % de femmes. Les personnes racisées y sont également rares.

La parution d’une annonce pour un poste de vice-président au sein de l’édito, il y a quelques jours, laissait pourtant entrevoir la possibilité d’un vrai changement, avec l’arrivée de nouvelles personnes, extérieures à Ubisoft et qui auraient permis de changer la culture de l’entreprise. Dans une vidéo envoyée à ses employés, dont Numerama a pu avoir accès au contenu, Yves Guillemot avait aussi exprimé son envie de « diversité », et avait précisé qu’Ubisoft accepterait les candidatures internes et externes, sans préférence.

Avec des recrutements principalement faits en interne, une expérience demandée de 15 ans et la maîtrise de l’anglais obligatoire, pas sûr que les profils issus de « catégories sous représentées », comme le disait Yves Guillemot dans la vidéo, soient sélectionnés.

« Je n’ai jamais compromis mes valeurs »

L’autre question qui secoue la conférence est posée à Yves Guillemot, personnellement. Au cours de l’appel aux journalistes, l’un d’entre eux a asséné : « En tant de PDG et fondateur d’Ubisoft, au vu de ce qu’il s’est passé récemment, il n’y a que trois options : ou bien vous n’étiez pas au courant, ou bien vous n’étiez pas assez au courant et auriez dû poser plus de questions, ou bien, vous saviez. Quelle est votre responsabilité en tant que PDG ? ».

« Il est maintenant évident que certaines personnes ont trahi ma confiance »

Sans nommer directement de fautifs, Yves Guillemot parvient néanmoins à détourner la faute, et explique avoir pris des « décisions difficiles » à chaque fois que la direction avait été mise au courant de « comportements répréhensibles », sans donner plus de détails sur les décisions en question. « Il est maintenant évident que certaines personnes ont trahi ma confiance, et n’ont pas été à la hauteur des valeurs d’Ubisoft. Je n’ai jamais compromis mes valeurs et mon éthique, et je ne le ferai jamais ». Allusion directe à Serge Hascoët ? Yves Guillemot n’en dira pas plus sur le sujet. Il précise néanmoins qu’il continuera à diriger Ubisoft et à « faire face aux futurs challenges ».

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