Alors que Google vient juste de verser 10 millions d’euros à des plaignants qui l’attaquaient pour discrimination en raison de l’âge, voici que l’entreprise est accusée de discriminer une femme enceinte. Une employée a écrit et transmis en interne un mémo dans lequel elle raconte son harcèlement par ses managers, a rapporté Motherboard ce lundi 5 août.
Un signalement inefficace aux ressources humaines
Le mémo s’intitule « Je ne retournerai pas chez Google après mon congé maternité, voici pourquoi ». Il a été écrit par une salariée du géant, qui estime qu’elle a été victime de harcèlement en raison de sa grossesse.
Elle accuse son manager d’avoir multiplié les remarques déplacées sur sa grossesse. L’employée — elle-même manager d’une petite équipe — a alerté les ressources humaines du mauvais traitement qu’elle subissait. Elle aurait fait l’objet de représailles après ce signalement. « On m’a dit de ne pas m’inquiéter car des mesures importantes étaient en place chez Google pour éviter ceci. [Mais] presque immédiatement après cette discussion, l’attitude de mon manager envers moi a changé, et drastiquement », détaille-t-elle. Elle explique que durant des mois, il lui a envoyé des chats et emails virulents, a mis fin à certains de ses projets, l’a ignorée et l’a humiliée devant d’autres employés.
L’auteure du mémo a pu rejoindre ensuite une nouvelle équipe mais on lui a interdit de poursuivre son activité de manager tant que sa grossesse n’était pas arrivée à terme. On lui a indiqué que cette décision était liée à son congé maternité : cela pourrait « stresser les équipes » si elle « quittait le navire », écrit-elle. Lorsqu’elle a connu des complications qui pouvaient mettre en danger la vie de son enfant, elle a demandé à partir en congé maternité un peu plus tôt que prévu. Sa nouvelle cheffe lui a alors rétorqué « qu’elle venait d’écouter une émission de radio qui expliquait que le fait de rester au lit lorsqu’on était enceinte n’arrangeait pas la situation ». Elle lui a indiqué qu’elle, avait refusé de partir en congé maternité plus tôt contrairement à l’avis de son médecin et qu’elle avait pu accoucher sans problème par césarienne.
Pour finir, on lui a fait savoir qu’à son retour de congé maternité, son poste ne serait peut-être plus garanti et qu’elle devrait passer des entretiens pour un autre emploi chez Google.
Les prises de parole se multiplient chez Google
Aux États-Unis, un congé maternité peut durer 12 semaines soit 3 mois (contre 16 semaines en France). Les femmes ne perçoivent alors aucun salaire. Les conditions sont un peu différentes chez Google. D’après des informations publiées sur Glassdoor, Google offrirait entre 18 et 22 semaines de congé maternité à ses employées, rémunérées. Les pères et parents adoptifs pourraient obtenir 7 semaines de congés payés et tout le monde recevrait une prime à la naissance.
Le mémo est devenu « viral » et a été lu par plus de 10 000 employés selon Motherboard. Plusieurs ont publié sur les messageries internes des mèmes en soutien à l’auteure du mémo, qui ont été likés des milliers de fois. La personne concernée a expliqué qu’elle espérait « que cela change la manière dont Google gère les cas de discrimination et harcèlement. »
Google a répondu via un communiqué que ses politiques en matière de harcèlement étaient très claires et qu’aucune affaire n’était « laissée de côté ». Il n’a pas réagi sur le cas précis.
Fin 2018, Google a été pointé du doigt pour des faits de harcèlement en interne. Il s’agissait principalement de harcèlement sexuel. Les employés et employées estimaient que l’entreprise n’avait pas agi comme elle aurait du le faire dans plusieurs cas : elle avait protégé des coupables et n’avait pas pris suffisamment de mesures pour protéger les victimes d’abus. Des manifestations avaient été organisées.
Plus récemment, Google a été accusé d’autres types de discriminations. Une plainte collective a été déposée par des candidats à des postes : ils estimaient avoir été rejetés uniquement à cause de leur âge. La firme a préféré mettre fin à l’action en justice en proposant un accord à l’amiable. Elle a proposé de verser 10 millions d’euros.
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