« Démissions ! Attaquons le mal à la racine », scande l’affiche du syndicat Solidaires Informatique, dont la section Ubisoft Paris s’est créée au printemps 2020. Deux personnes sont visées par cette publication mise en ligne le 11 juillet : Serge Hascoët, le directeur créatif d’Ubisoft et Cécile C., DRH Monde.
Tous deux sont mentionnés dans un nouvel article de Libération, qui publie ce jour même une suite de sa première grande enquête du 1er juillet 2020. On peut y lire notamment de nouvelles accusations de salariés et anciens salariés à l’encontre du numéro 2 d’Ubisoft, Serge Hascoët, l’un des 5 membres de l’équipe dirigeante présentée sur le site officiel d’Ubisoft.
Les accusations se multiplient
Dans une enquête en deux parties, Numerama a également longuement rapporté les agissements de celui qui est vu comme « un Dieu » au sein d’Ubisoft, d’après nos témoins, qui a « droit de vie ou de mort sur les projets et les carrières ». Plusieurs employés et ex-employés l’ont décrit comme un homme très puissant qui aurait fermé les yeux et protégé plusieurs de ses bras droits, qui sont accusés aujourd’hui de sexisme, harcèlement sexuel et tentatives d’agressions sexuelles. Beaucoup assurent que par son comportement « toxique », il aurait également grandement contribué à maintenir une ambiance malsaine où les femmes ne sont pas assez bien protégées. Certains témoignages, recueillis par Numerama et Libération, font état de paroles extrêmement violentes à l’égard des femmes, mais aussi de remarques homophobes et comportements non-professionnels.
Le directeur créatif d’Ubisoft est si respecté et admiré dans le milieu du jeu vidéo depuis des décennies que peu de nos sources, employés et ex-employés, croient en la possibilité qu’il soit écarté de l’entreprise. Néanmoins, la prise de conscience au siège parisien semble avoir été forte ; comme le rapporte Libération, le PDG Yves Guillemot aurait désormais tenu à prendre connaissance de tous les dossiers de témoins et victimes qui remontent aujourd’hui aux RH, après la mise en place par Ubisoft d’une plateforme de signalement. Selon nos informations, au moins l’un des hommes mis en cause par une des témoins mentionnée dans notre enquête fait désormais l’objet d’une enquête interne.
Certaines mesures ont également été annoncées publiquement, comme la création de postes de « Head of Workplace Culture » et de « Responsable Diversité et Inclusion » — ce dernier n’a pas encore été pourvu. Mais l’objectif semble être de communiquer le moins possible, et de régler les problèmes, loin des regards extérieurs de l’industrie et des médias.
Il faut dire que depuis la parution des enquêtes de Libération et Numerama, de nombreux employés et ex-employés prennent la parole au sein de l’entreprise, que ce soit via l’outil de communication interne Mana, l’adresse mail mise en place par Ubisoft ou en témoignant auprès du syndicat Solidaires Informatique. Ces dizaines de récits, que nous avons pu consulter, font état d’un même sentiment d’impuissance face à un « mur de RH », qui a, à de multiples reprises, préféré fermer les yeux sur des témoignages de femmes plutôt que de mener des enquêtes et d’agir pour les protéger. Et a, de facto, contribué à protéger des hommes, même lorsqu’ils étaient accusés par plusieurs témoins ou victimes présumées.
Depuis ces derniers jours, Numerama reçoit encore de nombreux témoignages qui continuent de montrer l’ampleur mondiale de ce problème interne à Ubisoft, tout au long de la dernière décennie.
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