De nombreux témoignages de harcèlement et de sexisme au sein d’Ubisoft continuent de sortir. Plus certaines personnes, c’est toute la culture de l’entreprise qui est pointée du doigt. Yves Guillemot, le PDG du groupe, a officiellement pris la parole après une première enquête publiée par Libération.

Une semaine après les premières révélations de harcèlement sexuel et de sexisme chez Ubisoft sur Twitter, Libération revient à la charge. Le journal a dédié sa une du 1er juillet et une longue enquête aux dysfonctionnements au sein du siège de l’entreprise. L’article détaille notamment un système où le service des RH aurait soutenu la direction plutôt que les femmes venant se plaindre du mauvais comportement de certains hommes très hauts-placés.

L’entreprise sent la pression monter. Alors qu’Ubisoft s’était simplement excusé après les révélations de la semaine dernière, avant de mettre à pied Tommy François et Maxime Béland, deux vice-présidents cités dans ces histoires, Yves Guillemot n’avait pas encore officiellement pris la parole, à part en interne, comme Numerama avait pu le vérifier. C’est désormais chose faite.

De nouveaux postes créés

Dans un long message adressé aux employés, publié ensuite sous forme de communiqué en anglais, le PDG du groupe explique le 2 juillet vouloir faire « changer les choses en profondeur, à tous les niveaux de l’entreprises, très rapidement ». Première grande annonce : la révision de la composition du département « édito », très puissant et siège de nombreux abus rapportés par l’enquête de Libération. « Il faut responsabiliser davantage nos managers sur ces sujets », continue Yves Guillemot, « ce que nous voulons mettre en œuvre est un changement structurel au sein d’Ubisoft ».

Un changement qui passerait d’abord par la « nomination d’un Head of Workplace Culture », qui sera en charge de « proposer des changements d’ampleur dont nous bénéficierons tous ». Lidwine Sauer, qui a été nommée à ce poste, aura également pour responsabilité de créer un « groupe de travail multidisciplinaire, international et diversifié au sein d’Ubisoft ». Pour l’instant Ubisoft n’a pas encore donné plus de détails sur les objectifs de ce groupe de travail, ni sur sa composition.

Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft // Source : Wikimedia Commons

Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft

Source : Wikimedia Commons

Un autre poste sera également créé, celui de « Responsable Diversité et Inclusion ». Son rôle et ces capacité d’actions n’ont pas encore été précisés, mais la lettre aux employés explique que la personne sera « directement sous la supervision d’Yves Guillemot », qui « s’engage à améliorer la diversité à travers toute l’organisation ».

« Nous avons beaucoup à accomplir »

De groupes d’écoutes vont également être mis en place sur les sites du groupes, a annoncé Yves Guillemot dans sa lettre. Ils seront organisés par des « facilitateurs externes » et non par les services des RH. Un questionnaire sera envoyé à tous les employés qui voudraient s’exprimer sur le sujet, et un système d’alerte interne va être mis en place, qui « garantira la confidentialité et l’anonymat ».

Enfin, Ubisoft a également lancé une « série d’enquêtes » avec l’aide de consultants extérieurs. « Si d’autres allégations ou signalements sont portés à notre attention, nous mènerons également des enquêtes approfondies ». « Nous avons beaucoup à accomplir, et je suis déterminé à mener à bien ce changement », conclut Yves Guillemot. Et il reste encore beaucoup à faire.

Pour beaucoup, en interne, ces annonces sont d’ailleurs accueillies en demi-teinte. Selon nos informations, beaucoup d’employés attendraient bien plus, et craignent qu’il ne s’agisse que d’un « exercice de communication externe » visant à apaiser les tensions.

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